La pêche, qui représente moins de 0,1% du PIB britannique et 12 000 emplois, a été un point de négociation crucial entre l’UE et le Royaume Uni. La finance (7% du PIB et 1,1 million de postes) a été ignorée.
Vendredi 4 décembre, face aux négociations sur le Brexit qui patinaient, Catherine McGuinness, qui préside la corporation de la City, résumait son amertume d’une phrase: «La politique a primé sur le pragmatisme. »Quatre ans et demi après le vote en faveur de la sortie de l’Union européenne (UE), elle ne pouvait que constater, impuissante, la déroute du secteur financier qu’elle représente. Année après année, chacune de ses demandes a été ignorée par les gouvernements successifs de Theresa May et de Boris Johnson. L’accord de jeudi 24 décembre ne concerne que la pêche et le commerce des marchandises. La City n’apparaît absolument pas.
Jusqu’au bout, la pêche, 0,1% du produit intérieur brut (PIB) britannique – 0,02%, selon certains analystes – et 12 000 emplois, a été un point de négociation crucial. La finance, 7% du PIB et 1,1 million de postes, a été ignorée. «Cela semble irrationnel», se lamente Mme McGuinness. Courant novembre, Tony Blair, l’ancien premier ministre, faisait le même constat dans un entretien à un groupe de journalistes européens:
«On vient de passer plusieurs mois à mettre l’essentiel de nos efforts dans la défense de notre pêche, qui représente une toute petite partie de notre économie, et à n’en mettre pratiquement aucun dans la finance, pour lequel nous sommes un leader mondial. Je ne dis pas qu’il ne faut pas essayer de défendre la pêche, mais un jour, il faudra bien que le Royaume-Uni revienne dans le monde réel. »
Douglas McWilliams, à la tête de la société de consultants Center for Economics and Business Research, a sorti sa calculatrice. «Même si tous les poissons des eaux britanniques étaient attrapés par des pêcheurs britanniques, le poids de la pêche dans l’économie ne dépassait pas 0,05%. »Et de toute façon, cela ditait bien trop de poissons pour l’appétit britannique:« Il faut que la consommation de poissons double ou triple. (…) Les plus grands bénéficiaires d’un «no deal» auraient bien pu être les chats britanniques. »
Avec Le Monde