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Les crânes des résistants algériens enfin rapatriés La terre d’Algérie accueille ses héros

Les martyrs sont de retour. Gloire à nos guerriers ! Emouvant était l’hommage rendu, hier, à la veille de la célébration du 58e anniversaire de la Fête de l’indépendance et de la jeunesse, aux dirigeants et membres des résistances populaires à l’agression coloniale française.

Ce jour est historique ; les restes de nos martyrs capturés par les Français puis décapités et leurs crânes exposés comme des trophées de guerre au Musée de l’homme à Paris ont été enfin restitués.

Il est 13h18, le ciel est dégagé, la visibilité bonne et les vents légers, l’avion militaire C-130 transportant les 24 crânes des résistants algériens à l’invasion et la colonisation françaises en provenance de France, escorté par quatre avions de chasse des forces aériennes ont survolé par deux fois la baie d’Alger avant de se poser sur le tarmac de l’aéroport international Houari Boumediène.

Vingt et un tirs de canon et une parade des parachutistes des forces spéciales ont accompagné l’arrivée sur le sol des 24 chahids, dont les cercueils étaient recouverts de l’emblème national.

Privés depuis plus de 170 ans du droit naturel et humain d’être inhumés, les restes mortuaires des 24 résistants algériens qui se trouvaient au Musée naturel de Paris seront enfin enterrés dans le giron de leur terre natale pour laquelle ils ont donné leur vie et auront une sépulture à la hauteur de leur noble sacrifice.

Les 24 crânes rapatriés hier appartiennent, entre autres, à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif Boubaghla, qui a mené une insurrection populaire dans la région du Djurdjura, en Kabylie, au Cheikh Bouziane, le chef de la révolte des Zaâtcha (région de Biskra en 1849), à Moussa El Derkaoui, son conseiller militaire, et à Si Mokhtar Ben Kouider Al Titraoui et d’autres de leurs frères, dont un jeune résistant d’à peine 18 ans de la tribu de Beni Menasser, nommé Mohamed Ben Hadj.

Cette cérémonie d’accueil des cercueils a été présidée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en présence des officiels, notamment le chef du gouvernement et son staff, de hauts gradés de l’armée, à leur tête le chef d’état-major de l’ANP, le général-major Saïd Chengriha, le général d’armée, commandant de la Garde républicaine Benali Benali.

Le président Tebboune a accompagné les dépouilles de Boubaghla et ses compagnons sur le passage en revue des honneurs de la Garde républicaine. Les dépouilles ont été, par la suite, déposées sur des socles en bois décoré par des gerbes de fleurs à l’intérieur de la salle de l’aéroport.

Après la lecture de la Fatiha et l’hymne national, les cercueils ont été acheminés vers le palais de la culture Moufdi Zakaria. Ils seront exposés au public durant toute la journée d’aujourd’hui dans le hall du Palais pour un dernier hommage, avant d’être enterrés demain au carré des martyrs du cimetière El Alia.

L’enterrement demain à El Alia

Pour le président Tebboune, il s’agit là d’une première étape de rapatriement des restes mortuaires des résistants algériens. Elle sera suivie par d’autres opérations similaires, et ce, jusqu’à la mise en terre sur le sol national de l’ensemble des restes des martyrs exfiltrés vers la France pour servir de «pièces  de musée».

«Le rapatriement des restes mortuaires des autres chouhada déportés post mortem suivra, car l’Etat est résolu à mener à bout cette entreprise pour réunir tous nos chouhada sur cette terre qu’ils ont tant chérie et pour laquelle ils ont sacrifié ce qu’ils avaient de plus cher, leur vie», note le président Tebboune.

Et d’ajouter : «Loin de rester otages du passé, la convocation de notre histoire, avec ses détails, ses peines et ses joies, pour préserver la mémoire nationale et évaluer notre présent, ses points positifs et ses insuffisances, sont un repère pour nos enfants et petits-enfants dans l’édification d’un avenir radieux et serein et la construction d’une personnalité forte et solide, respectueuse des fondements, principes et valeurs de la nation.»

Hier lors de son discours lu à cette occasion, le général-major Chengriha a rendu hommage au Président et à toutes les personnes qui ont fourni des efforts considérables et ont travaillé dans la discrétion totale pour que les crânes de nos martyrs soient rapatriés.

Tebboune et Chengriha ont rappelé que la célébration de la Fête de l’indépendance cette année sera l’un des moments «forts de l’histoire de la nation» à la faveur de la récupération de ces restes mortuaires de ces héros qui ont affronté l’occupation française brutale entre 1838 et 1865 et que l’ennemi sauvage a décapités en représailles avant de transférer leurs crânes outre-mer pour qu’ils ne soient pas un symbole de la Résistance à l’occupation française. Pour les autorités, l’Etat se devait d’honorer ses dettes envers ces chouhada…

Noms des résistantsdont les crânes ont été restitués par la France

• Chérif Boubaghla

• Mehanta Aissa El Hammadi compagnon de Boubaghla

• Bouziane, chef de la résistance des Zaâtcha

• Si Moussa, compagnon de Bouziane

• Chérif Boukadida, dénommé Bouamar Ben Kadida

• Mokhtar Ben Kouider El Titraoui

• Said Merabet, dont la tête a été coupée en 1841 à Alger

• Un crâne non identifié d’une tête coupée en 1841 dans la région du Sahel

• Amar Ben Slimane d’Alger

• Mohamed Ben Hadj, âgé de 17 ou 18 ans, issu de la tribu des Beni Menasser

• Belkacem Ben Mohamed El Djandi

• Ali Khlifa Ben Mohamed, âgé de 26 ans et tué à Alger le 31 décembre 1838

• Kaddour Ben Yettou

• Said Ben Dehlis de Beni Slimane à Médéa

• Saadi Ben Saad des environs de Skikda

• El Habib Oueld [nom incomplet], né en 1844 à Oran

• Une tête non identifiée, datant de 1865 qui reste conservée grâce au mercure et au séchage solaire

• En plus de neuf autres crânes que le comité scientifique n’a pas encore identifiés pour l’instant

Avec El Watan

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