La sentence prononcée contre le journaliste Madiambal Diagne, dans le procès l’opposant au Président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), est «rétrograde», selon la Fondation des médias de l’Afrique de l’Ouest (Mfwa). La Mfwa appelle l’Etat du Sénégal à «dépénaliser les délits de presse».
Dans le procès opposant le journaliste Madiambal Diagne au président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), la sentence est lourde. Une condamnation à 6 mois de prison dont 3 mois ferme et à une amende de 500 mille F et 5 millions F Cfa de dommages et intérêts à payer au juge Téliko. La Fondation des médias de l’Afrique de l’Ouest (Mfwa) dénonce ce verdict. «Sans vouloir commenter le fond de l’affaire, nous estimons rétrograde que dans un pays démocratique un journaliste ait fait l’objet de poursuites pénales et d’une peine privative de liberté pour diffamation dans l’exercice de ses fonctions», réagit l’organisation dans un communiqué de presse. Le Mfwa rappelle ainsi que la tendance dans le monde libre est à la dépénalisation des délits de presse, en particulier la diffamation. «Nous appelons les autorités sénégalaises à agir pour assurer la libération de Diagne et à engager le processus de modification du cadre juridique des médias afin de dépénaliser les délits de presse», souligne le Mfwa qui salue la décision de M. Diagne de faire appel de la condamnation. Ce soutien du Mfwa intervient après celui de l’Union de la presse francophone (Upf) qui reste convaincue que Madiambal Diagne «a apporté la preuve de ses prétentions lors de son procès».
L’affaire opposant Madiambal Diagne à Souleymane Téliko est partie d’une émission sur la Rfm le 29 mars dernier. Dans le cadre du «Grand jury», Babacar Fall recevait Madiambal Diagne. Accusé d’avoir indûment perçu des frais de voyage dans le cadre du procès de l’ancien Président tchadien Hissein Habré devant les Chambres africaines extraordinaires, le juge Téliko a traîné le journaliste en justice. Malgré les preuves, le Tribunal a tranché en faveur du magistrat. Une décision que M. Diagne a estimée «injuste» dans la mesure où elle a été prise «sur la base de considérations extrajudiciaires».