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Akon City : la ville féerique des « smart » dimensions (Par Ablaye Modou Ndiaye)

Annoncé en grande pompe depuis plusieurs mois chez la plèbe sénégalaise, le projet futuriste « Akon City » de la star sénégalo-américaine, Alioune Badara Thiam est désormais porté sur les fonts baptismaux. C’est la date du 1e septembre dernier qui a été finalement retenue pour organiser la cérémonie de lancement de ce projet démesuré. Estampillée par la pose de la première pierre, cette cérémonie de lancement qui s’est déroulée à Mbodiene, à 81 km de Dakar, a été l’occasion pour le héraut de cette « smart city » de faire l’économie de ce projet qui table sur un investissement de 6 milliards de dollars. Le boss de « Konvict » est accompagné dans ce projet par des partenaires techniques et financiers venant d’Europe, d’Amérique et d’Asie. Et cette future ville intelligente devrait être dotée de plusieurs quartiers dont le village de la culture africaine, le quartier des divertissements, le quartier des bureaux et résidences, le quartier santé et sécurité, le quartier technologique, le district de l’éducation, bref le chanteur veut mettre le pied à l’étrier pour doter de cette ville une nuée de technologies d’où son nom « smart city » ou la ville intelligente.
Cependant, pour qu’Akon City puisse être considérée comme intelligente, elle doit être le creuset de six dimensions. Elle doit être « smart economy », une économie compétitive, avec des infrastructures et des télécommunications, un centre de données et des plateformes numériques mais aussi « smart people », un bon capital humain avec une cohésion sociale inclusive et une pro activité de ses citoyens. Elle est également appelée à être « smart governance », une gouvernance participative, avec de la transparence et un engagement citoyen dans les prises de décision non sans oublier qu’elle doit être smart mobility, c’est à dire une mobilité durable et accessible mais aussi des informations en temps réel aux usagers. Le « smart environment » (ressources naturelles) et « le smart living » (qualité de vie) sont en outre des facteurs illustratifs de la smart city. Car la ville doit être dotée de réseaux et services publics intelligents, de bâtiments et logements de qualité et des ressources énergétiques renouvelables ainsi qu’un tourisme attractif et visible.
Toutefois, cette Akon City qui sortira de terre d’ici à 2030 se juche à un niveau féerique qui risque de ne laisser aucune place au prolétariat ou la classe moyenne. Parce que ce modèle vendu par des promoteurs enhardis, se base plus sur l’offre que sur la demande. En fait, c’est un modèle qui semble déconnecté du contexte social et s’inscrit dans le risque de renforcer voire de créer des disparités sociales abyssales. Dans les smarts cities ou le numérique est au pinacle, comment les populations qui ne maîtrisent pas les outils technologiques, se frayeront du chemin pour l’essor de leurs activités ? Est-ce que les promoteurs d’Akon city ont fait un travail consultatif inclusif en amont pour permettre à la classe moyenne, profane à l’outil numérique de pouvoir bénéficier à terme de cette agape ? La smart gouvernance, l’une des six dimensions des smart cities, ne voudrait pas que certains citoyens sénégalais soient exclus des avantages de ce projet.

Ablaye Modou Ndiaye

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