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Coronavirus: l’Afrique face à la pandémie le samedi 18 avril

L’Afrique comptait officiellement ce samedi 18 avril 19 895 cas confirmés de coronavirus. Le seuil des 1 000 décès liés au Covid-19 a par ailleurs été franchi selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. L’Egypte est le pays affichant le plus de malades avec 2 844 cas, suivi par l’Afrique du Sud, le Maroc et l’Algérie.

Alors que l’Afrique approche la barre des 20 000 cas de Covid-19 recensés, le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine affirme ce samedi que 1 017 décès liés au coronavirus ont déjà été enregistrés. L’Algérie est le pays affichant le taux de mortalité le plus élevé avec 364 morts. Viennent ensuite l’Egypte (205), le Maroc (135) et l’Afrique du Sud (50).

Le port de masque, même artisanal, sera obligatoire à Kinshasa à partir de la semaine prochaine. La décision a été annoncée ce samedi, à l’issue d’une réunion pilotée par le Premier ministre. Au cours de cette réunion à laquelle ont participé le gouverneur de Kinshasa et le chef de la riposte contre le coronavirus en RDC, il a été aussi décidé de procéder à un déconfinement progressif de la commune de la Gombe. Cette municipalité considérée comme l’épicentre de Covid-19 à Kinshasa a été coupée du reste de la ville depuis le 6 avril.

Dès le mardi prochain, épiceries, supermarchés et banques vont rouvrir, mais l’accès au centre des affaires de Kinshasa restera réglementé. Le dispositif de contrôle restera le même et les check-points de la police ne vont pas bouger. Cependant, contrairement à ce qui était envisagé il y a encore quelques jours, les communes de Kintambo et de Ngaliema ne seront plus confinées en dépit du fait qu’elles sont frontalières avec la Gombe et qu’elles comptent un nombre important de cas confirmés. « Les deux communes ne seront pas confinées mais les familles contaminées positives seront confinées à travers toute la ville, a expliqué Gentiny Ngobila, le gouverneur de la capitale. Et l’équipe de la riposte prendra le temps d’aller fouiller dans l’entourage de toutes ces familles. »

Pour le reste de la ville, le gouverneur a annoncé qu’il allait « déployer la police et l’armée pour imposer le port obligatoire du masque et faire respecter les mesures barrière ». Pour sa part, le cabinet de Félix Tshisekedi a entamé le processus de prorogation de la durée de l’état d’urgence sanitaire proclamé le 24 mars.

Le docteur Denis Mukwege dénonce le manque de laboratoires autonomes pour l’examen des échantillons des cas suspects du Covid-19 localement. Le prix Nobel de la Paix 2018 dirige la commission « Santé » dans le cadre de la riposte contre la propagation du Covid-19 au Sud-Kivu. Au cours d’une conférence de presse samedi à Bukavu, il s’est dit convaincu que si les provinces touchées par le coronavirus disposaient de laboratoires proches ou autonomes pour tester localement le Covid-19, cela pourrait permettre de réduire le temps d’attente des résultats des échantillons et ainsi, libérer ceux qui sont testés négatifs.

Il indique qu’au Sud-Kivu par exemple, il faut attendre 10 à 14 jours pour que les résultats des échantillons envoyés à l’INRB (Institut national des recherches biologiques) à Kinshasa soient annoncés et pour lui, c’est un retard qui risque d’impacter négativement sur la bonne marche des activités sur le terrain. La province du Sud-Kivu compte 4 cas confirmés du Covid-19 selon l’INRB, tandis que les autorités locales évoquent 3 cas. S’agissant d’éventuels vaccins contre le Covid-19, le prix Nobel 2018 souhaite que les essais commencent ailleurs, pas en RDC, ni en Afrique.

Abba Kyari, le directeur de cabinet et principal conseiller du chef de l’Etat nigérian est décédé vendredi après avoir contracté le nouveau coronavirus. C’est la présidence qui l’a annoncé dans un communiqué publié dans la nuit. Abba Kyari est ainsi la plus haute personnalité du Nigeria à avoir succombé au virus qui a officiellement contaminé 493 personnes, et fait 17 morts.

