Dans une analyse percutante, Dr. Ibrahima Gassama, économiste et expert en développement, examine les répercussions de la décision de l’administration Trump de suspendre l’aide au développement des États-Unis pour les pays africains. Cette politique, un prolongement des orientations prises lors du premier mandat de Trump, pourrait avoir des effets dévastateurs sur les pays dépendant des financements américains, en particulier les programmes phares comme le PEPFAR (lutte contre le VIH/SIDA) et les projets d’infrastructure financés par l’USAID.
Dr. Gassama souligne que cette suspension pourrait fragiliser davantage des pays comme le Malawi, le Mozambique et le Soudan du Sud, où l’aide américaine représente plus de 10 % des budgets de la santé publique. Dans ces contextes, la perte de ces ressources pourrait entraîner un affaiblissement des systèmes de santé et un approfondissement de la pauvreté, impactant gravement les populations vulnérables.
Cependant, le Dr. Gassama met également en lumière les opportunités cachées dans cette situation difficile. Selon lui, la réduction de l’aide devrait inciter les gouvernements africains à renforcer la mobilisation de leurs ressources internes, en luttant contre les flux financiers illicites et en favorisant une meilleure gestion des ressources naturelles. Il cite les exemples des parcs industriels en Éthiopie et de la base manufacturière émergente au Nigeria comme des preuves de la capacité de l’Afrique à se réinventer.
En outre, l’émergence de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) pourrait constituer une réponse stratégique à la fin de l’aide américaine. La ZLECAf, selon Dr. Gassama, pourrait dynamiser le commerce intra-africain et, en réduisant les barrières commerciales, permettre à l’Afrique de générer une croissance significative et de sortir de la pauvreté. Toutefois, il souligne que des obstacles existent, notamment en matière d’infrastructures et de bureaucratie.
L’auteur évoque également le retrait de l’influence occidentale, et notamment la politique « America First » de Trump, comme une occasion pour l’Afrique de redéfinir ses partenariats. En diversifiant ses relations avec des puissances émergentes comme la Chine, les États du Golfe ou le Sud global, l’Afrique pourrait renforcer sa souveraineté tout en construisant des partenariats plus équilibrés.
Néanmoins, Dr. Gassama prévient que les défis demeurent, notamment dans la gouvernance, où des réformes de fond restent nécessaires pour assurer un développement durable. L’investissement dans des secteurs comme l’agrobusiness, les énergies renouvelables et l’économie numérique, dominée par l’intelligence artificielle, devient crucial pour l’avenir de l’Afrique.
En conclusion, Dr. Gassama voit dans la fin de l’aide américaine une rupture avec le passé, mais aussi une occasion pour l’Afrique de prendre son destin en main. « Quand la musique change, il faut changer de danse », rappelle-t-il, invitant le continent à s’engager dans une nouvelle ère de développement plus autonome, reposant sur l’innovation, le commerce régional et une gouvernance renforcée.
Dr. Ibrahima Gassama
Économiste, PhD
Contact : igassama@gmail.com