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Mesures draconiennes pour endiguer la propagation du virus prises par les pays asiatiques : Pourquoi ces stratégies de riposte sont difficiles à appliquer en Algérie

Les stratégies de riposte contre le coronavirus diffèrent d’un pays à l’autre. Les pays asiatiques, comme la Chine, la Corée du Sud, Taiwan et Hongkong, qui ont réussi à contenir la propagation rapide du virus, est un exempls à suivre. Les mesures prises par ces pays semblent néanmoins difficiles à appliquer en Algérie.

Dépistage massif : Les défaillances Dz

«Testez, testez, testez ! Testez chaque cas suspect», a exhorté le haut responsable de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en soulignant que cela s’inscrivait dans une stratégie bien précise pour circonscrire l’épidémie. La détection précoce est un facteur fondamental pour contenir la propagation de la pandémie.

Force est de reconnaître que la politique algérienne pèche par un manque flagrant de tests et l’incapacité de les réaliser. Seul au front, l’Institut Pasteur, malgré tous les efforts déployés, a vite été submergé. A en croire les chiffres annoncés par le président de la République dans son discours à la nation, le 17 mars dernier, nous disposions à cette date de 6000 kits de test et 15 000 autres étaient en voie d’acquisition.

En tout et pour tout, selon l’Institut Pasteur, près de 2500 tests ont été effectués depuis le diagnostic du patient zéro, pendant que la Corée du Sud a testé pas moins de 10 000 personnes par jour. La mise en service d’autres centres de dépistage à Oran, Constantine, Tizi Ouzou et Ouargla devrait avoir un impact sur le nombre de cas déclarés sans réellement changer la donne.

Dans la mesure où les prix de ces tests sont prohibitifs, l’Algérie – et même certains pays européens– est contrainte de les utiliser avec parcimonie.

Une circulaire transmise aux médecins souligne que les tests sont strictement réservés aux personnes symptomatiques ayant séjourné dans les pays à risque ou ayant été en contact direct avec des cas positifs au Covid-19. Une politique qui a été critiquée par L’Oms.

Son patron a mis en garde contre le fait de ne tester que les cas présentant les symptômes les plus graves : les données obtenues ne seraient pas fiables pour les statistiques et la pratique encourage ceux qui présentent des symptômes plus légers à continuer de propager le virus.

Pour réussir cette mission, la Corée du Sud a mis en place des mesures innovantes comme le «drive test», consistant en une cinquantaine de stations de test rapide au volant, où il ne faut que 10 minutes pour effectuer l’ensemble de la procédure.

Les résultats des tests sont disponibles en quelques heures et sont transmis à la personne testée qui aura renseigné un document avec ses coordonnées. En Allemagne également, beaucoup d’experts font le lien entre cette stratégie de dépistage massif et le faible nombre de décès enregistrés.

Une stratégie claire d’isolement des cas suspects

L’un des éléments de base pour la maîtrise d’un virus consiste en la mise en place d’une stratégie claire et efficace pour repérer les personnes ayant été en contact avec les malades à travers des interviews des personnes infectées et même, comme cela a été fait à Hongkong et Singapour, la vérification des caméras de sécurité ou des registres de transport.

Autre mesure choc adoptée dans les pays asiatiques ayant constaté une baisse de cas : l’isolement de tous les cas suspects. En Chine, les personnes ayant une température élevée sont envoyées dans des«cliniques de fièvre» et testées pour la grippe. S’ils sont positifs au Covid-19, ils sont isolés dans ce qui a été baptisé «hôtels de quarantaine» pour éviter d’infecter leurs familles.

Idem pour les malades sud-coréens, même avec de légers symptômes du coronavirus. Ils bénéficient d’une prise en charge et sont placés en quarantaine dans des centres de formation professionnelle et autres installations publiques transformés en «centres de vie et de traitement», pour faire face à la pénurie des lits d’hospitalisation et préserver les structures hospitalières en charge déjà des autres pathologies.

