Le Sénégal semble s’engager sur une pente glissante où l’État de droit et l’égalité devant la loi sont gravement mis en péril. La série d’arrestations récentes, dont celles de Moustapha Diakhaté, ancien parlementaire, et du journaliste Adama Gaye, s’inscrit dans un cadre inquiétant de répression politique orchestrée par le pouvoir en place. Ces arrestations, aux motifs souvent flous et arbitraires, sont le reflet d’une justice devenue sélective et instrumentalisée.
Depuis l’arrestation de 80 membres de l’équipe de campagne de « Samm sa Kaddu » durant la campagne électorale, le Premier ministre, en apparentement avec Ousmane Sonko, semble avoir mis en place un véritable plan d’action judiciaire visant à éliminer toute forme de contestation. La liste des personnes à poursuivre paraît désormais préétablie, et chaque action judiciaire semble répondre à une commande politique. Cette série d’interpellations, loin d’être un hasard, participe d’un processus où la justice n’est plus qu’une arme au service du pouvoir.
Moustapha Diakhaté, qui n’a fait que s’exprimer librement et critiquer les dérives de la gouvernance du Premier ministre, est un exemple frappant de cette justice biaisée. Depuis quand donner son avis devient-il un délit au Sénégal ? Dans le même registre, Adama Gaye, journaliste et observateur de la scène politique, est également visé pour avoir exercé son droit à l’information et à l’expression. En quoi ses propos diffèrent-ils de ceux d’autres médias, parfois plus complaisants envers le pouvoir en place ?
La question se pose : pourquoi ces deux personnalités sont-elles arrêtées, alors que d’autres, pro-gouvernementales, continuent à distiller leurs discours sans aucune conséquence ? Cette différence de traitement met en lumière l’inégalité devant la loi et la dérive vers une justice politisée.
Le pays est en train de perdre son âme démocratique. L’État de droit, jadis pilier de la société sénégalaise, est aujourd’hui en agonie, victime d’une justice sélective. Les libertés individuelles sont aujourd’hui étouffées sous le poids d’un pouvoir qui, par la manipulation de l’appareil judiciaire, cherche à maintenir son autorité. Cette situation traduit une volonté manifeste de réduire au silence toute opposition et toute voix dissidente.
Il est urgent que la société civile, l’opposition politique et tous les citoyens épris de liberté se lèvent contre cette dérive autoritaire. Par tous les moyens constitutionnels possibles, il est nécessaire de défendre les principes fondamentaux de la démocratie et du respect des droits humains. L’ONU, les organisations internationales et les partenaires du Sénégal doivent impérativement mettre en lumière la situation des droits humains dans le pays et intervenir pour éviter un glissement vers un régime autocratique.
Enfin, cette situation soulève la question du cycle d’impunité qui perdure, symbolisé par la loi d’amnistie des crimes de 2021 à 2024, qui a effacé des crimes graves sans prendre en compte les droits des victimes. Ce type de pratique, qui viole les droits à la vérité, à la justice et à la réparation, constitue une forme de négation de la justice et de l’impunité pour ceux qui se croient au-dessus des lois.
Il est impératif que Moustapha Diakhaté et Adama Gaye soient libérés immédiatement. Leur incarcération est une atteinte aux principes de liberté d’expression et d’égalité devant la loi. Le combat pour la défense des droits humains et des libertés publiques doit se poursuivre, afin de garantir que le Sénégal retrouve le chemin de la démocratie et de la justice pour tous.