Les récentes nominations d’Aoua Bocar Ly Tall au Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) et de Samba Ndiaye à la présidence du Conseil d’administration de la Sn Hlm, accompagnées d’autres décisions des nouvelles autorités sénégalaises, ont provoqué des débats houleux sur les réseaux sociaux, notamment au sein des partisans du parti Pastef/Les Patriotes. Ces décisions ont fait naître une vague de contestations parmi certains responsables, directeurs généraux et parlementaires, qui ont exprimé publiquement leur désaccord. Un climat de remise en question s’est installé, soulevant la question de l’évolution de la communication au sein du parti et de la nécessité de maintenir la discipline et la hiérarchie.
Face à cette situation, Ousmane Sonko, leader du parti, n’a pas tardé à intervenir pour rappeler ses militants à l’ordre. Lors de son discours en ligne en janvier 2025, Sonko a insisté sur l’importance de consolider certains principes républicains et de maintenir une discipline stricte dans les rangs du parti. Il a précisé que si les réseaux sociaux offrent un espace d’expression sans précédent, ils doivent aussi être utilisés avec retenue, notamment lorsqu’il s’agit de critiquer les décisions prises par les dirigeants.
Dans le même sens, Ayib Daffé, président du groupe parlementaire de Pastef, interrogé par Le Soleil, a souligné que le parti dispose de structures internes (sections et cellules) permettant de transmettre les préoccupations des militants aux autorités du parti. Il a réaffirmé la nécessité de respecter les règles de la hiérarchie et d’éviter une dérive de l’expression publique qui pourrait affaiblir la cohésion du parti.
Les spécialistes en politique, dont Mamadou Sy Albert, analyste, et Moussa Diaw, enseignant-chercheur en Sciences politiques, ont également abordé la question de la communication interne au sein de Pastef. Selon M. Sy, cette fronde interne devrait être résolue au sein du parti, sans que cela n’affecte l’image du président de la République ni la stabilité du pays. Il a souligné qu’il est crucial de rappeler aux responsables occupent des fonctions étatiques l’importance de leur devoir de réserve vis-à-vis des décisions de l’exécutif, en insistant sur le respect de la hiérarchie et de la solidarité interne.
Pour M. Diaw, il est primordial de maintenir une séparation nette entre l’État, qui gère le fonctionnement du pouvoir, et le parti politique, porteur d’un projet. La confusion entre ces deux sphères pourrait compromettre la bonne marche du pays. Il a insisté sur la nécessité de renforcer la formation des militants de Pastef afin d’éviter toute cacophonie au sommet de l’État, et de prévenir les risques de fragiliser l’autorité du gouvernement à travers des contestations internes.
Le rôle des réseaux sociaux dans la politique moderne, bien qu’ils permettent une expression plus libre, doit donc s’accompagner d’une grande responsabilité. Les tensions internes qui surgissent au sein de Pastef, si elles ne sont pas gérées avec une discipline de fer, pourraient avoir des conséquences néfastes pour l’image du parti, mais aussi pour la gouvernance du pays. Les responsables de Pastef devront veiller à maintenir un équilibre entre la liberté d’expression et la cohésion interne pour ne pas nuire à leur autorité et à l’efficacité de l’État.