À la moitié de sa première année parlementaire, Guy Marius Sagna dévoile un bilan de mandat sans détour. À la clé : 267 initiatives parlementaires, mais aussi une dénonciation vigoureuse de pratiques jugées contraires aux engagements de rupture de son parti, PASTEF.
Installée le 2 décembre 2024, la 15e législature de l’Assemblée nationale du Sénégal a vu l’un de ses députés les plus actifs prendre la parole six mois plus tard, chiffres à l’appui. Guy Marius Sagna annonce avoir initié 264 questions écrites, 2 propositions de résolution pour des commissions d’enquête et 1 proposition de mise en accusation de l’ancien président de la République. Le député affirme avoir reçu plus de 93 réponses du gouvernement, soit un taux de retour de 35 %.
Ziguinchor en priorité
Près de 10,5 % de ses actions parlementaires ont directement concerné le département de Ziguinchor, qu’il représente. Parmi les faits concrets mis en avant :
- 150 millions FCFA de la Chambre de commerce locale versés à un hôtel dirigé par le même président : une situation dénoncée qui a conduit, selon lui, à une réaction gouvernementale.
- Des volontaires du service civique payés après 9 mois d’attente, suite à ses interpellations.
- Une ambulance promise au poste de santé de Gassane, attendue pour le 14 juin.
Un plaidoyer contre les privilèges et l’opacité
Dans son rapport, le parlementaire met également en lumière des pratiques internes à l’Assemblée nationale qu’il estime incompatibles avec les idéaux de bonne gouvernance et de rupture :
- Distribution de vivres aux députés pendant le Ramadan.
- Attribution de billets de pèlerinage financés par des fonds publics.
- Décisions prises sans consultation, y compris sur la question sensible de l’achat de véhicules aux députés.
Sur ce dernier point, il révèle avoir déposé une question écrite dès janvier 2025 pour demander une interdiction ou un encadrement strict de ces acquisitions, qu’il considère comme un luxe injustifiable.
Un appel à la cohérence et à l’auto-exigence
Se référant à des figures de la pensée politique africaine comme Thomas Sankara, Mamadou Dia ou Amílcar Cabral, Guy Marius Sagna appelle à une révolution éthique à l’intérieur même des institutions. Il estime que les élus doivent donner l’exemple en rompant avec les logiques de confort personnel et de gestion informelle.
« Notre loyauté est envers le confort du peuple – notre seule boussole – et non envers notre confort personnel », affirme-t-il.
Vers une réforme du fonctionnement parlementaire
Enfin, le député invite à une démocratie interne renforcée, au sein même de son groupe parlementaire, soulignant la nécessité d’une gouvernance collective, transparente et responsable :
« D’ici octobre ou au plus tard décembre 2025, il est possible de corriger les pratiques incompatibles avec la réalité de notre peuple », conclut-il.
Avec ce bilan sans concession, Guy Marius Sagna revendique une pratique politique en rupture avec les habitudes parlementaires, portée par l’idéologie de terrain, la reddition de comptes et la fidélité aux principes de justice sociale.