«Nous savons que cette affaire a troublé l’ordre public et a suscité l’émoi, et les pharmaciens sont très préoccupés par cette vente illicite de médicaments. Que cette grâce intervienne moins de six mois après la décision qui a été rendue au tribunal régional de Diourbel, cela pose problème. Mais plus encore, la légalité de la mesure, parce que pour qu’il y ait grâce, il faut qu’il y ait une décision définitive.
Comment se fait-il qu’on puisse gracier quelqu’un alors que la décision n’est pas définitive ? Et ce qui s’est passé hier à la Cour d’appel, c’est que la cour s’est rendu compte que le détenu n’était plus en détention. Dans son dossier, il y avait aucun élément pouvant attester une libération légale. Ça inquiète les citoyens et ça alimente également toute cette pathologie qui entoure la justice sénégalaise», explique l’avocat.
A la question de savoir est-ce qu’il y aura une responsabilité particulière, Me Dioma Ndiaye souligne qu’il y a sûrement un dysfonctionnement quelque part. «Du point de vue de l’éligibilité, parce que pour être éligible à une grâce, il faut une décision définitive ; or, là, il y en n’avait pas. Il devait être rejugé en appel.
Et ensuite les grâces, c’est généralement pour des petites infractions, des petites peines de six mois ou des moins d’un an et qu’on fait un pari sur la personne pour lui dire qu’on vous accorde une grâce et permettre de vous insérer dans la société. Et la gravité des infractions est du fait du caractère non définitif de la décision. Je ne crois pas également qu’il y ait égalité dans cette affaire. Et si tel est le cas, il doit y avoir des sanctions», répond-il.
Concernant les sanctions soulignées par l’avocat, il détaille : «D’abord, il y a un rapport qui a été établi à l’attention du président de la République, des propositions ont été faites. Quels sont les acteurs qui ont intervenu ? A quel niveau on a pu introduire le dossier dans le circuit pour que grâce s’ensuive ?» Cependant, Me Dioma Ndiaye n’écarte pas la thèse des relations diplomatiques qui ont abouti à des tractations au plus haut niveau entre le Sénégal et la Guinée. Car le trafiquant est de la nationalité guinéenne.