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Mali : L’Afrique de l’Ouest et l’ONU condamnent le « putsch » contre le président Keïta

Mutinerie ou coup d’Etat, la situation reste confuse au Mali. Le président Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre Boubou Cissé ont été arrêtés mardi en fin d’après-midi par des militaires en révolte, dont des éléments ont ensuite fraternisé avec des manifestants qui réclament depuis des mois le départ du chef de l’Etat. Un renversement aussitôt dénoncé par l’Afrique de l’Ouest, l’ONU et la France.

En quelques heures, la mutinerie qui a éclaté dans la matinée dans la garnison de Kati s’est muée en tentative de coup d’Etat, condamnée par la communauté internationale, et notamment la France, qui a déployé 5.100 militaires au Sahel, en particulier au Mali, dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

«Nous pouvons vous dire que le président et le Premier ministres sont sous notre contrôle. Nous les avons arrêtés chez lui» (au domicile du chef de l’Etat à Bamako), a déclaré à l’AFP un des chefs de la mutinerie, qui a requis l’anonymat. Les mutins ont ensuite pris le contrôle du camp et des rues adjacentes, avant de se diriger en convoi vers le centre de la capitale, selon un correspondant de l’AFP.

Dans Bamako, ils ont été acclamés par des manifestants rassemblés pour réclamer le départ du chef de l’Etat aux abord de la place de l’Indépendance, épicentre de la contestation qui ébranle le Mali depuis plusieurs mois, avant de se diriger vers la résidence du président Keïta, selon la même source.

Condamnation de l’Afrique de l’Ouest

La Communauté des Etats ouest-africains a condamné dans la foulée l’action de «militaires putschistes», exigeant la libération du président malien et de son Permier ministre, et annonçant des mesures immédiate dont la fermeture des frontières.

Dans un communiqué, l’organisation régionale «condamne avec la plus grande fermeté le renversement par des militaires putschistes du gouvernement démocratiquement élu du président Ibrahim Boubacar Keïta», confronté depuis plusieurs mois à une vague de contestation sans précédent depuis le coup d’Etat de 2012. La Cédéao «dénie catégoriquement toute forme de légitimité aux putschistes et exige le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel», déclare le communiqué.

Une crise sociale profonde

Depuis plusieurs semaines, une coalition hétéroclite d’opposants politiques, de guides religieux et de membres de la société civile multiplie les manifestations pour réclamer le départ du président Keïta, accusé de mauvaise gestion. A cela s’ajoute une « situation sociale délétère », selon la dirigeante syndicale Sidibé Dédéou Ousmane.

Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques du Mali (M5-RFP), qui mène cette contestation, a refusé jeudi dernier une rencontre avec le président Keïta, fixant notamment comme préalable la fin de la « répression » contre ses militants. Le week-end du 10 juillet, une manifestation à l’appel du Mouvement du 5 juin a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers.

L’UE condamne la « tentative de coup d’Etat en cours au Mali »

La France a réagi, condamnant ce mardi « avec la plus grande fermeté » la « mutinerie » et réaffirmant « avec force son plein attachement à la souveraineté et à la démocratie maliennes », selon une déclaration du ministre des Affaires étrangères. Le président français Emmanuel Macron a exprimé « son plein soutien aux efforts de médiation en cours de la Cédéao », a indiqué ce mardi l’Elysée. Le chef de l’Etat « suit attentivement la situation et condamne la tentative de mutinerie en cours », a ajouté la présidence.

Dans la soirée de ce mardi, le chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borrell a « condamné » mardi « la tentative de coup d’Etat en cours au Mali ». Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU a par ailleurs été programmée pour ce mercredi. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé mardi soir à la « libération immédiate et sans conditions » du président malien.

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