Le conflit entre El Hadji Djily Mbaye Lô et l’État du Sénégal concernant son remplacement à la tête du Programme national de développement des Agropoles a pris un nouveau tournant. Lors d’une déclaration vigoureuse ce dimanche 28 juillet 2024 sur emédia, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, a farouchement défendu la décision du gouvernement de démettre Lô de ses fonctions.
Le départ de Lô, remplacé par Aïssatou Diallo à la coordination du projet, avait été marqué par une passation de service tendue. La situation avait nécessité un déploiement musclé de la gendarmerie en raison des protestations de Lô, qui dénonçait ce qu’il considérait comme une décision arbitraire. « J’ai conduit toute la phase de formulation des Agropoles, entre 2018 et 2019, sur appel d’offre compétitive en décembre 2020, » avait-il plaidé.
Cependant, le ministre Diop a souligné des lacunes de performance: « Il n’a pas été performant. On vient d’avoir un audit de la Banque africaine de développement qui met ce projet dans la liste rouge. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, c’est le genre de projet que les banques mettent de côté pour une insuffisance de résultat. »
Les chiffres rapportés par le ministre sont accablants, avec un taux d’exécution de seulement 38% en quatre à cinq ans. « Quand vous formulez quelque chose, on vous nomme une fois, on vous renomme une deuxième fois, après on vous enlève. Quel est le problème, pourquoi vous devez en faire la fin du monde? » a-t-il interrogé.
Le ministre a également mis en avant le profil inadapté de Lô pour ce poste: « M. Lô, c’est un sociologue… Il ne devrait pas diriger des projets aussi complexes au niveau industriel ou au niveau agronome. »
Balayant les justifications de Lô sur des « cas de force majeure » ayant conduit à son éviction, Diop a insisté: « Les performances n’ont pas été bonnes. » Il a rappelé que la Banque africaine de développement avait approuvé le remplacement.
Diop a dénoncé les attaques de Lô envers les plus hautes autorités de l’État: « Un fonctionnaire ne peut pas se comporter de cette façon. S’il a des droits, qu’il aille les réclamer dans un État de droit. »
Un voile de suspicions semble désormais planer sur la gestion du Programme. Diop a révélé « des choses assez inquiétantes » issues d’un audit en cours de la BAD, ajoutant une dimension supplémentaire à cette affaire complexe.