Depuis plusieurs années, le Pr Fatou Sow Sarr, directrice du laboratoire genre de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN), mène un plaidoyer pour que le 7 mars soit officiellement reconnu comme la journée de la femme sénégalaise. Une date symbolique, en hommage aux Linguères de Nder, ces femmes héroïques qui, en 1820, ont préféré la mort au déshonneur.
Talatay Nder : Un sacrifice gravé dans l’histoire
L’histoire de Talatay Nder (le mardi de Nder) est l’un des épisodes les plus marquants de la résistance féminine en Afrique. À l’époque, le royaume du Walo faisait face aux assauts répétés d’envahisseurs, notamment des Almamy du Fouta et des Maures, qui cherchaient à imposer leur domination. En l’absence des hommes partis en expédition, les Linguères, moulées dans une tradition militaire, ont pris les armes et tenu tête aux assaillants. Mais trahies et encerclées, elles ont préféré s’immoler par le feu plutôt que d’être réduites à l’esclavage ou à la captivité.
Ce geste de bravoure a inspiré la célèbre devise : « On nous tue, on ne nous déshonore pas ». Pour le Pr Fatou Sow Sarr, cette page d’histoire mérite une reconnaissance officielle.
Un plaidoyer pour l’inscription du 7 mars dans le calendrier républicain
Si le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, est célébré à travers le monde depuis 1977, le Pr Fatou Sow Sarr estime qu’au Sénégal, la date du 7 mars doit être consacrée à la réflexion et à la transmission de l’histoire des femmes de Nder, tandis que le 8 mars pourrait être dédié aux festivités.
Elle souligne l’importance de cette démarche pour la revalorisation des figures féminines historiques et la transmission des valeurs de courage et de dignité aux générations actuelles. Son engagement se traduit aussi par des initiatives éducatives, comme la publication de la bande dessinée « Talatay Nder, la véritable histoire de Nder racontée aux enfants », en collaboration avec ONU Femmes.
Un appel à restaurer l’héritage des femmes du Walo
À Dagana, ancienne capitale du Walo, la statue de Ndatte Yalla, dernière reine du royaume, trône fièrement à la place de l’Indépendance, rappelant le rôle central des femmes dans l’histoire sénégalaise. Le Pr Fatou Sow Sarr insiste : « Nos sociétés traditionnelles ont été construites par des femmes. Il est temps de restaurer cette mémoire pour renforcer l’estime de soi des Sénégalaises et leur rôle dans la construction du pays. »
Son combat pour l’inscription du 7 mars comme journée de la femme sénégalaise est donc un appel à la reconnaissance de l’histoire, à l’éducation et à la transmission des valeurs d’honneur et de dignité. Un hommage mérité à ces femmes qui ont marqué l’histoire par leur sacrifice.