L’obtention d’un bâtiment servant de maison des archives est un besoin prioritaire pour la direction des archives du Sénégal dans la mise en œuvre de sa stratégie nationale, a indiqué, Makhone Touré, conservateur dans cette structure de l’Etat.
Makhone Touré était vendredi à Thiès dans le cadre d’une exposition sur ‘’l’histoire du Sénégal à travers les archives’’, dans le cadre de la semaine internationale des archives.
Il pense que l’obtention d’un bâtiment d’archives est plus urgente que la numérisation des archives souvent évoquée.
‘’Les gens parlent de numérisation à tout bout de champ, mais nous actuellement, ce qui nous intéresse en tant que direction, pour pouvoir installer notre stratégie nationale des archives, c’est au moins d’avoir un bâtiment d’archives’’, a dit M. Touré.
‘’Si nous avons ce bâtiment, cela va nous permettre de dérouler la politique nationale des archives’’, a poursuivi l’archiviste, non sans ajouter : ‘’sans bâtiment, il nous sera très difficile de faire ce que l’on veut faire’’.
Les Archives nationales ont cessé depuis les années 1980, de recevoir des documents, faute d’espace au sous-sol du building administratif, où elles étaient logées de 1954 à 2016.
Depuis 2016, la direction des archives avait quitté le building, qui était en réfection, pour être abritée provisoirement aux 4C, où elle est toujours.
Etant donné l’absence d’espace de stockage, la direction des archives avait décidé de laisser les archives aux institutions qui les produisent, ‘’en attendant d’avoir une maison des archives pour les récupérer et voir s’il y a possibilité de les numériser’’, a expliqué M. Touré.
‘’On nous a promis une maison des archives au niveau de Diamniadio, (mais) jusqu’à présent, nous attendons’’, a-t-il dit.
Selon lui, un projet de numérisation en partenariat la France a été suspendu, du fait de ce déplacement des archives, même si la France avait numérisé, par la suite, une grande partie des archives.
La direction des archives du Sénégal conserve 18 km linéaires d’archives, compte non tenu des documents gardés dans les services ou dans les régions.
Ancienne capitale de l’Afrique occidentale française, Dakar constitue une ‘’exception’’ en termes d’archives, car si dans les autres colonies la France avait expédié les archives après les indépendances, elle les avait laissées sur place.
Ce qui fait que ce fond d’archives est ‘’très usité’’ par des étrangers et des gens venus d’anciennes colonies africaines, pour le règlement de différends frontaliers, ou pour des documents liés au foncier.
‘’La situation des archives n’est pas au beau fixe’’, admet M. Touré, même s’il précise qu’ ‘’on ne peut pas dire que l’Etat ne fait rien, dès l’instant qu’il a recruté du personnel et a trouvé un local’’. ‘’ si on devait donner une note, on dirait peut mieux faire’’, a-t-il ajouté.
Pour lui, la loi 2006/19 du 30 juin 2006 faisant obligation aux organisations publiques et privées de conserver les archives, entre en ligne de compte dans ces efforts de l’Etat.
Avant toute destruction d’archives, ces dernières doivent demander un visa à la direction. Une autorisation qui n’est délivrée qu’après qu’une mission de la direction des archives a vérifié si les documents en question présentent ou non un ‘’intérêt historique’’.
A l’image de la direction nationale, le service régional des archives de Thiès créé depuis 1984, ne dispose pas non plus d’espace propre. Il est hébergé à la gouvernance de Thiès, où il occupe deux bureaux et un dépôt, où il conserve 42 mètres linéaires d’archives, a dit son chef Ndiogou Fall.
‘’Nous sommes dans la même situation du point de vue du traitement, de la conservation et de la préservation de ces archives’’, relève-t-il. Selon lui, ‘’le service n’a pas de moyen de conservation, ni de mobilier, ni les endroits adéquats pour cette conservation’’.
En termes de personnel, il y a deux archivistes pour s’occuper des archives de toute la région, poursuit-t-il, tout en notant : ‘’ ce n’est pas rien, mais ce n’est pas suffisant’’.
Lors de ses inspections dans les structures publiques et privées, le service régional se rend compte que ces dernières sont tout aussi confrontées à un manque d’espace de stockage et de personnel qualifié pour classer les archives et les rendre disponibles.
Soulignant l’importance des archives, M. Fall estime que leur destruction est un ‘’danger’’ pour l’Etat, car, vu leur caractère ‘’unique’’, les archives ne sont pas reproductibles. Par exemple, il estime que la destruction des documents prouvant qu’un véhicule appartient à l’Etat, équivaut à détruire ce bien dont il ne peut pas justifier la propriété.
D’ailleurs, note-t-il, l’administration est la ‘’première utilisatrice’’ des archives, qui constituent la base de tous les actes qu’elle pose. Il voit une corrélation entre une bonne tenue des archives et une bonne gestion de nos finances et de nos matériels.
Avec Aps