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Crise libyenne : L’Egypte fait un pas vers la guerre

Celui-ci se prépare à lancer une offensive d’envergure pour reprendre les villes de Syrte et d’Al Jufra. C’est à l’unanimité, précise un communiqué de l’institution, que les parlementaires égyptiens ont approuvé l’envoi «d’éléments de l’armée égyptienne dans des missions de combat hors des frontières de l’Etat égyptien, pour défendre la sécurité nationale égyptienne».

Ce déploiement pourrait avoir lieu sur «le front ouest», précise le communiqué en question, une référence à la Libye située à la frontière ouest de l’Egypte.

Le président égyptien, Abdelfattah Al Sissi, a donc désormais les mains libres pour intervenir en Libye où s’affrontent déjà la Turquie, les Emirats arabes unis, la Russie, l’Arabie Saoudite et la France par mercenaires interposés. Il est lui-même l’un des principaux soutiens de Khalifa Haftar.

Tous ces pays convoitent les ressources de la Libye, qui détient les plus importantes réserves de pétrole du continent africain. Des spécialistes du dossier libyen attirent l’attention sur le fait que Paris et Abu Dhabi ont exercé de grandes pressions sur Al Sissi pour le convaincre d’engager militairement son pays en Libye. Abdelfattah Al Sissi a averti à de nombreuses reprises que son pays interviendrait militairement en Libye dans le cas où les unités du GNA décideraient de reprendre Syrte et Al Jufra, deux villes qu’il considère comme des lignes rouges.

La Présidence turque estime, quant à elle, que toutes les factions doivent retourner aux positions militaires qu’elles occupaient en 2015, lorsque l’accord de Skhirat a été signé, ce qui signifie que les forces de Haftar doivent se retirer de Syrte et d’Al Jufra. Reconnu par l’ONU, le GNA est soutenu par Ankara, dont la présence en Libye est perçue comme une menace par l’Egypte et la France. L’intervention militaire turque en Libye a été décisive pour le GNA, qui a pu ainsi repousser l’offensive du maréchal déclenchée en avril 2019 contre Tripoli, et reprendre le contrôle de l’ensemble du nord-ouest du territoire libyen.

Initiative algéro-tunisienne

La Turquie a, pour sa part, appelé lundi à «immédiatement» mettre fin au soutien aux forces du maréchal Khalifa Haftar, à l’issue d’une réunion avec des ministres du gouvernement de Tripoli et de Malte à Ankara. «Il est indispensable d’interrompre immédiatement toute sorte d’aide et de soutien au putschiste Haftar, qui empêche l’instauration de la paix, du calme, de la sécurité et de l’intégrité territoriale de Libye», a déclaré le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar. «Nous savons que le plus grand obstacle pour atteindre cet objectif est le putschiste Haftar», a-t-il poursuivi après s’être entretenu à Ankara avec le ministre de l’Intérieur du GNA, Fathi Bachagha, et le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité nationale de Malte, Byron Camilleri. Le ministre turc a également indiqué qu’Ankara allait poursuivre sa collaboration avec le GNA en matière «d’entraînement, de coopération et de conseil militaire».

L’Algérie et la Tunisie, qui partagent chacune une grande frontière avec l’ex-Jamahiriya, suivent de près l’évolution de la crise libyenne qui menace la stabilité de la région. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a fait état, dimanche soir lors d’une rencontre avec la presse, d’une possible initiative algéro-tunisienne pour la résolution de la crise libyenne. Pour lui, le règlement du conflit entre Libyens «passe impérativement par la table du dialogue et l’usage des armes n’a et ne sera jamais la solution». Le président Tebboune a réitéré que l’Algérie «ne soutient ni les uns ni s’oppose aux autres».

Il a toutefois ajouté que l’Algérie «refuse d’être mise devant le fait accompli», soutenant qu’«(…) il faut laisser le peuple décider de son propre destin sur la base de la légitimité populaire, sous l’égide des Nations unies».

Regrettant «les tentatives d’implication de certaines tribus libyennes dans le conflit armé (…)», le président de la République s’est dit inquiet de voir ce pays transformé en champ de bataille entre grandes puissances, estimant que «c’est là une situation très dangereuse qui pourrait provoquer la ‘‘somalisation’’ de la Libye».

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