Benyamin Netanyahu, le Premier ministre israélien a suscité l’indignation des pays arabes et musulmans en promettant d’annexer une partie de Cisjordanie occupée, en cas de victoire aux élections législatives qui se tiennent mardi prochain. Une déclaration condamnée également par l’Union européenne qui estime que ce plan compromet les perspectives d’une paix durable. Dans la vallée du Jourdain, cette région que Benyamin Netanyahu a promis d’annexer, les réactions sont fatalistes devant cette promesse électorale de taille.
Située à l’Est de la Cisjordanie, la vallée du Jourdain représente environ un tiers de ce territoire occupé. Il s’agit d’une bande de terre fertile, constellée de plantations agricoles. Benyamin Netanyahu s’engage à en annexer une bonne partie avec ses 8 000 Israéliens répartis dans une trentaine de colonies, illégales selon le droit international, sauf Jéricho, qui deviendrait alors une véritable enclave palestinienne. Et l’ONG israélienne La Paix Maintenant n’hésite pas à faire la comparaison avec les bantoustans de l’Afrique du Sud à l’époque de l’Apartheid
La déclaration alarmante de Netanyahu suscite des réactions très mesurées du côté palestinien car il ne s’agit que d’une promesse électorale tout d’abord. Mais surtout, pour les Palestiniens, cette annexion est déjà une réalité sur le terrain. Par exemple, la vallée du Jourdain est occupée depuis plus de 50 ans et près de 90% de la région est placé en zone C, c’est à dire quelle sous la coupe d’Israël qui contrôle les terres, donc les constructions, les axes routiers, les ressources naturelles et les accès à la Mer Morte. Enfin, rien de très surprenant dans le choix de la vallée du Jourdain ; Israël n’a jamais caché son intérêt d’en faire une frontière militarisée, en raison de sa situation stratégique.
« La solution à deux États a déjà été détruite »
C’est tout de même un nouveau coup porté à la création d’un futur État palestinien car cette promesse électorale sonne le glas de la solution à deux États selon les dirigeants palestiniens. Une solution moribonde en raison de l’accélération de la colonisation israélienne, et une solution impossible à sauver selon l’aveu même d’Hanane Ashrawi de l’Organisation de Libération de la Palestine. « Je pense que c’est déjà trop tard. La solution à deux États a déjà été détruite, et c’est le moment de reconsidérer la situation politique dans son ensemble et sur le terrain ».
Au sommet de l’Autorité palestinienne, qui dans les faits n’a pas vraiment d’autorité rien ne change: son président Mahmoud Abbas promet qu’en cas d’annexion, il annulera tous les accords passés avec Israël, sans préciser lesquels. Une menace déjà brandie en juillet dernier après la destruction d’habitations palestiniennes au sud de Jérusalem et qui n’a toujours pas été appliquée.
► Reportage : Une annexion qui est déjà une réalité
Au sud de la vallée du Jourdain, Hamza Zbeidat de l’ONG Maan qui s’occupe de communautés palestiniennes défavorisées se tient près de la source d’El Auja.
« Le débit de l’eau n’est pas aussi puissant qu’avant, car les Israéliens ont construit 3 ou 4 puits et pompent l’eau pour les colonies et les avant-postes de la région », explique-t-il.
L’eau, mais aussi les terres et les axes routiers. Une grande partie de la vallée du Jourdain est sous contrôle israélien depuis 1967 et pour Hamza l’annexion promise par Benyamin Netanyahu en cas de victoire aux élections est déjà une réalité sur le terrain.
« Oui, c’est le cas, parce que l’Autorité palestinienne n’est pas autorisée à offrir des services dans la plus grande partie de la vallée du Jourdain, 90% des terres sont placées en zone C, c’est-à-dire sous le contrôle d’Israël et des colons, c’est pour ça que c’est déjà annexé, mais il s’agit d’une annexion officieuse », ajoute-t-il.
Et cette annexion sera bientôt officielle pour David Elhyani, qui est à tête du conseil local des 8 000 Israéliens répartis dans une trentaine de colonies agricoles de la vallée. Il y croit dur comme fer.
« Après 52 ans, il est enfin temps de placer la vallée du Jourdain pour donner un avenir à la population juive ici, mais aussi la possibilité de rêver », estime-t-il.
Un rêve toutefois conditionné à la réélection de Benyamin Netanyahu et à la mise en application de cette promesse électorale.