Les allers-retours des travailleurs étrangers et l’apparition des variant du Sars-CoV-2 en Algérie, depuis le mois de février dernier, alors que de nombreux Algériens sont toujours bloqués à l’étranger, ont enfin fait réagir le comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie.
La réunion hebdomadaire du comité tenue dimanche a été consacrée justement à cette question et sur les mesures sanitaires prises pour la fête de l’Aïd.
Reprenant le protocole sanitaire aux frontières adopté l’année dernière, le comité scientifique a réactualisé les recommandations selon la situation épidémiologique actuelle en Algérie, tout en mettant l’accent sur la traçabilité des personnes qui arrivent de l’étranger et surtout des pays à risque.
«Le comité scientifique est un organe consultatif. Nous avons effectivement émis des recommandations portant le protocole sanitaire aux frontières, qui a été déjà adopté l’année dernière au début de l’épidémie, pour permettre le rapatriement des Algériens bloqués à l’étranger. Nous avons donc actualisé ce protocole selon la situation épidémiologique actuelle», signale le Dr Abdelkrim Touahria, membre du conseil scientifique et président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens.
Et de rappeler que l’objectif est de permettre aux Algériens bloqués à l’étranger ou ceux ayant un motif impérieux de rejoindre leur pays au même titre que tous les étrangers qui rentrent en Algérie dans le cadre de leur travail. Le comité scientifique a donc insisté sur le contrôle rigoureux au niveau des aéroports et l’application stricte de toutes les recommandations.
Ces dernières portent donc essentiellement, a-t-il expliqué, sur l’obligation de présenter un test RT/PCR d’un délai ne dépassant pas 36 heures en plus d’un test antigénique qui sera effectué à l’arrivée à l’aéroport et qui sera aux frais des voyageurs. «Ces derniers seront soumis au confinement de dix jours dans des sites dédiés, également à leurs frais, quels que soient les résultats du test antigénique», a-t-il précisé.
Et d’ajouter que «les sujets positifs isolés seront pris en charge pour assurer la traçabilité et identifier d’éventuels nouveaux variants à travers le séquençage». A l’issue de ces dix jours de confinement, un test PCR obligatoire de contrôle sera soumis à l’ensemble des ressortissants et des étrangers.
Le Dr Mohamed Yousfi, chef de service des maladies infectieuses à l’EHS de Boufarik, rappelle que les spécialistes ont de tout temps recommandé le respect du protocole sanitaire aux frontières – sachant qu’il y a des travailleurs étrangers qui rentrent au pays – pour justement éviter l’introduction des variants. «S’il y a aujourd’hui les variant indien, britannique et nigérian qui circulent, c’est parce les recommandations de ce protocole sur lesquelles nous avons insisté n’ont pas été appliquées», a-t-il souligné. Le Dr Yousfi estime qu’«il n’y a aucun obstacle à autoriser les Algériens qui se trouvent à l’étranger dans des situations particulières ou qui, pour des motifs impérieux, désirent rentrer au pays.
Il suffit d’appliquer les mesures sanitaires aux frontières, telles que les tests de dépistage et le confinement à l’arrivée, comme cela se fait partout dans le monde», a-t-il déclaré. A l’issue de sa visite à l’EHS de Boufarik le jour de l’Aïd El Fitr, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a déclaré que le comité scientifique a émis des recommandations pour permettre aux ressortissants algériens et aux étrangers d’entrer au pays sous conditions pour éviter l’introduction des variants et la transmission de la Covid-19, vu que l’Algérie a des relations économiques et commerciales avec certains pays et qu’il y a des étrangers qui viennent dans ce cadre.
Il signale que les mesures prises s’inscrivent dans le cadre de la protection de nos concitoyens contre les nouveaux variants. «Nous avons mené une étude et donné des instructions, selon les orientations du comité scientifique, en vue d’autoriser prochainement l’entrée des Algériens et des étrangers sur le territoire national, mais dans le cadre de mesures très strictes», a-t-il indiqué.
Et de préciser que «les personnes entrant en Algérie, ressortissants ou étrangers, devront présenter, à leur arrivée, un test PCR de moins de 36 heures, et se soumettre à des tests que nous estimons fiables», en faisant référence au test antigénique. Et de signaler que «les sujets négatifs seront autorisés à entrer et seront informés des recommandations et consignes à suivre, alors que les sujets positifs seront, quant à eux, soumis à un confinement de 10 jours avec un test de contrôle au déconfinement».
Le ministre de la Santé a précisé que les frais d’hébergement et des tests seront à la charge des personnes concernées. Les voyageurs en provenance de pays où les variants sont très répandus seront soumis à d’autres examens, a- t-il ajouté, «sachant que les symptômes n’apparaissent pas systématiquement dès le début de la contamination».
Quant à la réouverture des frontières, Abderrahmane Benbouzid a tenu à souligner qu’elle ne relève pas de ses prérogatives. Effectivement, pour les membres du conseil scientifique, il n’est pas question pour le moment de réouverture des frontières mais d’un rapatriement ciblé pour les Algériens en difficultés à l’étranger, tout en respectant le protocole sanitaire aux frontières adopté depuis une année et réactualisé.
14 nouveaux cas d’infection par le variant indien de la Covid-19
Treize nouveaux cas du variant indien ont été enregistrés dans le sud du pays et un autre à Tizi Ouzou, portant le total à 20 cas, a indiqué le ministre de la Santé en marge de sa visite à l’établissement hospitalier de Boufarik.
«Il y a des travailleurs indiens et chinois qui travaillent dans des bases de vie au Sahara et dans d’autres régions du pays», a indiqué Abderrahmane Benbouzid pour justifier l’apparition de ces nouveaux variants, alors que les frontières sont fermées depuis mars et les rapatriements bloqués depuis avril dernier.
Rappelons que les premiers variants, à savoir britannique et nigérian, ont été détectés par l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA), dans le cadre des activités de séquençage relatives à la surveillance des variants du virus SARS-CoV-2, depuis le 25 février dernier, et la découverte, pour la première fois en Algérie, de 6 cas d’infection par le variant indien à Tipasa, annoncée le 3 mai.
A cette date, le nombre total des cas de variant britannique (B.1.1.7) s’élève à 180 cas, alors que celui du nigérian (B.1.525) dépasse les 200 cas, selon l’IPA.
A noter que ces 14 nouveaux cas du variant indien n’ont pas été notifiés par l’IPA, comme cela a été fait pour les précédents cas de variants enregistrés en Algérie, à travers un communiqué publié sur sa page Facebook.
AVEC EL WATAN