Un certain Ousmane Sonko s’arroge le droit sacré de décréter qui est bon ou qui est mauvais, qui est intègre ou qui est pourri. Son modus operandi est simple et consiste à faire avec fracas des pseudo-révélations pour livrer en pâture, à l’occasion de conférences de presse, ceux ou celles qu’il considère comme ses potentiels ennemis ; ses cerbères organisent ensuite le lynchage dans les réseaux sociaux et dans la presse pour installer une terreur virtuelle chez les cibles. Tel fut le cas d’abord avec Antoine Diome, ministre de l’Intérieur, puis avec les magistrats Serigne Bassirou Guèye, procureur de République de Dakar et de feu Samba Sall, Doyen des juges du Tribunal de grande instance de Dakar. Maintenant, c’est au tour du général Moussa Fall et de l’Inspecteur général de police Thierno Bocar Yague. Le premier est le nouveau Haut-commandant de la gendarmerie et de la justice militaire, le second est le nouveau directeur général de la Police. Ces officiers qui ont fait leur brillante carrière sans histoire feront l’objet de dénigrement, de médisance, de calomnie, de diffamation, d’injures publiques parce que tout simplement ils ont été voués aux gémonies par le politicien qui se croit le plus vertueux des Sénégalais.
Sa machine de diabolisation très huilée est déjà à l’œuvre. Il y a quelques jours seulement, après sa dernière conférence de presse, un plateau spécial fut organisé sur Walf Tv pour noircir le général Fall. A cette édition du soir de 19 heures, le présentateur Moustapha Diop, le chroniqueur Pape Matar Diallo, récemment viré de SenTv pour mauvais comportement, et le journaliste Papis Sané, n’ont pas lésiné dans l’effort de salir le premier gendarme du pays. Ils ont fait œuvre d’une malhonnêteté intellectuelle qui fait honte à la noblesse du journalisme. En effet, avec une simplicité déconcertante, le journaliste «patriote» Papis Sané rabâchait aux spectateurs ce qu’il a retenu de plus sombre du fameux brûlot du tonitruant colonel Abdou Aziz Ndaw et les autres militants déguisés du Pastef, Moustapha Diop et Pape Matar Diallo, en faisaient des commentaires les plus biaisés. Ils ont ainsi peint ce valeureux soldat sous les traits d’un criminel, en se basant uniquement sur un livre écrit par un gendarme frustré. Ce Sonko est clairement dangereux pour la paix et la stabilité du Sénégal. Visiblement, il ne croit ni à la démocratie ni aux institutions de la République. Son action politique se résume principalement à brocarder les institutions de notre pays avec une insolence inouïe. Personne n’y échappe, du président de la République au fonctionnaire des rangs, en passant par les hauts magistrats, les officiers de l’Armée et de la police, le président de l’Assemblée nationale, les députés et les ministres. Son outrecuidance force la question de savoir si réellement Ousmane Sonko est Sénégalais, tellement le personnage est caractérisé par un manque de retenue et de pudeur dans ses violentes prises de position publiques.
D’ailleurs, il ne manque jamais une occasion pour montrer le mépris qu’il nourrit à l’encontre des Sénégalais qu’il considère sans exception comme faux et injustes. N’a-t-il pas récemment déclaré que les Sénégalais, sans exception, ne blâment que celui qui riposte à une agression et qu’ils sont toujours indulgents à l’endroit de celui qui a tort ? N’a-t-il pas péremptoirement dit qu’en cas d’interposition dans une querelle, les Sénégalais sans exception retiennent les mains de l’antagoniste le plus faible pour permettre au plus fort de prendre le dessus ? Ces déclarations avec leurs insinuations les plus saugrenues à l’encontre de nos régulateurs sociaux, tels que nos valeureux dignitaires religieux, dénotent d’une très rebutante impolitesse de la part de ce politicien d’un genre nouveau contre le peuple qu’il aspire diriger.
