Le département américain du Commerce autorise Huawei à conserver ses réseaux existants jusqu’au 19 août. Il l’autorise aussi à fournir des mises à jour logicielles pour les consommateurs américains en possession d’un téléphone de la marque.
Jeudi dernier, Donald Trump a pourtant placé le géant chinois des télécoms sur une liste noire. Une décision qui empêche Huawei d’acheter des produits fabriqués aux États-Unis. Or, ses téléphones sont équipés de composants et de logiciels américains.
L’administration n’annule pas la sanction mais elle juge ces trois mois de sursis nécessaires pour que l’entreprise chinoise et ses partenaires commerciaux américains puissent s’adapter. Le département du Commerce a indiqué qu’il étudierait la possibilité de prolonger ou non ce délai au-delà de 90 jours.
Les mesures contre Huawei ont déjà soufflé un vent frais sur les Bourses. Le titre d’Alphabet, la maison mère de Google qui a annoncé couper les ponts avec Huawei, a cédé un peu plus de 2% à Wall Street. Les deux entreprises sont en discussion « pour trouver une réponse ».
Les actions de fabricants de semi-conducteurs ont, elles aussi, chuté. Moins 6% pour le fabricant de puces Qualcomm et moins 3% pour le fournisseur de microprocesseur Intel. Selon Bloomberg, les deux groupes avaient annoncé à leurs employés qu’ils ne feraient plus affaire avec l’entreprise de Shenzen.
Huawei est « prêt » à faire face
Mais du côté du géant chinois, le fondateur de Huawei a répété ce mardi que le groupe s’était préparé à l’interdiction de la Maison Blanche, rapportenotre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde. « Ce délai de 90 jours n’a pas de sens pour nous, a insisté ce matin Ren Zhengfei. Nous n’avions pas besoin de ces trois mois supplémentaires, nous sommes prêts ».
Et la botte secrète de Huawei face à la menace existentielle que constituent les restrictions américaines pourrait être un système d’exploitation (OS), remplaçant maison d’Android, du nom de « Hong Meng » selon le compte officiel We Chat de « l’Institut de recherches du sang bleu », l’un des labos high-tech du groupe.
Ce système, dont le nom est tiré des canons taoïstes, « est prêt », assure encore Yu Chengdong, le chef du département smartphone de Huawei dans des propos rapportés ce mardi par le quotidien LesNouvelles de Pékin.
Lors de la conférence de presse donnée au siège du groupe à Shenzhen, le fondateur et directeur général de la marque au tournesol en a profité pour remercier les personnels du groupe : 5 000 employés sont restés mobilisés pendant les vacances de la fête traditionnelle du printemps en février dernier pour se préparer aux mesures de Washington.
Des remerciements également adressés aux entreprises américaines qui ont « contribué au développement de Huawei » tentant « de convaincre le gouvernement américain de ne pas prendre de sanctions ». Une allusion notamment aux fabricants de semi-conducteurs américains sur lesquels s’appuient les équipements de télécommunications 5G Huawei, des sociétés basées aux États-Unis qui collaborent depuis de longues années avec le groupe chinois.
Les entreprises américaines qui risquent d’être touchées
Les effets de la mise au ban de Huawei par Washington pourraient avoir des conséquences graves pour les entreprises américaines qui fournissent l’équipementier chinois.
À commencer par les fabricants de semi-conducteurs et de puces électroniques. Un grand nombre de producteurs américains ont indiqué qu’ils allaient cesser de fournir des composants et logiciels sensibles au géant chinois. Le journal Bloomberg en cite quelques-uns, comme le fabricant de microprocesseurs Intel, le producteur de puces Qualcomm ou encore Broadcom, le fabricant de semi-conducteurs.
La banque Morgan Stanley a désigné quelques autres acteurs de la haute technologie, comme l’informaticien Micron Technology, Xilinx, Skyworks Solutions et Qorvo – qui sont des entreprises de semi-conducteurs -, ou encore Analog Devices.
Des sociétés qui fournissent Huawei, et pour lesquelles couper les ponts avec l’équipementier chinois signifierait de perdre une partie de leur business, de devoir se confronter aux perturbations dans le suivi des commandes ou même de devoir licencier une partie de leurs effectifs.
En somme, des entreprises sur lesquelles repose un grand pan de l’économie américaine, et qui pourraient être autant que le groupe chinois victimes de la confrontation entre Pékin et Washington.