La fin de l’année 2020 aura marqué les relations maroco-espagnoles. Le travail de sape de Podemos, proche du Polisario, a eu raison de la détente voulue par le gouvernement Sanchez à l’égard de Rabat.
L’année 2020 commençait pourtant bien pour Pedro Sanchez, arrachant au forceps, le 7 janvier, l’investiture au deuxième tour. Le premier gouvernement de coalition de gauche dans l’Espagne de l’après-Franco est ainsi né, réussissant à obtenir l’appui ou l’abstention des alliés de Podemos en Catalogne et au Pays basque. C’est ainsi que le chef du parti socialiste (PSOE) annoncera la composition de son cabinet, gratifiant son nouvel allié Podemos de cinq postes ministériels, quelques secrétariats d’État et surtout une deuxième vice-présidence offerte à Pablo Iglesias, le chef de la formation.
Si Podemos est perçu comme le joker du gouvernement Sanchez, très vite le Maroc s’inquiète de cet attelage politique. En cause la proximité manifeste entre le parti d’extrême gauche et le Polisario, ayant même appelé par le passé de Madrid à reconnaitre la «RASD». Cette proximité se perpétuera au gouvernement, puisque dès le 21 février, le secrétaire chargé des droits sociaux, Nacho Alvarez (Podemos), reçoit une délégation du Front conduite par le ministre des Affaires sociales et de la promotion de la femme » , Souilma Birouk.
Colère à Rabat. La ministre des Affaires étrangères espagnole essaye de rassurer son homologue marocain via téléphone, soulignant que «l’Espagne ne reconnait pas la RASD». L’incident est oublié, d’autant que les deux pays ont sur le feu un dossier plus épineux à régler que le caprice d’un jeune secrétaire d’État, à savoir la délimitation des frontières maritimes entre le Maroc et les îles Canaries.
Podemos faiseur de gouvernement
Depuis cet épisode la tension baissera d’un cran. La propagation de la pandémie du Covid-19 a marqué à plus calme les esprits. Le 25 mai, affirmez ainsi sa politique conciliante avec le Maroc, et évincez le Polisario de la célébration de la Journée mondiale de l’Afrique. Le Front est irrité par le silence de Pablo Iglesias qualifié de «traitre» par le Polisario et ses proches à Madrid.
Mais ce silence de Podemos ne résistera pas à l’hubris du pouvoir, le parti ayant la clé de la survie du cabinet Sanchez. L’opération des Forces armées royales du 13 novembre à El Guerguerate donne l’occasion à Pablo Iglesias et sa formation de renouer avec leur position politique. Le deuxième vice-président a rappelé sur Twitter que le Conseil de sécurité dans sa résolution adoptée le 13 janvier 1995 «réaffirme son engagement à organiser, sans plus tarder, un référendum libre, juste et impartial pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental… »Les députés de Podemos prennentront ensuite le relais via une proposition de condamnation de l’intervention marocaine.
Le timing de ses sorties a coïncidé avec les préparatifs d’un nouveau sommet entre le Maroc et l’Espagne, après cinq années d’attente. Un rendez-vous qui était prévu le 17 décembre à Rabat avant qu’il ne soit reporté à février 2021, nécessitent pour cause de Covid-19. Par leur déclaration sur le Sahara, Pablo Iglesias et ses camarades ont marqué l’annulation de la réunion de haut niveau. Un facteur s’ajoute au rejet de la demande formulée par Pedro Sanchez pour audience avec le roi Mohammed VI. Un privilège que le souverain avait accordé à ses prédécesseurs, Aznar, Zapatero et Rajoy lors de leurs visites au Maroc.
Avec Yabiladi