Il se voulait même rassurant hier, en marge de la journée d’étude organisée par son département sur la mise en œuvre de la réforme budgétaire. Selon lui, «les liquidités sont à un niveau acceptable».
D’ailleurs, dit-il, «les banques peuvent donner des crédits qui sont toujours fonctionnels pour les citoyens, contrairement à ce que certains disent». «Il faut arrêter de donner des images stéréotypées et aller vers le concret», déclare le ministre des Finances, qui affirme que «la situation n’est pas aussi affreuse, comme certains tentent de la présenter».
Même le financement des investissements ne sera pas affecté, assure encore Aymane Benabderrahmane. «Justement, on y travaille et tous les départements ministériels sont impliqués. Il n’y a pas que les finances, il y a aussi le commerce et l’industrie qui travaillent pour faciliter l’investissement et surtout favoriser l’investissement productif et créateur d’emplois», souligne le ministre en déclarant qu’«il faut que les gens sachent qu’il y a une nouvelle politique».
A la question sur le recours à l’endettement extérieur, le ministre des Finances, comme le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, exclut de manière catégorique ce type de financement. Cette option mettra, selon lui, à mal les projets de l’Algérie, l’indépendance de sa décision économique.
Mais comment le gouvernement comblera-t-il les déficits qui sont en train de se creuser en raison de la crise économique et de la crise sanitaire de la Covid-19 ? Le ministre a une réponse et tranche d’emblée : «Pour le déficit, nous avons des marges, on va les exploiter.» Appelé à donner plus de détails sur les gisements que l’Exécutif compte explorer pour renflouer les caisses de l’Etat, Aymane Benabderrahmane donne rendez-vous aux journalistes dans une quinzaine de jours pour expliquer la démarche gouvernementale.
Mais le ministre met l’accent d’ores et déjà sur la rationalisation des dépenses publiques pour éviter les déviations et les réévaluations de projets qui ont fortement impacté le budget de l’Etat. «Les réformes financières et bancaires font partie des préoccupations du président de la République, et du gouvernement», indique le ministre, qui parle de la mise en place d’une commission de réformes dont les conclusions sont attendues pour revoir le système financier. «Ce ne sera pas ce monstre qui fait peur aux citoyens, soit pour y mettre leur argent ou demander un crédit», souligne Aymane Benabderrahmane, qui promet des réformes qui vont toucher la gouvernance des banques, en mettant en œuvre leur restructuration.
Des réformes qui porteront, selon lui, aussi bien sur la monétique, comme axe central de la modernisation du secteur bancaire, sa digitalisation et sa numérisation que sur la modernisation de la gestion du budget et de l’impôt. C’est dans cette optique que s’inscrit, en effet, la concrétisation de la loi organique relative aux lois de finances qui entrera en vigueur en 2023 et qui a fait, hier, l’objet d’une journée d’étude organisée par le ministère des Finances.
Le ministre, qui a insisté à ce titre sur la nécessaire élaboration des textes d’application pour la mise en œuvre de ce nouveau cadre budgétaire, demande l’implication de tous et une prise de conscience du défi de sa réalisation. Selon lui, c’est ce cadre qui assurera l’exécution et le suivi de la dépense publique.
Publiée au Journal officiel en septembre 2018, la loi organique relative aux lois de finances permet aussi bien une flexibilité dans la gestion des dépenses publiques que la maîtrise des risques. C’est un gage de transparence, souligne le ministre des Finances, qui met l’accent sur la nécessité de retrouver la confiance du citoyen à travers la rationalisation des budgets, la modernisation des méthodes et des outils budgétaires et la transparence.
En marge de la journée d’étude, Aymane Benabderrahmane a annoncé la prorogation des délais de l’acquisition de la vignette automobile au 15 juillet prochain.