Pour «diffusion de fausses nouvelles», le président de l’Ong Horizon sans frontières est en prison depuis hier. «Déçu et scandalisé», fils avocat Me Moussa Sarr parle de délit d’opinion.
A l’inverse de l’itinéraire des migrants dont il se bat pour leur protection, Boubacar Sèye a embarqué depuis hier pour la prison de Rebeuss. Le président de l’Ong Horizon sans frontières a été placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction pour la diffusion de fausses nouvelles. Le magistrat-instructeur a finalement suivi à la lettre le réquisitoire du procureur à l’encontre de Boubacar Sèye qui a fait l’objet d’un retour de parquet lundi. Arrêté vendredi dernier à l’Aéroport international Blaise Diagne, le président d’Horizon sans frontières a passé le week-end à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane. Il lui est reproché, lors d’un entretien avec L’Observateur le 27 octobre 2020, d’avoir accusé l’État de détournement des fonds alloués par l’Union européenne dans la lutte contre l’émigration clandestine. «Je suis déçu et scandalisé en 2020 comme on arrête des personnes pour des délits d’opinion dans un pays qui se prétend démocratique», a réagi Me Moussa Sarr, joint en début de soirée.
Le délit de diffusion des fausses nouvelles est visé par l’article 139 du Code de procédure pénale qui prescrit un mandat de dépôt obligatoire. «On l’accuse pour des faits qui n’existent pas. Il n’y a aucune infraction. Boubacar Sèye s’est juste interrogé sur l’argent donné par l’Union européenne. Il n’accusé ni l’État ni une personne. L’État aurait pu juste répondre sur l’utilisation de ces fonds », plaide Me Sarr. Pour la robe noire, chaque citoyen a le droit de réclamer la reddition des comptes. «Au lieu de répondre aux interrogations, l’Etat judiciarise ce dossier. Il faut que l’État arrête de judiciariser le débat public », appelle Me Moussa Sarr.
Pour l’heure, les avocats de Boubacar Sèye attend qu’il soit entendu sur le fond pour une demande de liberté provisoire. Une requête qui devrait être déposée plutôt que prévue si l’état de santé du président d’Hsf se dégrade après la constatation d’un médecin. «Si sa santé est incompatible avec la prison, on va appeler une demande de mise en liberté provisoire. Pour l’instant, nous n’en sommes pas encore. Il a juste des maux de tête et des palpitations », présente Me Moussa Sarr.
Avec LeQuatidien