Des acteurs de l’éducation ont dit, mercredi à Thiès, ne pas avoir été surpris par les ‘’bons résultats’’ obtenus aux examens scolaires, cette année où de multiples facteurs ont créé les conditions de bonnes performances en dépit de la crise sanitaire.
‘’Nous constatons une amélioration de ces résultats comparés aux dix années précédentes’’, a dit Cheikh Mbow directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’école publique, en marge d’un panel dans le cadre de l’édition 2020 de la campagne ‘’Nos vacances pour l’école’’.
Le conseil d’administration de la COSYEDP séjourne depuis mardi à Thiès, pour valider son plan stratégique, accorde une attention particulière aux groupes vulnérables, aux enfants à besoins éducatifs spéciaux, et à ceux vivant dans des zones reculées du pays.
Pour lui, plusieurs facteurs peuvent expliquer au premier regard la configuration des résultats de cette année.
Il a cité la ‘’mobilisation et la solidarité de la chaîne d’acteurs’’, le protocole sanitaire, la ‘’possibilité d’apporter des réponses locales aux problèmes qui se sont posées’’ et les effectifs réduits ayant facilité l’encadrement des candidats.
Selon lui, la Cosydep avait évoqué dans une déclaration bien avant les examens, des facteurs importants ‘’pouvant influer positivement sur les résultats’’.
Il estime toutefois qu’une ‘’évaluation scientifique’’ des facteurs explicatifs des résultats de cette année est nécessaire.
Divers commentaires évoquent le caractère ‘’paradoxal’’ de la tendance haussière des résultats des examens scolaires, où l’on s’y attendait le moins, en raison de la pandémie.
‘’Les résultats ne me surprennent guère’’, a commenté l’inspecteur d’Académie de Thiès Pape Baba Diassé, pour qui ‘’la covid-19 était à la fois un danger et une opportunité’’.
M. Diassé a noté qu’en plus d’une mobilisation de la communauté autour de l’école, comme il n’y en a ‘’jamais’’ eu, les enfants ont été ‘’autonomisés’’, avec un ensemble d’outils mettant ‘’l’accent plus sur les apprentissages que sur les enseignements’’. Ils vont de la télé à WhatsAPP, en passant par les fascicules distribués.
D’un autre côté, l’allègement du programme scolaire, pour n’en retenir que ‘’l’essentiel’’ a été aussi déterminant. De leur côté, les élèves ‘’se sont déployés psychologiquement’’, a analysé l’inspecteur d’académie de Thiès, un des panélistes.
Ce qui lui a fait affirmer, en dernier ressort : ‘’ce ne sont pas des résultats tombés du ciel : nous les avons travaillés’’.
Saluant ces résultats ‘’qui n’étaient pas évidents’’, le secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire (SAEMSS), Saourou Sène, en a profité pour poser l’urgence du débat de la révision des programmes scolaires, pour les ‘’adapter aux réalités nationales’’.
Le syndicaliste estime toutefois que ces résultats ne doivent pas faire oublier la situation des élèves des classes intermédiaires, restés à la maison au moment de la reprise des enseignements.
‘’Aujourd’hui, on se réjouit des résultats des 551.000 (candidats), mais qu’en est-il des 3 millions restés à la maison’’, s’est-il interrogé.
Il estime que l’impact de la covid-19 sur l’école sera surtout visible en 2021 avec l’arrivée en classe d’examen des élèves de première et 3-ème.
Pour lui, une remédiation s’impose au profit de cette frange majoritaire de l’école, ‘’quitte à payer un 13-ème mois’’ aux enseignants, à titre de motivation.
Saourou Sène a profité de ces échanges auxquels ont pris part, au conseil départemental de Thiès, le conseiller technique du ministère de l’Education nationale Ngary Faye, pour inviter l’Etat au respect des engagements qu’il avait signés avec les syndicats d’enseignants.
Ce qui se traduira, notamment, par une révision du système de rémunération, au profit des enseignants qui ont fait preuve de ‘’sacrifice’’ lors de cette pandémie, au même titre que les médecins et d’autres corps professionnels.
Cheikh Mbow a insisté sur la nécessité d’anticiper sur la prochaine année scolaire pour garantir une année ‘’pacifiée’’, afin de combler le ‘’gap’’ noté cette année en termes de temps d’apprentissage, surtout pour les 3 millions d’enfants des classes intermédiaires restés sept mois hors des classes.
Cela passe par le règlement des ‘’difficultés potentielles’’, à même d’assurer un ‘’minimum de consensus entre les autorités étatiques et les syndicats d’enseignants’’, a-t-il dit.