La révision de la loi fondamentale intervenue en fin d’année et rendue publique par l’exécutif a suscité des réactions d’opinion et des acteurs divers de la classe politique gabonaise. Dans ce flot de réactions, celles de l’opposition étaient particulièrement présentes. Si les députés de l’opposition se sont manifestés devant l’Assemblée nationale, l’opposition dans sa globalité n’aura pas pesé de tout son poids pour faire reculer cette modification de la Constitution qui, au final, est passée comme une lettre à la poste.
L’opposition gabonaise est-elle encore vivace? A-t-elle encore un poids et une place dans le baromètre politique gabonais? Peut-elle encore faire plier l’exécutif sur une question fondamentale qui concerne la continuité de l’État et la survie de notre démocratie?
Ces questions mises en avant d’ordinaire lorsque inquiet, la quête de réponses de nature à nous rassurer est le fond de la démarche, les populations gabonaises, sans aucun doute, se les sont suite après avoir fait le constat de ce que la révision de la Constitution en pleine période d’état d’urgence a été adoptée par les deux chambres avec une facilité déconcertante.
La Cour constitutionnelle a dans son avis précisé que «les dispositions du texte ainsi votées sont compatibles avec l’ensemble des autres dispositions de la Constitution». Décision qui de facto, acte l’adoption de la loi fondamentale, qui précisons le, s’est faite en un temps record. Un contexte qui n’a pas nécessité une contestation véhémente et déterminée de l’opposition. Une déclaration de certains députés de l’opposition puis plus rien. C’est au contraire du côté de la société civile que les critiques les plus tenaces ont été enregistrées.
Le collectif «Touche pas à ma terre» a notamment qualifié cette modification constitutionnelle d ’« opération scélérate ». Les de cette plateforme ont relevé cette «énième révision de la Constitution, réalisée selon la procédure d’urgence, au forceps et à la hussarde, dans un contexte d’état d’urgence sanitaire qui interdit tout débat public sur des questions fondamentales touchant à la vie de la Nation est inédite », at-on pu lire.
Autre réaction, celle de Paul Marie Gondjout, secrétaire exécutif de l’Union nationale et candidat à la présidence qui est parti qui plutôt vu en cette énième modification de la constitution, une porte ouverte pour enfin évoquer la question de la vacance de pouvoir. Avec cette modification de la Constitution et en particulier son article 13, nous allons enfin pouvoir «toucher du doigt le problème dont tout le monde parle depuis le 24 octobre 2018, c’est – à – dire l’état de Santé d’Ali Bongo Ondimba qui perturbe gravement le fonctionnement régulier des pouvoirs publics. Enfin nous allons pouvoir en parler. Enfin nous allons pouvoir organiser cette vacance pour le bien de notre pays, pour le bien du Gabon », a-t-il indiqué.
Pour Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre et ancien candidat à l’élection présidentielle d’août 2016, cette modification de la constitution est inopportune car la raison évoquée, celle de combler le vide juridique ne saurait prospérer. «Le bien-fondé de ce projet de modification de la constitution n’est pas pour l’heure exposée. Mais ce qui est certain, il ne vise pas à améliorer notre métabolisme politique, social ou moral. Pour autant que l’on sache, le PDG dispose, en l’état actuel, des majorités nécessaires à l’Assemblée nationale et au Sénat pour gérer toute transition qui s’avérerait nécessaire. Il n’est donc pas utile de triturer la constitution à moins que cette opération ne cache des intentions inavouables », a-t-il écrit sur son compte facebook.
Avec GMT