Son âge exact n’a jamais été révélé publiquement, mais il avait vraisemblablement plus de 70 ans et était un personnage mystérieux, une figure du premier cercle de Muhammadu Buhari. Abba Kyari contrôlait en effet l’accès au chef de l’Etat. Il supervisait toutes les réunions stratégiques à la présidence et accordait les audiences du président aux ministres. Il avait été testé positif au coronavirus fin mars, après un séjour en Allemagne, suscitant la panique au sommet de l’Etat et obligeant dans la foulée plusieurs hauts responsables nigérians ayant été en contact avec lui à se mettre en quarantaine. Le 29 mars, Abba Kyari avait annoncé avoir été transféré à Lagos, la capitale économique du Nigeria pour être soigné et espérait « être de retour au bureau très bientôt ».

Amadou Salif Kébé, président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) est décédé des suites du coronavirus vendredi 17 avril à Conakry. Par communiqué, la présidence guinéenne a salué l’« expertise » apportée par M. Kébé durant les périodes électorales, « dans un contexte souvent contradictoire ». Récemment, Amadou Salif Kébé et la Céni avaient été au centre d’une controverse liée à l’organisation fin mars d’un référendum constitutionnel. Un scrutin boycotté par l’opposition qui dénoncait une manoeuvre du président Alpha Condé, élu en 2010 puis réélu en 2015, visant à briguer un troisième mandat fin 2020.

C’est par ailleurs ce samedi qu’entre en vigueur le port obligatoire du masque, l’une des mesures préventives annoncées par le président de la République pour tenter d’endiguer la propagation du coronavirus. Dans la capitale, des contrôles de police sont effectués aux principaux carrefours et les contrevenants risquent une amende fixée à 30 000 francs guinéens (environ 3 euros). A ce jour, la Guinée a enregistré 477 cas confirmés dont 59 guéris et 3 décès.

Ça va me protéger contre le virus. Et vu que nous, on a pas de gros moyens, on se débrouille avec ça, du tissu. On va les laver et après on les porte.

Après avoir été convoquée par le ministre de la Santé, une infirmière équato-guinéenne, Nuria Obono Ndong Andem, a été placée en détention préventive jeudi 16 avril à Malabo pour délit de « violation de secrets ». La justice lui reproche d’être à l’origine d’un message mettant en cause l’établissement dans lequel elle travaille. Son message audio, partagé sur WhatsApp à une amie, a été largement relayé sur les réseaux sociaux. Elle y affirmait que « l’hôpital de Sampaka, dont la télévision nationale vante la capacité à traiter les malades du coronavirus, n’a pas d’oxygène pour les malades du Covid-19 ». En réponse, la chaîne de télévision nationale, TVGE, a diffusé un démenti des autorités sanitaires et diffusé des images de bonbonnes d’oxygène.

Le parti d’opposition Convergence pour la démocratie sociale, CPDS, exige dans un communiqué sa libération immédiate expliquant qu’« une soignante est plus importante en ce moment que la colère d’un ministre ». « La liberté d’expression est garantie par la Constitution », argue pour sa part Citoyens pour l’innovation, parti d’opposition dissous par les autorités en février 2018. Un mouvement pro-démocratie et de droits de l’homme, SOMOS+, a quant à lui entamé une campagne revendiquant la liberté de l’infirmière baptisée « Je suis Nuria Obono Ndong ».

Mis en cause dans l’assassinat de son épouse en 2017 et après avoir annoncé qu’il démissionnerait d’ici la fin juillet, le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane a ordonné ce samedi le déploiement de l’armée dans les rues du petit royaume. Lors d’un discours surprise à la radio et à la télévision nationales, le chef de gouvernement a annoncé l’intervention des militaires afin de « rétablir la paix et l’ordre ». Ces mesures « ont été prises pour éviter de mettre la nation en danger et pour assurer sa protection, ainsi que pour essayer d’endiguer l’épidémie de Covid-19 », a également justifié Thomas Thabane.

