Deux semaines nous séparent de la fête religieuse de l’Aid El Kebir et beaucoup s’interrogent si le rituel sacrificiel de cette fête sera maintenu ou annulé. La commission de la fatwa qui dépend du ministère des Affaires religieuses n’a pas encore tranché la question qui ne relève apparemment pas de son seul ressort.
Le dernier mot revient au président de la, et ce, après concertation avec l’ensemble des concernés, à leur tête la commission scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du coronavirus.
En attendant, des voix se sont élevées, ces derniers jours, pour appeler à l’annulation de cet acte, notamment en cette période caractérisée par une hausse vertigineuse des cas de contaminés par le coronavirus, ajouté à cela le non-respect des mesures barrières par un bon nombre de citoyens.
Toutefois, ces appels n’ont pas été appréciés ni par la très influente association des oulémas présidée par Cheikh Abderazak Guessoum, et encore moins par le Conseil national autonome des imams dirigé par Djamel Ghoul.
M. Guessoum promet une fatwa détaillée qui sera émise ces jours-ci, après consultation du comité scientifique pour informer les Algériens sur le point de vue religieux de cette question.
Le président de l’Association des oulémas s’est prononcé d’ores et déjà en faveur du maintien du rituel, considérant que «le versement du montant du mouton sous forme d’aumône (sadaka) n’a pas la même signification spirituelle que le sacrifice, en souvenir du Prophète Ibraham.»
Il a dans ce sens exprimé son inquiétude quant aux appels lancés pour annuler ce rituel. Pour lui, les adeptes de l’annulation de ce rituel veulent semer la confusion dans la société.
«Il n’existe aucune preuve scientifique sur un quelconque lien de causalité entre le rituel de sacrifice et la propagation de l’épidémie», note M. Guessoum qui renvoie la balle aux autorités leur demandant de faire leur travail qui est d’assurer l’organisation du marché de vente du bétail avec une surveillance rigoureuse en veillant au respect des mesures barrières.
Rappelons que des vétérinaires et des observateurs avertis ont estimé que la gestion de ces marchés de vente du bétail est une affaire impossible à suivre et à assurer au regard de l’anarchie qui règne, les lieux du sacrifice est un autre casse-tête.
«Ces marchés de vente de bétail à ciel ouvert s’ils ne sont pas contrôlés et si les citoyens ne respectent pas la mesure de distanciation et l’hygiène ainsi que le port du masque risquent d’être à l’origine de la multiplication des cas de contamination.
C’est une véritable bombe ces marchés et aussi les lieux de sacrifices», alertent les vétérinaires. Par contre, le président de l’association des oulémas propose l’organisation du rituel dans les quartiers à haute densité populaire pour «éviter d’éventuels dangers» et demande aux services des APC de mettre en place les conditions sanitaires adéquates.
De son côté, le syndicat des imams partage l’avis de l’association et considère «invalide» «insensé» et «sans fondement» l’appel à l’annulation du rituel du sacrifice de l’Aid El Kebir.
«Il n’y aucune preuve scientifique qui démontre que le rituel du sacrifice peut être à l’origine de la propagation du coronavirus», réplique Ghoul à l’adresse du sénateur Benzaim qui a plaidé pour l’annulation de ce rituel qui risque d’être à l’origine de la propagation du virus.
Pour beaucoup, les marchés de vente sont «ingérables» et les lieux de sacrifice «incontrôlables». Entre les pour et les contre, une fatwa s’impose !