Le Portugais Carlos Tavares, patron de PSA, peut jubiler. Cinq ans après être arrivé aux commandes du groupe français, en plein marasme, et dix-huit mois après avoir repris les marques Opel et Vauxhall, mal en point, le transfuge de Renault a présenté le 26 février d’excellents résultats.
Le constructeur, qui détient désormais cinq marques – Peugeot, Citroën, DS, Opel et Vauxhall –, a vendu 3,9 millions de véhicules l’an passé, soit 6,8 % de plus qu’en 2017. Il affiche des revenus en hausse de 18,9 %, avec un résultat opérationnel qui a bondi de 43 % en un an, ce qui fait de PSA le « nouveau riche » du secteur automobile.
Progrès des parts de marché
Jean-Christophe Quémard, patron de la région Afrique - Moyen-Orient, a néanmoins connu une année difficile. Des ventes algériennes décevantes mais surtout le nouvel embargo américain sur l’Iran (443 000 voitures en 2017) ont fait fondre de 53 % ses ventes sur la zone. PSA met en revanche en avant ses performances au Maroc, où il a fait progresser sa part de marché (11,5 %) de 1,7 point, ainsi qu’en Tunisie (15,8 %) et en Égypte.
Mais il reste pénalisé par la réduction drastique de quotas d’importation en Algérie, jadis deuxième marché le plus important du continent. Ses ventes y resteront donc portion congrue tant que son usine locale d’assemblage n’aura pas démarré.
PSA MET LA PRIORITÉ SUR SES DEUX GRANDS PROJETS INDUSTRIELS AU MAGHREB : CELUI DE KENITRA, AU MAROC, ET CELUI DE TAFRAOUI, EN ALGÉRIE
Pour continuer sur sa lancée au Maroc, en Tunisie et en Égypte, redresser la barre en Algérie, et faire décoller les ventes – toujours faibles en dépit de la notoriété de Peugeot – au sud du Sahara, PSA met donc la priorité sur ses deux grands projets industriels au Maghreb : celui de Kenitra, au Maroc, qui doit fabriquer pas moins de 200 000 voitures dès 2020 ; et celui de Tafraoui, à 35 km d’Oran, en Algérie, qui doit en assembler 75 000.
Investissements de 557 millions d’euros, 2 500 salariés
À Kenitra, l’usine (557 millions d’euros d’investissement), qui s’est vu confier la fabrication de la nouvelle 208, est sur de bons rails. Elle devrait lancer sa production commerciale en juin, probablement inaugurée à cette date par Mohammed VI en compagnie d’officiels français.
« Les bâtiments sont terminés, et l’usine est fonctionnelle, nous sommes déjà en phase de test de fabrication », confie un ingénieur travaillant sur le démarrage de ses opérations logistiques. La même source indique que la quasi-totalité des salariés de l’usine – 2 500 au total – ont été recrutés et sont en formation.
Tournée avant tout vers l’exportation, en Europe, mais aussi progressivement vers les marchés de l’Afrique de l’Ouest et du reste du Maghreb, l’usine marocaine doit jouer un rôle clé pour doubler les ventes de la région Afrique - Moyen-Orient entre 2018 et 2021.
En Algérie, en revanche, le projet industriel (100 millions d’investissements prévus) a perdu beaucoup de temps, du fait de discussions s’éternisant avec les autorités, mais aussi d’un litige avec des agriculteurs refusant l’expropriation, ce qui a entraîné une délocalisation du projet à Tafraoui, à une vingtaine de kilomètres au sud du terrain initialement désigné.
Si le permis de construire a bien été obtenu, la construction du bâtiment n’a à l’inverse pas encore débuté, ce qui repousse à la mi-2020 l’entrée en production de l’usine, qui, outre PSA (49 % des parts), compte également pour actionnaires les industriels privés Condor Electronics (15,5 %) et Palpa Pro (15,5 %) ainsi que l’entreprise nationale de PMO (20 %). Un démarrage retardé qui fait les affaires de Renault. Ce dernier, grâce à son usine d’Oran, s’était accaparé 62,8 % des ventes en 2017.
Renault seul maître à bord de la Somaca
Le 12 mars, PSA a revendu à Renault ses 20 % de parts dans la Société marocaine de construction automobile (Somaca), fondée en 1959 à Casablanca, qui a assemblé les modèles Peugeot Partner et Berlingo jusqu’en 2010. Le groupe au losange, qui avait repris les parts de Fiat et de l’État en 2005, détient désormais 99 % du capital de l’usine, qui a dépassé les 75 000 véhicules assemblés par an (des Logan et Sandero).