La baisse de la demande et la persistance du niveau élevé de contamination à la Covid-19 empêchent les prix du pétrole de sortir du gouffre.
Le prix du Brent en cotation à Londres est encore une fois descendu sous la barre des 40 dollars, en perdant 0,88% par rapport à la clôture de vendredi et s’est affiché hier à 39,48 dollars le baril.
Le White Texas Intermediate a également perdu 0,88% pour se vendre à 37 dollars le baril pour livraison en octobre. Faut-il espérer une reprise rapide ? Les analystes sont pessimistes et s’attendent à plus de volatilité. «Le futur est en train de devenir plus incertain qu’avant…Les taux d’infection sont à nouveau en hausse, des mesures de confinement localisées introduites dans un nombre croissant de pays entravent la croissance économique et le nombre de chômeurs ne parvient pas à diminuer de manière significative», indique l’analyste Tamas Varga de PVM. L’OPEP est tout aussi pessimiste.
A quelques jours de la réunion de son comité de suivi de l’accord de réduction de l’offre de pétrole, l’Organisation livre des pronostics décourageants sur le niveau de la demande mondiale. Pour l’OPEP, la demande mondiale de pétrole pour cette année et pour 2021 demeurera faible.
L’Organisation révise à la baisse le niveau de la demande de 0,4 million de barils par jour par rapport à ses prévisions du mois d’août dernier. Dans son rapport mensuel sur le marché pétrolier, l’Opep estime que la demande devrait reculer plus fortement cette année de 9,5 mb/j et atteindra un niveau global de 90,2 mb/j, et ce, à cause à la fois de la crise sanitaire et de la crise économique qui en découle.
La faiblesse de l’activité du transport, notamment le trafic aérien, est un des signes de la baisse de la demande. «Les risques élevés et orientés à la baisse, particulièrement en ce qui concerne l’évolution des cas d’infection à la Covid-19, ainsi que de potentiels traitements», précise le rapport de l’OPEP.
Cette dernière relève que jusqu’à présent, la demande en Inde, en Indonésie, en Thaïlande et aux Philippines a été bien moins solide que ce qui était attendu. Une situation qui en Asie devrait se poursuivre jusqu’au premier semestre de l’année 2021, selon l’OPEP. Le cartel revoit ainsi ses prévisions à la baisse pour la demande en 2021 de moins 0,4 mb/j. «Cette demande doit ainsi rebondir de seulement 6,6 mb/j en 2021 pour s’établir à 96,9 mb/j.»
L’OPEP et ses alliés se sont engagés, pour rappel, à réduire leur production afin de soutenir les prix. Il se trouve toutefois que certains de ses membres, parmi les plus influents, comme l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, n’ont pas respecté l’engagement et leur offre de pétrole a été plus importante que prévu, participant ainsi à inonder un marché déjà saturé.
Le rapport de l’OPEP note que ses membres ont pompé plus au mois d’août qu’en juillet, soit 763 000 barils par jour de plus. Il s’agira d’ailleurs d’un des sujets sur lesquels la réunion de l’OPEP+, prévue jeudi prochain, devrait se pencher. «Après des mois de renoncement volontaire à des recettes supplémentaires, les problèmes deviennent de plus en plus visibles compte tenu des difficultés financières et économiques considérables auxquelles sont confrontés les pays participants et compte tenu des perspectives incertaines sur le niveau de la demande», explique Eugen Weinberg, analyste chez Commerzbank. La réunion de l’Opep devrait également traiter de la question de l’annonce de la proche fin du blocus sur les terminaux d’exportation de pétrole libyens.
Notons, qu’en sus du rapport de l’OPEP, la compagnie British Petroleum a publié hier son rapport annuel, tout aussi pessimiste sur la demande de pétrole dans le monde, en notant que la consommation mondiale pourrait avoir déjà atteint son pic. BP indique que la consommation ne va pas cesser de décliner en raison des conséquences de la pandémie et de la transition énergétique.
La demande pour le secteur des transports est vouée à reculer, selon BP, en raison de la baisse du nombre de déplacements à court terme et de l’apparition des véhicules électriques à long terme.
Le géant du négoce de matières premières Trafigura Group s’attend, pour sa part, à une augmentation des stocks jusqu’à la fin de l’année en cours en raison de la faiblesse de la demande. Alors que le CitiGroup affirme qu’il faudra attendre la fin 2021 pour que la consommation mondiale de pétrole revienne au niveau de 2019, qui était de 101 millions de barils par jour. Selon Citi, les prix pourraient atteindre 60 dollars, mais pas avant la fin 2021.