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La démocratie africaine à l’épreuve du troisième mandat : légalité et légitimité du coup d’État.

Nés pour la plupart à partir des années mille neuf cent soixante à la suite d’un processus progressive de décolonisation partie de l’indépendance du Ghana et du refus de la Guinée de rester dans la communauté française, les anciennes colonies ont connu une marche démocratique tumultueuse cadencée par des renversements de régimes tantôt doux, tantôt sous la poudrière et le peuple innocent en chair à canon sacrifié sur l’autel de la boulimie du pouvoir, des guerres tribales, ethniques et des règlements de comptes entre de vieux amis rongés par les vicissitudes du pouvoir.
L’Afrique a une conception du pouvoir unique à elle seule ; pour l’homme africain, le pouvoir est souvent confondu à celui qui l’incarne. Cet héritage remonte de l’époque tribale et des royaumes où un monarque solitaire exerçait un droit de vie et de mort sur ses sujets.
Cette avancée à course de caméléon, y égard à la fréquence des interruptions, est plus que troublante à voir ce qui se passe ailleurs dans les autres continents.
Entre renversement de régime et sédentarisation au pouvoir, on a tendance a versé dans l’hyper présidentialisme qui conduit inéluctablement à une monarchisation du pouvoir de jadis partis pour être des Etats libres, modernes et démocratiques, on se retrouve forcément devant des dictatures.
On voit ainsi émergé çà et là des dictateurs autoproclamés. Rien d’étonnant à cela c’est en réalité notre conception à l’africaine du pouvoir.
Cette gestion sombre et ténébreuse du pouvoir sur le continent en complicité avec des forces occultes silencieusement à travers des lobbies qui ont fini de faire des ramifications dans tous les secteurs vitaux des économies des pays africains.
Les peuples assistent impuissamment à leur asservissement sans complainte ni complaisance. Quelle passivité pour un aussi géant peuple ?
Afrique, mon Afrique !
Afrique des fiers guerriers !
Une Afrique des guerriers qui se battent comme de bons gladiateurs non pas pour la gloire et le salut de leur continent mais plutôt pour le contrôle du pouvoir à des fins claniques et d’accaparement de toutes les ressources de la nation toute entière. Et pendant ce temps, arrive Ali Baron qui s’empare en toute discrétion de nos précieuses richesses par des jeux de cache-cache à travers des contrats.
Quel tragique destin d’un peuple qui a connu les premières plus grandes civilisations de l’humanité ?
Ils allument le feu en nous mettant en mal les uns des autres et ils viennent jouer aux complices. Ce refrain fut chanté des décennies durant. Nous ne nous sommes jamais posé la question à savoir qu’est-ce-qui a positivement sur notre quotidien ?
Point de s’apanager sur l’immensité des ressources que regorge le continent africain !
Nous sommes presque le premier un peu partout pour ce qui est des ressources naturelles les plus prisées du monde.
A la conférence de Boole, l’occident nous vendait encore et encore un modèle de démocratie et de gouvernement sans lequel cesserait tout tutorat de l’ancien colonisateur sur nos faibles et fébriles Etats.
Bonjour l’ère de la limitation des mandats, de la transparence dans l’organisation et le déroulement des élections, de la bonne gouvernance et de la rationalisation des dépenses publiques. Cette approche vue par l’autre de la gouvernance en Afrique n’a pas été sans conséquences. De nombreux Etats verront leur tissu économique se détériorer au fil des années.
La plupart des pays optèrent, pour répondre aux exigences de la communauté internationale, pour un quinquennat renouvelable une seule fois tandis que d’autres plus avides de pouvoir sont restés dans leur septennat limité à deux.
Il est à noter pendant ce temps une oscillation entre les deux pour ce qui de la durée du mandat présidentiel dans certains pays. On fait des allers-retours entre septennat et quinquennat de façon en faire sauter le verrou de la limitation
Néanmoins les alternances furent assez souvent nombreuses dans bon nombre de pays.
Un nouveau souffle qui montre de la vitalité démocratique de l’évolution des peuples et des Etats. Ce qui n’a pas empêché de temps à autre de faire sauter le verrou de la limitation de mandats avec son lot de conséquences allant jusqu’à ayant entraîné des morts d’hommes et même de certains chefs d’État au pouvoir dans certains pays.
Tous ces efforts de marche des peuples et des nations n’ont nullement empêché la continuité des coups d’État militaires en Afrique.
Dans certains pays, le phénomène est devenu un cycle à fréquence régulière de renverser les présidents démocratiquement élus ! Ça commence, pour la plupart des cas, par des révoltes populaires pour qu’arrive les « libérateurs » qui promettent la démocratie qu’ils ont assassinée par leurs premiers en déposant celui qui a été régulièrement et légitiment choisi par le peuple, seul souverain détenteur du pouvoir.
Peu importe leurs pêchés, les président élus sont un choix de la majorité du peuple. La suite on la connait tous. Les militaires ne sont pas faits pour le pouvoir.
Nous en avons de douloureux exemples qui taraudent encore nos esprits et hantent nos rêves de républicain à la recherche d’un idéal démocratique pour le bien-être des populations.
Le peuple qui refuse un troisième mandat, l’opposition qui mobilise la rue pour dire non à un mandat de trop ou à une candidature de trop est devenu un fait divers de notre quotidien.
On assiste à des morts d’hommes, qui tombent comme des mouches, jusqu’à ce que la situation soit intenable. La situation devient insupportable pour le peuple qui se voit étouffer par un blocus de toute la vie économique et institutionnelle du pays pour qu’enfin l’armée vienne en messie sauveur d’un peuple désemparé.