Le fait est que ces pays ont affuté leurs armes lors des récentes épidémies du SARS et du MERS et que la stratégie ne souffre aucune imprécision.

En Algérie, bien qu’un travail ait été entamé avec les épidémiologistes pour mener des enquêtes et détecter les personnes suspectes dans l’entourage des cas positifs, le dispositif est encore balbutiant. Un centre de tri des malades a également été mis en place à Blida, sans pour autant prouver son efficacité.

Utilisation des masques de protection

Contrairement à nous, les pays asiatiques avaient déjà la culture du port des masques de protection, bien avant la propagation du Covid-19.

En Corée du Sud, nombreux sont les bâtiments qui affichent «Pas de masque, pas d’entrée». Il est consternant de savoir qu’en Algérie, le personnel soignant en première ligne ne dispose pas (ou très peu) des masques aux normes pour recevoir les cas suspects.

Le ministre délégué à l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, a affirmé que 8 millions de masques sont disponibles et 5 millions d’autres sont attendus de l’étranger «pour répondre aux besoins des citoyens».

A titre comparatif, la France – très critiquée sur ce point – va importer en urgence 600 millions de masques (soit cent fois plus) depuis la Chine dans un pont aérien inédit entre les deux pays.

Susciter de faux espoirs ferait plus de mal que de bien

Est-on allés trop vite en besogne pour mettre en place un protocole à la chloriquinine ? Tedros Adhanom Ghebreyesus, le patron de l’OMS, a condamné l’administration de médicaments aux patients infectés par le coronavirus avant que la communauté scientifique se soit accordée sur leur efficacité.

Cela pourrait, selon lui, «susciter de faux espoirs et même faire plus de mal que de bien en entraînant des pénuries de médicaments essentiels pour traiter d’autres maladies». Aujourd’hui, la question divise la communauté scientifique.

Transparence et implication de la population

Malgré une crise sanitaire d’une grande ampleur, les responsables algériens n’ont pas rompu avec la langue de bois et le manque de transparence. L’information continue des citoyens a été pourtant l’une des éléments- clefs de la Corée du Sud pour endiguer le mal.

Les autorités sud-coréennes ont, en effet, misé sur la mise à la disposition de leurs citoyens de toutes les informations nécessaires pour assurer leur sécurité. Deux fois par jour, des points de presse sont organisés. Des messages d’alerte par téléphone portable sont transmis aux personnes vivant ou travaillant dans les districts où de nouveaux cas ont été confirmés.

Sous nos latitudes, sans doute dans la perspective de ne pas ameuter les citoyens, les responsables ont tendance à minimiser la gravité de la situation, à l’exemple du directeur de l’Institut Pasteur qui a indiqué à l’APS que «le nombre de cas confirmés de corona en Algérie est faible par rapport à d’autres pays du monde» ou du président de la République qui a dit, dans son discours à la nation que «la situation est sous contrôle».

La technologie pour endiguer la maladie

Les pays asiatiques ont déployé un arsenal technologique, recourant à l’intelligence artificielle, aux drones et aux objets connectés pour endiguer la maladie.

En Chine, des drones ont été réquisitionnés pour le suivi médical des individus confinés. Équipés de caméras thermiques, ils contrôlentla température des individus de chaque habitation en évitant les contacts humains. Les habitants appelés se placent sur leur balcon afin que soit mesurée leur température corporelle par les thermocapteurs des drones.

À Hongkong, les autorités ont imposé le port d’un bracelet connecté à tout individu placé en quarantaine présentant des symptômes du virus. Ces e-bracelets, associés au smartphone, permettent de géolocaliser les individus cibles afin de les empêcher de quitter leur domicile.

En Corée du Sud, la traçabilité des cas confirmés est assurée grâce aux transactions financières via leur carte de crédit et le suivi des communications téléphoniques pour détecter les personnes avec lesquelles ils ont été en contact.

Plus près de chez nous, la Tunisie a mis en place un robot patrouilleur, P-Guard, pour assurer le respect du confinement par les citoyens.

Avec Alwatan

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