La future présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté ce mardi 10 septembre un collège de commissaires européens qu’elle décrit comme équilibré entre hommes et femmes avec une parité quasi parfaite, 13 femmes dont elle et 14 hommes.
Deux poids lourds de la Commission européenne et anciens prétendants à la présidence de cette institution ont le titre de vice-présidents exécutifs : le social-démocrate néerlandais Frans Timmermans est le prochain commissaire européen chargé du climat, un chantier-clé de l’équipe annoncée par l’Allemande Ursula von der Leyen, qui a parallèlement reconduit la libérale danoise Margrethe Vestager à la Concurrence.
L’Irlandais Phil Hogan (PPE, droite), commissaire européen sortant à l’Agriculture, est nommé au Commerce, un poste sensible où il aura la responsabilité de gérer les tensions commerciales avec les Etats-Unis et de négocier un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni après le Brexit. « Il sera un négociateur juste mais déterminé », a estimé Mme Von der Leyen. « Le Brexit, s’il doit arriver, n’est pas la fin de quelque chose mais le début de notre nouvelle relation », a-t-elle dit, citée par l’AFP. L’Italien social-démocrate Paolo Gentiloni est en charge de l’Economie, à un moment où Rome, qui doit relancer un pays à l’arrêt,espère plus de souplesse de Bruxelles sur ses finances publiques. Il devra toutefois travailler en collaboration avec le Letton Valdis Dombrovkis (PPE), vice-président chargé de la coordination des politiques économiques.
La Française Sylvie Goulard (Renew Europe) devient commissaire européenne au Marché intérieur, un large portefeuille qui englobe la politique industrielle, le marché unique numérique, ainsi que l’industrie de la défense et de l’espace. La nomination de celle qui fut une éphémère ministre française de la Défense en 2017 devra être validée par le Parlement européen. Elle est soupçonnée d’être impliquée dans l’affaire des emplois fictifs des assistants des eurodéputés MoDem, un parti centriste qu’elle a depuis quitté. Le Grec Margaritis Schinas (PPE), originaire de l’un des pays en première ligne dans les arrivées de migrants, va superviser les questions migratoires.
Les 26 commissaires seront auditionnés par les europarlementaires du 30 septembre au 8 octobre et ce n’est pas une formalité car le Parlement de Strasbourg a déjà à plusieurs reprises rejeté des nominations. Après ces auditions, le nouvel exécutif bruxellois doit encore passer le vote d’investiture le 22 octobre 2019, pendant la session plénière.
Ursula @vonderleyen, présidente-élue de la Commission européenne, présente son équipe de commissaires, les portefeuilles de chacun, ainsi que la structure de la nouvelle Commission ↓ https://www.periscope.tv/EU_Commission/1YpJkYrXlNXKj …
European Commission @EU_Commission
Press conference − President-elect Ursula von der Leyen
pscp.tv
Chantiers urgents
De la réforme de l’asile, au Brexit, en passant par les tensions commerciales avec les États-Unis, des chantiers urgents attendent la nouvelle présidente de la Commission européenne. Au programme, l’écologie : Ursula von der Leyen promet un « pacte vert » avec la neutralité carbone en 2050, une taxe carbone aux frontières, une réduction des gaz à effet de serre de 50% au minimum dès 2030, une Banque européenne du climat avec des investissements à hauteur de 1 000 milliards d’euros sur les dix prochaines années.
Deuxième priorité, le numérique et l’intelligence artificielle. Il s’agit de poursuivre le combat pour contrôler les géants américains du numérique. Troisième priorité : l’État de droit qui doit s’imposer à l’Est du continent dans des pays dirigés par des populistes comme la Pologne ou la Hongrie.
Il y a aussi les dossiers à gérer au plus vite comme le Brexit, la Commission devra gérer les relations futures avec le Royaume-Uni. Il y a aussi les migrations avec une meilleure répartition des migrants, les tensions commerciales avec les États-Unis et la Chine. Ursula von der Leyen a défendu une vision de l’Europe forte face à ces deux pays.
« Ceci est l’équipe qui va donner forme à la vision européenne, face aux États-Unis avec qui nous avons des différends, mais qui reste notre allié le plus proche, qui définira notre relation avec une Chine de plus en plus présente, qui défendra nos valeurs et nos standards internationaux. Cette commission sera une commission géopolitique. Je veux que l’Union européenne et la commission soient les gardiens du multilatéralisme. Car nous savons que nous sommes plus forts quand nous faisons ensemble ce que nous ne pouvons faire seuls. »
Enfin, la nouvelle Commission devra boucler le budget européen pour les sept années à venir.