Dans un entretien exclusif avec RFI publié mardi 21 janvier, Saïf al-Islam Kadhafi, fils de l’ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi, a réitéré ses accusations concernant le financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Cette prise de parole rare, effectuée par écrit en arabe, a de nouveau braqué les projecteurs sur l’une des affaires les plus controversées de la politique française.
Saïf al-Islam Kadhafi a affirmé que l’ancien président français avait exercé des pressions sur lui à plusieurs reprises par l’intermédiaire d’intermédiaires afin qu’il modifie ses déclarations devant la justice. Il assure avoir refusé catégoriquement ces sollicitations, mais RFI n’a pas pu confirmer indépendamment ces allégations.
Le fils de Mouammar Kadhafi a détaillé plusieurs tentatives de manipulation de son témoignage. La première remonterait à 2021, où Souha al-Bedri, consultante en communication basée à Paris, lui aurait demandé de « nier tout soutien libyen à Sarkozy » en échange d’une aide dans son dossier devant la Cour pénale internationale. Une autre tentative, fin 2022, aurait impliqué Noël Dubus, un intermédiaire lié à l’affaire Karachi, qui se serait rendu à Beyrouth pour exercer des pressions sur son frère Hannibal, détenu au Liban, en échange d’un témoignage favorable à Sarkozy.
Par ailleurs, Saïf al-Islam Kadhafi maintient ses accusations selon lesquelles la Libye aurait financé la campagne de Nicolas Sarkozy. Selon lui, une somme de 5 millions de dollars en liquide aurait été remise à l’équipe de Sarkozy, en deux tranches de 2,5 millions, via des intermédiaires comme Alexandre Djouhri. Il précise avoir supervisé la remise de l’argent à Claude Guéant, l’ancien directeur de cabinet de Sarkozy, et assure que cet argent a été placé sur un compte à Genève.
Les accusations de Kadhafi sont rejetées avec force par la défense de Nicolas Sarkozy. Me Christophe Ingrain, avocat de l’ex-président, les a qualifiées de « fantaisistes » et de « très opportunistes », soulignant qu’aucune preuve documentée n’a été présentée pour étayer ces allégations. De son côté, Sarkozy maintient fermement sa version des faits, rejetant les accusations de financement libyen qu’il qualifie de « grotesques ». L’ex-président s’est récemment montré particulièrement agacé par les questions concernant ses relations avec le régime Kadhafi, les qualifiant de « questions sales » en plein procès.
Le procès de Nicolas Sarkozy, ouvert le 6 janvier et prévu jusqu’au 10 avril, est un moment clé dans cette affaire. L’ex-président est jugé pour corruption, financement illégal de campagne, recel de détournement de fonds publics et association de malfaiteurs. Si les accusations sont confirmées, il risque jusqu’à 10 ans de prison et 375 000 euros d’amende.
Cette nouvelle déclaration de Saïf al-Islam Kadhafi alimente une fois de plus le débat public et juridique autour de l’affaire du financement libyen et des relations troubles entre la Libye et la politique française à l’époque de Sarkozy.