« Merci ! » Visiblement surpris de recevoir la Palme d’or, Bong Joon-ho a prononcé son premier mot en français. « Je n’imaginais pas un instant de remporter la Palme d’or. Je suis toujours très inspiré par le cinéma français. Je tiens à remercier Henri-Georges Clouzot [1907-1977] et Claude Chabrol [1930-2010].J’étais un petit garçon assez fanatique du cinéma et c’est à partir de cet âge-là que j’ai décidé de devenir cinéaste. »
Le génie de Bong Joon-ho
Depuis la présentation de son film Parasite, Bong Joon-ho était déjà la coqueluche de cette 72e édition. Son portrait très original, à la fois sombre et cynique, d’une famille pauvre sans scrupules a conquis la Croisette. L’histoire raconte la vie de la famille Ki-taek, vivant en entresol, entre cafards et panne de Wifi, et sa rencontre avec la famille richissime Park. En décrochant un job pour donner des cours particuliers d’anglais chez la jeune fille des Park, le fils de la famille pauvre met un pied dans la porte d’un avenir prometteur. Commence alors un engrenage d’une violence inouïe montrant surtout la violence de la pauvreté. Le génie du cinéaste sud-coréen consiste à fusionner des genres contradictoires, comédie et film d’horreur, drame et thriller, et de surprendre les spectateurs en permanence avec des rebondissements à la fois dramatiques et loufoques.
Le Grand Prix pour Mati Diop
« Je trouve ça un peu fou », a réagi la Franco-Sénégalaise Mati Diop à l’annonce du Grand Prix pour son tout premier long métrage Atlantique. « J’ai terminé ce film à genoux, à Dakar. Je n’en reviens pas… » Avec Atlantique, la cinéaste de 36 ans, première réalisatrice d’origine africaine en compétition à Cannes, tient un plaidoyer à la fois poétique, politique et onirique appelant à ne pas baisser les bras face aux drames de l’émigration clandestine dans les pays africains. Elle a surtout innové avec une vision inédite et très féminine sur une jeunesse sénégalaise désespérée, prête à plutôt mourir qu’à rester au pays.
Ce film est une déclaration d’amour aux rues de Dakar…