Au palais du Luxembourg, alors que les municipales 2020 se profilent, le Premier ministre a annoncé qu’un projet de loi « décentralisation et différenciation » serait présenté à la fin du premier semestre 2020, pour donner plus de pouvoirs aux élus locaux en matière de logement, de transports et de transition écologique.
Le discours était deux fois plus court qu’à l’Assemblée, et les bancs clairsemés. Loin de l’effervescence de l’Assemblée nationale, le message d’Edouard Philippe aux sénateurs aura pourtant été le même : rejoignez-nous. Le chef du gouvernement a continué son offensive auprès des maires de droite et du centre.
« L’époque, a-t-il dit, exige une forme de dépassement. Je ne vous demande ni un blanc-seing pour la politique de mon gouvernement, ni un quelconque ralliement à la majorité. Je vous demande de dépasser des clivages et des différences que je respecte, mais qui ne me semblent plus, aujourd’hui, les plus importants. »
En fait, en promettant plus de décentralisation, plus de pouvoirs aux collectivités, M. Philippe cible plutôt les élus locaux. « Nous ne pourrons pas transformer le pays sans les maires. Sans les élus locaux, la démocratie n’est qu’une coquille vide », a plaidé le chef du gouvernement, issu du parti Les Républicains.
J’ai demandé à Sébastien Lecornu de travailler avec le Sénat, avec l’ensemble des présidents des groupes du Sénat, et avec les associations d’élus pour déposer avant la fin du mois de juillet un projet de loi «engagement et proximité». Le deuxième défi, c’est de préparer un nouvel acte de décentralisation. J’ai chargé Jacqueline
Une majorité d’abstentions
Le Premier ministre veut attirer plus de maires, pour qu’ils soutiennent son gouvernement en vue des élections municipales de l’année prochaine. La drague est voyante, et même beaucoup trop aux yeux de la droite sénatoriale. Stop au débauchage agressif, rétorque Dominique Estrosi Sassonne, du parti LR.
« Que vous tendiez la main aux maires, c’est votre droit. Que quelques-uns la saisissent, c’est leur choix. Mais que certains tapent sur les doigts de ceux qui auraient l’impudence de ne pas faire de même, cela est inacceptable », estime la sénatrice des Alpes-Maritimes, par ailleurs adjointe au maire de Nice.
Le ton est dur mais le vote est doux. La plupart des sénateurs Républicains s’abstiennent lors du vote sur la déclaration d’Edouard Philippe. Sur 345 votants, 181 sénateurs s’abstiennent, 93 votent contre, 71 pour. « Ni chèque en blanc, ni alignement », expliquent les LR, qui tentent de contenir la fuite des élus locaux.
Contrairement à l’Assemblée nationale, ce vote dit « d’approbation » au Sénat, où le parti présidentiel LREM est très minoritaire, n’engageait pas la responsabilité du gouvernement. Edouard Philippe avait lui-même reconnu qu’il se rendait au palais du Luxembourg « sans penser revenir avec une majorité ».
Elle est pas voyante, elle est très voyante. On a bien compris, y compris d’ailleurs dans l’idée de dire: s’il le faut, la révision constitutionnelle sera reportée après le renouvellement partiel du Sénat en 2020