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Patient Coronavirus filmé par une blouse blanche: zoom sur les lourds Secret médicaux que portent les médecins

Les personnels de santé sont soumis au secret professionnel, pour ne pas dire au secret médical. Ils sont appelés à respecter les droits des patients. Il y a des secrets qu’aucun soignant ne dira jamais sur son patient. Même pas à son frère, sa sœur, sa mère, encore moins son conjoint. Beaucoup de médecins ont fait le serment d’Hippocrate. Ce qui suppose qu’ils ne doivent jamais dévoiler les informations obtenues dans le cadre de leur travail. Toutefois, il peut arriver que des praticiens « mentent » sur l’état de leurs patients.

Un externe travaillant au service d’hématologie dans une structure de la place confie avoir une fois réalisé des tests sanguins sur un enfant qui ne pouvait guère être le fruit du couple parental qui l’a emmené se faire consulter. Mais il ne pouvait, dit-il, ne pas informer la mère de l’enfant qui lui a demandé de garder le secret. Même cas pour ce gynécologue d’une clinique privée qui a une fois reçu en consultation une femme qui saignait en abondance. Elle avait menti à son époux sur sa situation. Mais comme les saignements continuaient, les médecins ont vite fait des prélèvements sanguins sur la femme. L’examen clinique leur a permis de trouver l’origine du saignement. Il s’agissait d’une déchirure dans le sexe, au fond du vagin. Le médecin, après avoir informé la patiente de cette lésion en profondeur, a procédé à une réparation chirurgicale pour arrêter l’hémorragie. « Je savais que c’était lié à un rapport sexuel traumatique. Elle était dans une relation extraconjugale. L’acte sexuel, ils l’ont fait trop vite et trop fort », a dit le chirurgien à qui la patiente a demandé de « ne rien dire » à son mari.

D’après notre interlocuteur gynécologue, ses collègues médecins et toutes les équipes soignantes doivent toujours garder ce genre d’informations confidentielles. « C’est une obligation déontologique et légale qui a une place prépondérante dans l’exercice de notre métier » insiste-t-il. Ce secret médical ne concerne pas seulement les informations liées à la santé du patient. C’est tout ce que le médecin a vu, entendu et compris dans l’exercice de sa fonction. Et qu’il doit taire, selon le coordonnateur territorial de santé publique au CHU de Nice, Ibrahima Konté. « C’est surtout l’identité des patients et les éléments permettant de les identifier. Le secret professionnel s’impose également aux personnes suivantes : les membres du personnel de l’établissement où le patient est pris en charge, les personnes en relation avec cet établissement, de par leurs activités, tous les personnels intervenant dans le système de santé », énumère-t-il de manière non exhaustive. Selon cet infirmier, le fait de relever une information qui relève du secret professionnel, sauf dans les cas autorisés, est puni d’une peine qui peut aller jusqu’à un an d’emprisonnement et d’une lourde amende financière.

Ce secret médical peut-il noyer le défaut humain ?
Le Coronavirus est apparu au mois de décembre à Wuhan, en Chine, où on a noté les premiers cas. Depuis lors, il poursuit son chemin et ravage presque tout sur son passage. Mais jamais, depuis cette apparition, l’identité des personnes atteintes n’a été exposée sur la place publique. Sauf un cas spécifiquement apprécié. Il s’agit de celui d’un Chinois guéri de la maladie. Mais au Sénégal, alors qu’on demande de refuser toute stigmatisation à l’endroit d’une personne, fut-elle un cas suspect, un personnel médical d’une structure sanitaire de la place a filmé un patient atteint de Coronavirus avant de le jeter en pâture à la face du monde entier. La vidéo circule depuis mardi sur le Net. Une « grande honte », selon Ibrahima Konté qui a tenu à rappeler à l’auteur de cette vidéo ses obligations professionnelles.
« Le secret médical interdit à tout médecin de communiquer à des tiers des informations sur son patient. Sauf dérogation, le secret médical couvre l’ensemble des informations concernant le patient dont le médecin a connaissance. Des informations qui lui ont été confiées, ce qu’il a vu, entendu ou compris ». Ce, encore une fois, même si le secret est parfois lourd à porter, selon notre gynécologue qui rappelle à cette blouse blanche qui vient de filmer et poster sur Facebook le patient atteint de Coronavirus que les secrets dont les praticiens sont dépositaires sont légion. Des secrets qu’ils sont obligés de garder.

Avec Pressafrik & Le Témoin

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