Le président Tebboune est hospitalisé depuis un mois en Allemagne sans que l’on ne connaisse ni le lieu exact de son hospitalisation ni la gravité de sa maladie. Les quelques rares communiqués laconiques des services de la Présidence information peu sur son état de santé, ce qui donne libre cours aux rumeurs les plus folles sur les réseaux sociaux. Face au vide communicationnel, un site web s’est même permis d’annoncer… le décès du président Tebboune. Le manque d’informations sur l’évolution de l’état de santé du Président suscite des inquiétudes légitimes chez de nombreux Algériens qui se trouvent, malgré eux, à la merci des médias étrangers qui pourraient faire preuve d’un traitement tendancieux de l ‘ information.
Abdelhafidh Allahoum parle et la toile s’enflamme! Le conseiller en charge des relations étrangères à la présidence de la République s’exprime dans un média étranger non pas pour livrer le point de vue de l’Algérie sur des questions géopolitiques, mais pour parler de l’état de santé du président Tebboune.
Ses déclarations en Russie Aujourd’hui interviennent dans un contexte où les Algériens sont à l’affût de la moindre information sur l’état de santé du président Tebboune toujours hospitalisé en Allemagne.
Le choix d’un média étranger pour parler d’une question qui concerne le premier lieu les Algériens suscite de vives critiques, notamment sur les réseaux sociaux.
Pourtant, faites remarquer certains internautes, l’Algérie ne manque pas de médias, que ce soit audiovisuels, radiophoniques, électroniques ou presse écrite.
Aussi, soulignent-ils, la présidence de la République aurait pu communiquer à travers sa page Facebook certifiée, un soutien qu’elle a choisi dès le départ pour l’hospitalisation du chef de l’État.
Mais ce qui semble avoir le plus choqué les internautes, c’est le fait que ce conseiller dit tenir l’information qu’il communiquait sur l’état de santé du président de la République non pas de l’équipe médicale qui l ‘ accompagne », mais plutôt du fils du Président.
«L’information sur l’état de santé du Président est une affaire des institutions de la République qui doivent l’obtenir directement du staff médical sans passer par une tierce personne, fusse-t-elle le fils de celui-ci», écrit un internaute pour lequel la maladresse de ce conseiller ne fait qu’illustrer les défaillances de la communication officielle, qui alimentent les rumeurs de tous genres et qui expose les Algériens aux manipulations malveillantes de l’information.
Le manque d’informations sur l’évolution de l’état de santé du Président suscite ainsi des inquiétudes légitimes chez de nombreux Algériens qui se trouvent, malgré eux, à la merci des médias étrangers qui pourraient faire preuve d’un traitement tendancieux de l ‘information.
D’ailleurs, un site étranger basé au Sénégal et connu pour être proche du pouvoir marocain a fait circuler une rumeur sur le décès du président Tebboune. Une rumeur qui a semé la confusion et aggravé l’inquiétude des Algériens.
La dernière apparition médiatique du président Tebboune remonte au 15, lorsqu’il a reçu le ministre français des Affaires étrangères.
Le Conseil des ministres devait tenir le 18 octobre a été reporté. Un communiqué de la présidence de la République posté le jour même sur sa page Facebook expliquait ce rapport par des contraintes techniques et par la surtaxe de l’agenda du chef de l’État.
Le 24 octobre, le président Tebboune annonçait sur son compte Twitter il s’est confiné volontairement et sur recommandation de ses médecins après la contamination par le coronavirus de plusieurs hauts cadres de la Présidence.
Le 27 octobre, trois jours après, la présidence de la République annonce son transfert à l’hôpital militaire de Aïn Naâdja sur recommandation de ses médecins, précisant que son état de santé est stable et non inquiétant, sans dire pour autant s’il est atteint de la Covid-19 ou pas.
Le 28 du même mois, la même institution annonce le transfert du président Tebboune vers un hôpital spécialisé en Allemagne, pour «des examens approfondis».
Le 29 octobre, soit le lendemain de son transfert en Allemagne, la Présidence, toujours à travers sa page Facebook, affirme que les résultats des examens médicaux sont rassurants et que le Président entame son traitement et se trouve dans un état stable.
Le 3 novembre, soit une semaine après son hospitalisation, la présidence de la République annonce qu’il est atteint de la Covid-19. Le 8 novembre, la Présidence, toujours via Facebook, affirme qu’il est sur le point de terminer son traitement et que son état de santé s’améliore.
Le dernier communiqué officiel sur l’état de santé du président Tebboune remonte au 15 novembre. Il indiquait la fin du traitement suivi par le chef de l’État, sans fournir plus d’informations. Cette communication par le biais de communiqués laconiques présente ses limites.
L’absence d’images du président Tebboune à l’hôpital et le silence de son staff médical, qui ne s’est pas décrit publiquement sur l’évolution de son état de santé, ont ouvert la voie aux supputations les plus folles. La présidence de la République, faut-il le souligner, dispose d’un porte-parole censé intervenir publiquement, dans de telles situations, pour rassurer les Algériens.
Mais il se trouve que ce porte-parole est également hospitalisé en France après avoir eu un AVC. Cela ne suffit pas cependant pour expliquer ce manque de communication sur un sujet aussi crucial que celui de la santé du Président.
Si les circuits officiels de la communication ont bien fonctionné, il n’y aurait pas eu autant d’inquiétudes, de craintes et de doutes sur la santé du président de la République. L’Exécutif aurait même pu prévenir la propagation des rumeurs et mettre en échec toutes les tentatives de manipulation de l’information.
Avec El Watan