En Inde, les manifestations contre une nouvelle loi controversée sur la citoyenneté se poursuivent ce mardi 24 décembre. La contestation est la plus forte depuis 10 jours notamment à Delhi et dans l’État d’Uttar Pradesh.
Plusieurs rassemblements sont prévus ce mardi dans ces deux États. Plusieurs manifestations pro-gouvernement ont également été organisées à travers le pays pour enrayer cette vague de contestation. Elle s’est déjà soldée par la mort d’une vingtaine de manifestants depuis le 11 décembre dernier. La grande majorité des manifestants ont été tués par balles, selon les médias indiens.
De nombreux manifestants ont convergé vers le centre de New Delhi ce mardi après-midi, malgré l’interdiction de ce rassemblement annoncé par la police. Plusieurs d’entre eux sont des étudiants de l’université Jamia Millia Islamia. Elle a été le théâtre d’une des manifestations les plus violemment réprimées la semaine dernière.
Dans l’État d’Uttar Pradesh, internet a été suspendu pour la cinquième journée consécutive dans la ville de Lucknow, où le Premier ministre Narendra Modi doit se rendre en déplacement ce mercredi 25 décembre. Dans cette même région, des affrontements, parfois meurtriers, ont éclaté dans plusieurs localités.
140 personnes arrêtées à Delhi
Les figures de proue de l’opposition, Rahul Gandhi et sa soeur Priyanka Gandhi, ont été empêchés par les forces de l’ordre de gagner la ville de Meerut. Ils étaient venus rendre visite aux familles des manifestants décédés lors de ces affrontements.
De nouvelles manifestations ont également été organisées dans d’autres régions du pays, notamment à Calcutta, où la cheffe du gouvernement de l’État, opposante coriace au BJP, le parti au pouvoir en Inde, mène la contestation.
Ce lundi, 140 personnes ont été arrêtées lors de manifestations à Delhi. Le même jour, dans le Sud, à Bangalore, au moins 100 000 personnes ont défilé de manière pacifique pour s’opposer à cette nouvelle loi sur la citoyenneté.
Une défaite pour le BJP
Narendra Modi a choisi de ne pas fléchir. Lors d’un grand meeting politique à New Delhi, ce dimanche 22 décembre, il s’est attaqué aux violences perpétrées par les manifestants, et défendu les forces de l’ordre. Il a affirmé que les partis d’opposition répandaient des mensonges sur cette nouvelle loi sur la citoyenneté.
Addressing a huge rally at Ramlila Maidan in Delhi. Watch. https://www.pscp.tv/w/cM8cQDMyMjExNTJ8MWxER0xvZ1Bqcm1LbeUKva_ga_9ZGSO7vm872nKc9qYohPUomfMkOqzgCOtz …
Narendra Modi @narendramodi
Addressing a huge rally at Ramlila Maidan in Delhi. Watch.
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Le BJP a également lancé une campagne de sensibilisation. Elle vise à expliquer aux Indiens les bienfaits de cette nouvelle loi sur la citoyenneté, pour contrer la contestation à travers le pays. Le BJP a également perdu les élections à l’assemblée régionale dans l’État du Jharkhand dans l’est de l’Inde ce lundi.
Si elle n’est pas directement liée au débat national sur la loi sur la citoyenneté, cette défaite marque toutefois un revers pour la politique du parti au pouvoir. Elle survient également après deux autres défaites dans d’autres régions ces derniers mois.
Les Indiens craignent l’adoption d’un registre national de citoyens
Les conséquences de l’application de ces nouvelles lois sur la citoyenneté sont difficiles à déterminer pour l’instant. Le Citizen Amendment Act, adopté le 11 décembre, permet aux réfugiés non-musulmans venus du Pakistan, de l’Afghanistan et du Bangladesh d’obtenir la nationalité indienne. Cette mesure est jugée discriminatoire envers la communauté musulmane par les opposants à cette loi, et contraire à l’esprit laïque de la Constitution indienne.
De nombreux Indiens craignent que l’adoption à travers l’Inde d’un registre national de citoyens, une liste officielle des habitants considérés comme Indiens, mette en danger des millions de personnes qui ne sont pas en mesure de prouver leur nationalité.
Le Premier ministre indien a tenté de faire marche arrière ce dimanche. Il a notamment annoncé qu’aucun plan à l’échelle nationale n’avait été mis en place. Ces propos sont toutefois en contradiction avec ceux de son propre ministre de l’Intérieur. Amit Shah a, lui, promis à plusieurs reprises la mise en place de ce registre, afin de combattre l’immigration illégale.
Avec Reuters