Sa récente sortie est une parfaite illustration de son manque de foi à la démocratie, à notre République et son option pour la violence dans l’arène politique. En effet, prétextant de la présence de nervis dans le cortège qui accompagnait le Président Macky Sall lors de sa tournée au Fouta, Sonko ne s’est pas seulement limité à une dénonciation vigoureuse de ce qu’il reproche à l’homme qu’il abhorre le plus au monde, en l’occurrence Macky Sall, comme l’aurait fait un leader épris de démocratie et pétri de paix. Au contraire, il a tout bonnement appelé ses partisans aux armes, à la violence avec une rage et une haine débordantes. Pourtant, ni lui ni ses proches ou encore moins les militants du Pastef n’ont été agressés par les soi-disant nervis de Macky Sall. Pourquoi est-il alors le seul membre de l’opposition à avoir demandé à ses militants de s’armer jusqu’aux dents ? Parce que tout simplement, il croit plus à l’argument de la force qu’à la force de l’argument. D’ailleurs, il répète comme un disque rayé que Macky Sall ne croit qu’au rapport de forces.
On ne peut que constater dès lors pour s’en indigner que le sieur Sonko soit en train d’exporter l’esprit de la rébellion du maquis vers les centres urbains. C’est avec cet esprit maléfique qu’il a envoûté des adolescents, des mineurs et les a transformés en hordes d’insulteurs et de diffamateurs dans les réseaux sociaux. Ces jeunes âmes sont possédées par le souffle de la rébellion urbanisée. Ils ne respectent et ne reconnaissent plus aucune institution de notre République. Leur maître à penser a tué en eux le civisme et les valeurs républicaines. L’endoctrinement que Ousmane Sonko exerce sur ces jeunes est d’une intensité telle qu’ils répondent à ses appels au mortal kombat pour occuper la rue et perpétrer des incendies criminels, des pillages d’établissements de commerce et toutes formes de destruction de biens publics ou privés. En réalité, le chef du Pastef a fait de ces enfants un bouclier humain qu’il peut utiliser comme chair à canon pour ses objectifs politiciens, adossés principalement sur la violence. C’est ainsi que 14 de nos enfants ont péri d’une mort insensée en mars dernier, des dérives provoquées sciemment par Ousmane Sonko, cité dans une affaire de mœurs devant la justice.
Ce qui est le plus déplorable est que Ousmane Sonko ne semble même pas regretter ces pertes en jeunes vies humaines. Tout au contraire, il semble s’en réjouir. Il se délecte visiblement de sa capacité insurrectionnelle qu’il pense pouvoir utiliser à volonté, à tout instant, contre la République et le gouvernement. Il a eu même le toupet de menacer les Sénégalais d’une deuxième vague plus dévastatrice. Le 23 juin 2021, à l’occasion du rassemblement du M2D aux Hlm-Grand Yoff, l’homme a récidivé en appelant ces pauvres enfants au combat et au sacrifice. Quel manque de conscience humaine et républicaine ! Quelle absence du sens des responsabilités. Il parle comme si une deuxième vague l’épargnerait, avec sa famille et les siens.
Revenant sur les injures dans les réseaux sociaux, le constat est qu’elles ont un impact psychologique tellement profond au point que personne n’ose plus dénoncer ouvertement Ousmane Sonko. La société civile ferme les yeux sur les énormités de l’ex-inspecteur des Impôts radié de la Fonction publique pour indélicatesse, et beaucoup de journalistes ont apparemment peur de dire la vérité et se livrent à une complaisance coupable. Parfois, en lieu et place du fauteur de trouble, ils préfèrent blâmer le gouvernement.
Souhaitons seulement que les nouveaux chefs de la gendarmerie et de la police aient suffisamment la carapace résistante pour endurer et faire face stoïquement aux injures, aux intimidations, à la diffamation et à toute la saleté qui sera déversée sur eux par la machine de diabolisation très rodée de Sonko et ses sous-fifres du web et des médias ! Ils doivent avoir suffisamment de cran pour exercer leurs responsabilités pour la sécurité des biens, des personnes et l’ordre public fortement menacés par les appels à des actes terroristes proférés par un politicien dont la crédibilité est fortement entamée par une rocambolesque affaire de mœurs. Il faut que des voix se lèvent pour extirper notre République de cette pernicieuse prise d’otage politicienne sans précédent. Ces voix doivent condamner sans complaisance ni détour l’entreprise de destruction de ce politicien qui apparemment n’est ni républicain ni démocrate. Sans quoi, nous serons tous complices et coupables devant l’histoire, et devant notre peuple, du chaos qui se profile à l’horizon.
Samba KANE TORODO
Consultant et analyste politique
sambakanetorodo@gmail.com