Pays hôte de la prochaine Coupe du monde de football (novembre-décembre 2022), le Qatar ne va pas faire exception le temps de l’événement et va continuer à appliquer ses lois et règlements. Ainsi, les tenues sexy, l’alcool, le sexe hors mariage, tout est interdit aux visiteurs. Certains craignent déjà une dénaturation du sens de cette fête du football mondial.
Dans moins de cinq mois, le monde entier, surtout les fans de football, vont vibrer au rythme de la Coupe du monde. Mais attention aux excès car au Qatar, cela ne va pas rigoler comme lors des autres mondiaux. En plus clair, d’après la presse occidentale, il n’y aura pas de sexe, ni d’alcool. « La culture de la boisson et de la fête après les matchs, qui est la norme dans la plupart des endroits, est strictement interdite », rapporte le Daily Star. Au Qatar, boire et être en état d’ébriété en public sont des infractions punies par la loi pouvant entraîner une peine de six mois d’emprisonnement.
Il est également formellement interdit les démonstrations d’affection en public, des relations homosexuelles et pour les femmes, il est exigé que les épaules soient « couvertes », et qu’il n’y ait pas de « jupes au-dessus du genou », ni de « décolletés profonds » encore moins de « vêtements moulants ».
De 100 coups de fouet à 7 ans de prison !
Les fans de football ont été avertis : les couples non mariés -d’où qu’ils viennent -sont passibles de cent coups de fouet s’ils sont pris en train d’entretenir des relations sexuelles. Les aventuriers d’un soir pourraient risquer jusqu’à sept ans derrière les barreaux lors de la prochaine Coupe du monde.
D’ailleurs, fin mai, l’émir du Qatar Sheikh Tamim Bin Hamad Al-Thani avait assuré que, lors du mondial, « tout le monde serait le bienvenu à Doha ».
« Nous accueillons tout le monde, mais nous attendons et nous voulons aussi que les gens respectent notre culture », tempérait-il cependant. «?Je veux aussi que tout le monde vienne, comprenne et apprécie également les différentes cultures. Nous vivons tous sur une même planète, mais chacun de nous a des cultures différentes. Nous accueillons tout le monde, mais nous attendons et nous voulons aussi que les gens respectent notre culture?», avait-il notamment expliqué.
Dans certains hôtels, des réservations ont déjà été annulées lorsque les différents locataires d’une même chambre n’avaient pas le même nom de famille.
Une situation qui a suscité de vives réactions dans le monde entier et notamment sur la toile. Beaucoup s’interrogent sur le sens et l’esprit festif de cette compétition internationale.
L’avis tranché de deux journalistes sénégalais
Seneweb a donné la parole à deux journalistes sportifs sénégalais qui ont engrangé plus de deux décennies d’expérience professionnelle, mais « sans jamais vivre une situation pareille ». Il s’agit, en effet, de Cheikh Fantamady Keita, du quotidien national Le Soleil, et Abdoulaye Thiam de Sud Quotidien, par ailleurs président de l’Association nationale de la presse sportive (Anps). Ils sont tous les deux d’avis que chaque pays a ses lois et règlements, ses us et coutumes qu’il faut respecter, « sauf si on se rend compte que ces lois et règlements transgressent les conventions internationales ».
Keita, qui a relevé la « spécificité » des pays arabes du Golfe, pense qu’à travers ces déclarations, les autorités qataries veulent prévenir les visiteurs, les touristes, les supporters et même les journalistes « que telle ou telle pratique est interdite sur leur territoire ». Maintenant, dit-il, ce sera aux visiteurs, dans leur ensemble, de pouvoir quand même respecter ces interdits. « C’est un pays foncièrement islamique, ils ne veulent pas donner une mauvaise image de leur pays », ajoute le journaliste, qui a couvert 10 Can, deux JO et un Mondial.