Des soldats armés, équipés de casques et de gilets pare-balles patrouillaient donc ce samedi matin dans les rues de la capitale Maseru, à pied ou à bord de véhicules blindés. Le chef de la police et ses deux adjoints ont été arrêtés par l’armée, selon une source officielle anonyme. Le Lesotho avait déjà été placé sous confinement total jusqu’au 21 avril, aucun cas de coronavirus n’a officiellement été annoncé à ce jour. Le chef de l’opposition a vivement dénoncé la décision de Thomas Thabane : « Il s’agit d’un recours abusif aux forces de sécurité », a regretté Mathibeli Mokhothu, président du Congrès démocratique (DC). Ce dernier a accusé le Premier ministre de « menacer l’indépendance de la justice » et de « mettre en péril la paix au Lesotho ».

En Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, 20 % des foyers ont, en temps normal, un accès insuffisant à la nourriture, selon l’Office national des statistiques. Et la situation s’est brusquement détériorée avec le confinement anti-coronavirus en vigueur depuis trois semaines, prolongé par le président Cyril Ramaphosa jusqu’à fin avril. Résultat : de nombreux habitants des townships et bidonvilles ayant perdu leur emploi du jour au lendemain, l’accès à la nourriture devient encore plus problématique et exacerbe les tensions.

Les autorités ont bien mis en place une distribution de nourriture pour les plus vulnérables, mais de nombreux Sud-Africains tardent à recevoir ces colis pourtant vitaux, comme dans la région du Cap. Des heurts avec la police et des pillages éclatent ainsi dans ces quartiers pauvres. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, Joanie Fredericks, une militante associative, interpelle le chef de l’Etat et parle de situation de « guerre » . « Des personnes ont vandalisé des commerces. Ils ont attaqué des gens. La seule raison, c’est qu’ils ont faim », déclare-t-elle.

La présidence a mobilisé 2 millions d’euros de colis de nourriture à distribuer. Avec de la farine de maïs, du riz, du sucre, du thé, du sel et d’autres produits de bases inaccessibles financièrement en période de confinement pour bon nombre de Sud-Africains. Le précieux sésame attire toutes les convoitises et crée de nombreuses polémiques. Le parti d’opposition EFF accuse l’ANC de distribuer la nourriture prioritairement à ses membres. Les diasporas africaines assurent, elles, être volontairement évitées par le gouvernement.

Depuis 15 jours donc, c’est la course à qui sera servi le premier. Avec environ 40 000 colis livrés par semaine, il y a beaucoup de déçus. Alors certains quartiers comme le township de Kraaifontein près du Cap annonce des manifestations dans les rues pour attirer l’attention. Même chose depuis 4 jours à Diepsloot, près de Johannesburg, où des milliers de personnes regroupés près d’une école supplient les militaires de distribuer de la nourriture. Ces rassemblements, outre le fait d’être interdits, sont aussi dangereux et une occasion de plus pour le virus de se propager.

Alors que l’Afrique devrait connaître cette année sa pire récession en 25 ans et que la riposte sanitaire mobilise beaucoup de moyens, il manque encore des financements. C’est ce qui ressort d’une réunion consacrée vendredi à la mobilisation pour le continent par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). « Ensemble, les créanciers officiels ont mobilisé jusqu’à 57 milliards de dollars pour l’Afrique en 2020 », indiquent les deux institutions dans un communiqué commun. Mais les deux institutions le reconnaissent. Cela pourrait ne pas suffire.

« Le soutien des créanciers privés pourrait s’élever à environ 13 milliards de dollars. C’est un début important, mais le continent a besoin d’environ 114 milliards de dollars en 2020 dans sa lutte contre le Covid-19, ce qui laisse un déficit de financement d’environ 44 milliards de dollars », ajoutent-ils. 44 milliards pour financer les services et le matériel médical. Mais aussi afin de soutenir les populations les plus pauvres et les plus vulnérables dans des économies qui dépendent en grande majorité du secteur informel.

Sur les 57 milliards déjà mobilisés, plus de 36 milliards proviennent du FMI et de la Banque mondiale à part quasi égale. Cette somme est allouée pour fournir des services de santé « de première ligne, soutenir les pauvres et les vulnérables ». Il s’agit en outre « de maintenir les économies à flot face au pire ralentissement économique mondial depuis les années 1930 », ont-ils expliqué.

Mais cette semaine les Etats ne sont pas parvenus à s’entendre ni sur l’annulation pure et simple des dettes africaines, ni sur la mobilisation des droits de tirage spéciaux du FMI qui auraient pu combler rapidement les immenses besoins.

 

Avec Rfi

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