Qualifiés d’« exceptionnels », les résultats financiers de Jumia au premier trimestre 2019, présentés lundi 13 mai en conférence de presse, ont difficilement caché des pertes toujours en hausse (voir encadré ci-dessous). Depuis sa fondation en 2012, Jumia a enregistré des pertes cumulées d’environ un milliard de dollars, dont 195,2 milliards en 2018, pour un chiffre d’affaires de 149,6 millions de dollars.
Après son introduction remarquée au New York Stock Exchange (NYSE)début avril, la figure du proue du e-commerce en Afrique, dont les actions avaient ainsi gagné près de 85 % après son IPO, a vue ses gains totalement effacés la semaine dernière, après la publication d’un rapport de Citron Research. Ce cabinet d’analyse financière y accusait Jumia de « fraudes » dans ses déclarations préalables à son introduction au NYSE. Des accusations et une chute du cours des actions suffisamment importantes pour que Citigroup Global Markets Inc, l’une des banques d’investissement de Jumia, suggère au groupe de dévoiler plus en détail l’évolution de ses performances sur la période concernée (voir encadré).
En s’appuyant sur une présentation confidentielle de Jumia, faites à ses investisseurs en octobre 2018, Citron Research affirme en effet dans son rapport qu’il existe « d’importantes divergences » entre les chiffres du dossier d’introduction en bourse et ceux présentés aux investisseurs cinq mois plus tôt.
Selon le cabinet d’analyse financière, Jumia comptait, dans son rapport de 2018, 2,1 millions clients et 43 000 vendeurs actifs, alors que dans sa déclaration faite aux autorités boursières new-yorkaises, le e-commerçant affichait 2,7 millions clients actifs et 53 000 vendeurs.
41 % de commandes inabouties ?
« Afin d’obtenir plus d’argent auprès des investisseurs, Jumia a gonflé de 20 à 30 % le nombre de ses consommateurs et vendeurs actifs », explique le cabinet pour appuyer ses accusations de « fraudes ».