Prenant prétexte le dernier référendum constitutionnel en Guinée voisine, qui est synonyme de tripatouillage constitutionnel, j’avais lancé un appel solennel à la jeunesse africaine. Aujourd’hui, avec la nouvelle donne en République sœur de Côte d’Ivoire, je me vois le devoir réitérer cet appel !
Il ne s’agit pour moi ni d’indexer encore moins d’accuser qui que ce soit dans un contexte d’eaux troubles dans presque tous les jeux politiques des États. Mais plutôt d’interpeller pour plus de courages dans le choix de nos systèmes politiques.
Nous tenons à préciser qu’une troisième candidature n’est pas forcément un troisième mandat. Suivez mon regard ! C’est juste une volonté émise par un homme d’être reconduit président de la République. C’est au peuple souverain d’en décider du sort qu’il lui réserve !
Le message doit s’adresser aux peuples et non aux politiques.
Peu importe notre position personnelle sur la question, ayons le courage en tant que jeunesse africaine de faire des choix justes et judicieux pour une Afrique prospère et unie dans un monde globalisé où seuls les grands ensembles communiquent entre eux.
Pour la plupart des cas de destructions des pays dans des conflits intestins, on laisse un homme saper le socle d’un Etat au nom de la démocratie jusqu’à son agonie pour que l’armée vienne afin prendre le pouvoir vacillant par la force. Et pour qu’au lendemain de ce sinistre dessein qu’il se retrouve au cœur d’un comité ou d’une commission de réconciliation nationale pour continuer à conspirer sur le dos d’un peuple innocent.
Réveillons-nous alors qu’il temps pour prendre nos responsabilités en défendant l’État et rien que la République avec principe et abnégation dans toute la rigueur de la loi et du règlement !
Nous réitérons notre ardent choix porté sur un Président de la République légalement élu et devenu par la suite impopulaire plutôt qu’un chef de l’État issu de la rue où d’un coup de force militaire.
Il est certes vrai que l’africain adore le pouvoir jusqu’à vouloir y rester à vie. Mais, il y a un réel problème de succession au pouvoir en Afrique. On a beau avoir les élections les plus transparentes au monde, mais le jeu opposition-pouvoir, qui à la limite doit faire preuve d’un véritable fairplay, est une réelle animosité qui ne dit pas son nom.
En voilà, me semble-t-il, une des raisons qui font les présidents africains s’accrochent au pouvoir à vie, rien que pour rester en vie.
Notre conception du pouvoir a toujours des élans royalistes. Le roi déçu est toujours condamné à mort s’il n’est pas banni de sa patrie. C’est le triste décor qui nous entoure !
Au lieu de s’opposer sur des questions urgentes de développement du pays, on s’attarder à des règlements de comptes qui n’ont pour objectif que de tuer l’ancien roi pour asseoir une notoriété au nom roi comme quoi, le royaume ne peut et ne doit avoir qu’une seule tête à porter la couronne.

Amadou THIAM

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