Ce lundi 9 décembre, Barthélémy Dias, maire de Dakar, est revenu sur sa radiation de l’Assemblée nationale, qu’il considère comme le symptôme d’un problème plus vaste. Selon lui, ce qui se trame actuellement au Sénégal n’a rien à voir avec les questions parlementaires, mais avec une dérive qu’il refuse d’accepter. « Ce n’est pas l’Assemblée nationale, mais autre chose », a-t-il déclaré devant la presse, affirmant que ce processus ne pourra pas aboutir. « Toute chose a une fin et, dans la vie, le Sénégal est une République. Nous avons tous choisi de vivre en République, et ceux qui veulent vivre autrement, ça les engage », a-t-il ajouté avec fermeté.
L’élu de Dakar a par ailleurs exprimé son incompréhension face à sa radiation, comparant son cas à celui d’un président de la République. « Si j’étais élu président de la République aujourd’hui, est-ce que quelqu’un oserait me déchoir de mon mandat ? », a-t-il interrogé. Pour lui, la déchéance de son mandat de député ne se justifie pas, car il considère que la même logique qui protège les présidents doit s’appliquer aux parlementaires.
Barthélémy Dias a également pris le temps de clarifier la distinction entre un délit et un crime, précisant que l’Assemblée nationale, dans son règlement intérieur, impose la radiation d’un député définitivement condamné, qu’il soit coupable d’un délit ou d’un crime. Mais il a souligné que sa propre condamnation date de 2017 et que, selon lui, il n’est pas le seul député dans cette situation. « Parmi les 165 députés, suis-je le seul à avoir été condamné définitivement ? », a-t-il questionné, en rappelant que la condamnation définitive, selon la Cour d’Appel, est intervenue il y a plusieurs années déjà.
Barthélémy Dias a également profité de l’occasion pour s’adresser directement au ministre de la Justice, l’accusant de manquer de respect envers les Sénégalais et de se laisser manipuler par des intérêts politiques. « De grâce, respectez les Sénégalais et arrêtez cet acharnement », a-t-il insisté, dénonçant une justice à géométrie variable. Il a également rappelé que le ministre, en tant que magistrat, connaît bien le dossier de la fusillade de Mermoz-Sacré-Cœur et la question de la provocation à son encontre.
L’ex-député a enfin annoncé la décision de son équipe de déposer un recours non pas pour retrouver son siège, mais pour remettre en question la légitimité des actions des autorités actuelles. « Ce recours est destiné à comprendre si les dirigeants du pays sont réellement dignes de confiance et s’ils croient en l’État de droit », a-t-il expliqué. Il a également interpellé le ministre de la Justice sur l’application de la radiation pour tous les députés définitivement condamnés, afin d’éviter toute forme de « justice des vainqueurs » et de garantir une véritable égalité devant la loi.
Dans un contexte politique particulièrement tendu, la sortie de Barthélémy Dias relance le débat sur la transparence du système judiciaire au Sénégal, et soulève des questions sur les motivations politiques derrière la radiation de certains élus.