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Les pêcheurs, qui seraient dans le creux de la vague à cause de la «crise» qui secoue leur secteur d’activité, ont bruyamment manifesté hier sur la Rn 1

Les pêcheurs, qui seraient dans le creux de la vague à cause de la «crise» qui secoue leur secteur d’activité, ont bruyamment manifesté hier sur la Rn 1 pour fustiger les accords signés entre le Sénégal et l’Union européenne. Malgré les assurances du ministre de la Pêche et la Délégation européenne à Dakar, la polémique continue à enfler.

Les pêcheurs artisanaux font l’actualité. Hier, l’Union nationale des pêcheurs artisanaux du Sénégal (Unapas) a barré la route nationale en brûlant des pneus. Evidemment, tous les jeunes n’étaient pas d’accord avec cette «décision» extrême qui a été courtée. Mais la colère était palpable à Thiaroye-sur-Mer. En décidant de sortir de leur environnement naturel, c’est qu’ils devaient avoir une véritable raison pour manifester : le courroux est provoqué par la signature des accords de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne, qui cristallise depuis quelques semaines l’exaspération des acteurs de la pêche.
Face au refus du préfet de Dakar d’autoriser leur marche, l’Unapas a manifesté dans les différentes plages du Sénégal. Les pêcheurs de Thiaroye, Mbour, Yarakh et Soumbé­dioune, qui se sont retrouvés, ont cloué au pilori Alioune Ndoye, ministre de l’Economie maritime, qui n’a aucune «considération» pour l’Unapas. «Nous dénonçons la présence des bateaux de pêche qui détruisent les ressources halieutiques. Nous ne sollicitons pas d’emploi de l’Etat. Nous avons notre travail, mais il faut que l’Etat sécurise la mer», soutient Mamadou Faye, porte-parole des pêcheurs. Il renchérit : «Les matériels pour notre travail sont très coûteux. Les filets, les moteurs, les accessoires connaissent une hausse extraordinaire. Il n’y a aucune subvention alors que le secteur est laissé en crise. Même le bois pour fabriquer les pirogues, on n’en voit plus.»
En même temps, ils dénoncent la présence des bateaux étrangers qui ont une «capacité» de nuisance «terrible». «100 bateaux sont là, on ne sait comment ils ont eu des autorisations. On en sait beaucoup parce que c’est nous qui allions en mer», poursuit M. Faye. En décidant de faire des vagues, les pêcheurs essaient de se faire entendre pour pousser le gouvernement à se pencher sur leurs préoccupations. Moustapha Diop, président de l’Unapas, contient à peine sa colère pour décrire la situation dans laquelle se trouve le secteur de la pêche. «Cette situation est déplorable. Aujour­d’hui, la pêche artisanale est K.o, les pêcheurs souffrent en silence. Vous avez vu, toute la population est sortie. Et c’était pour ces raisons qu’on avait décidé d’organiser une marche à la Place de l’Obélisque. Nous avons entamé une grève de 72h pour nous faire entendre. Si l’Etat ne réagit pas, d’autres plans d’actions vont être mis en place pour défendre notre cause», prévient le président de l’Unapas.
Il faut savoir que l’accord de pêche signé entre l’Union européenne et le Sénégal est fortement contesté par plusieurs acteurs du secteur. Dans son dernier communiqué, l’Ue assurait qu’«il n’existe pas de concurrence entre la flotte démersale de l’Ue et les pêcheurs artisanaux du Sénégal…». Elle rappelle d’ailleurs que tous ses protocoles avec le Sénégal ont été paraphés en toute transparence. «L’Ue est la seule actrice de pêche distante à concrétiser la transparence dans la négociation et la gestion de ses accords conclus pour l’accès aux zones économiques exclusives de ses partenaires, conformément au Droit de la mer», soutient-elle. S’agissant du nouveau protocole qui a été signé le 18 novembre 2019, l’Union précise que «les négociations se sont déroulées en 2019, en étroite consultation avec les principaux acteurs privés sénégalais (armateurs, mareyeurs, industries). Avant la tenue des négociations en 2019, les représentants de l’Union ont également rencontré les acteurs de la pêche artisanale sénégalaise et ouest africaine afin d’échanger et de partager les résultats de l’appui sectoriel. Les Ong de la pêche artisanale ouest africaines ont publié leurs recommandations destinées aux négociateurs». Malgré ces précisions et assurances, la colère des pêcheurs artisanaux est loin de s’estomper.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avec LeQuatidien

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