La région du Sine-Saloum a échappé au pire de l’épidémie qui a jusqu’à présent infecté plus de 3 100 personnes à travers le pays. Mais des restrictions de voyage strictes ont nui à ceux qui vivent de ce qu’ils gagnent grâce à l’hospitalité, à la vente d’artisanat ou au transport de visiteurs à travers les forêts de mangroves riches en oiseaux du delta.
« Cela donne envie de pleurer un peu », a déclaré Lopez, examinant le complexe désert de l’hôtel qu’il dirige, Les Cordons Bleus.
Il est en mesure de continuer à payer à ses 15 employés un salaire réduit grâce à un prêt d’urgence du gouvernement pour soutenir une industrie qui représentait environ 4% du PIB en 2017. Mais d’autres n’ont pas autant de chance.
De l’autre côté du lagon silencieux, sur l’île de Mar Lodj, les femmes qui gagnaient jusqu’à 17 $ par jour en vendant des paniers tissés et des souvenirs sculptés peinent à subvenir aux besoins de leur famille.
« C’est tout ce que nous avions », a déclaré Amy Diouf, 50 ans, en époussetant les marchandises invendues dans la cour de sa maison au toit de chaume.
Même si les visiteurs internationaux sont autorisés à rentrer bientôt, le hiatus de deux mois signifie que le nombre de touristes cette année sera bien inférieur aux 1,7 million de personnes qui ont passé des vacances au Sénégal en 2019.
Certains habitants, comme le guide Pierre Diouf, âgé de 32 ans, espèrent pouvoir combler le déficit en attirant davantage de visiteurs nationaux chaque fois que l’interdiction de voyager entre les régions sera levée.
Il avait l’habitude d’organiser des voyages de camping et d’observation des oiseaux à travers les voies navigables classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, mais gagne maintenant un quart de ce qu’il a fait, en attrapant du poisson dans son bateau peint «Les aventuriers du Saloum».
«Même si c’est difficile, nous continuons de sourire», a-t-il déclaré dans son village de Dangane, où chaque restaurant sur le front de mer ensoleillé était vide.