Pour sa part, le président de l’Anps soutient que le mondial est une compétition inclusive. « Quand vous acceptez d’accueillir une coupe du monde, vous êtes tenus de respecter ce qu’on appelle, à la Fifa, à la Caf, à l’Uefa…, un cahier de charge. Dans le cahier de charge de la Fifa, une coupe du monde, elle est inclusive. Par exemple, vous ne pouvez pas dire que j’ai des relations diplomatiques extrêmement heurtées avec Israël, donc les Israéliens ne peuvent pas venir au Qatar », dit-il, rappelant, dans la foulée, que le Mondial c’est sur la pelouse, mais aussi en dehors des stades, parce qu’étant la fête du football. « En 2018, Vladimir Poutine avait fait une sortie sur les Lgbtqi+, qu’il n’accepterait pas qu’ils exposent leur homosexualité dans les rue devant les enfants », appuie Abdoulaye Thiam.
Sur la question de savoir s’il y a risque de boycott notamment de la part des Occidentaux, nos deux interlocuteurs répondent par la négative. Car, d’après le journaliste du quotidien national Le Soleil, « le Qatar suscite des curiosités de la part des étrangers qui ne sont jamais allés dans ce pays. C’est la première fois que la Coupe du monde se déroule dans cette zone du Golfe et le pays a mis beaucoup de milliards dans l’organisation. C’est une fête du football mondial que la Fifa et le Qatar vont s’évertuer à offrir au public qui se déplacera ».
Allant plus loin, son confrère de Sud Quotidien évoque le Mondial de 2010, en Afrique du Sud : « cette année-là, on avait tout entendu, les Occidentaux ont stigmatisé ce pays, alors qu’il n’en est rien. La compétition s’est déroulée parfaitement ». « Cette année encore, poursuit M. Thiam, on avance que les Qataris ont dit ceci, ou cela, mais je n’ai jamais vu un document officiel. A l’en croire, le Mondial n’appartient pas seulement aux 32 pays qualifiés. La Fifa, c’est 2011 nations. Beaucoup de personnes ont décidé d’y aller pendant la Coupe du monde pour visiter ce pays.
Quoi qu’il en soit, Cheikh Fantamady Keita est d’avis que la Fifa a un rôle de sensibilisation à jouer afin de « faire comprendre aux gens (qu’ils vont) dans un pays qui a une culture différente des autres ». Mais pour Abdoulaye Thiam, le Qatar a déjà vendu sa culture au monde entier. « Récemment, je suis parti là-bas, je faisais partie d’une délégation de 6 journalistes africains. Nous avons tout visité. Le Qatar s’est préparé à ça. C’est un micro Etat mais qui a pu utiliser ses ressources gazières et pétrolières à bon escient. Ils veulent que tout le monde vienne pour découvrir leur savoir-être et leur savoir-faire », confie le président de l’Anps.
Interdiction de relations sexuelles hors mariage au Qatar : Pourquoi Abdoulaye Thiam « refuse d’y croire »
Président de l’Association nationale de la presse sportive (Anps), Abdoulaye Thiam « ne croit pas » aux informations relayées dans la presse anglaise faisant état d’interdiction de relations sexuelles hors mariage au Qatar le temps de la Coupe du monde.
« Je refuse d’y croire, parce que c’est extrêmement difficile de vouloir accepter une coupe du monde et de refuser qu’il y ait sur ton territoire des relations hors mariage. Comment est-ce que vous pouvez contrôler l’ensemble des gens qui sont là-bas ? D’ailleurs, nous les musulmans, ce que nous appelons mariage, ce n’est pas forcément le cas pour les juifs, encore moins pour les chrétiens. Forcément, il faut aussi dire que signifie le mariage pour les juifs, les musulmans, les non-croyants », a-t-il indiqué à Seneweb.
Il déclare avoir été au Qatar plus de 7 fois. « J’ai toujours été très bien accueilli, très franchement. J’ai respecté leurs coutumes, us, personne ne m’a jamais dérangé sur quoi que ce soit ». Mieux, ajoute M. Thiam, « j’ai regardé deux matchs de football pour les barrages intercontinentaux, le stade était plein et je n’ai jamais vu qu’on a menacé qui que ce soit. J’ai été au marché, j’ai vu des femmes et des hommes s’habiller en culotte ».
A ce titre, le patron de l’Anps appelle à « faire très attention à ce que nous consommons ». Pour lui, tout ce qui vient de la presse étrangère n’est pas forcément une vérité. « La Coupe du monde est inclusive, elle n’est pas discriminatoire », a insisté le journaliste.