1- Y a t- il violence ou germes de violence?
Fait indéniable, la violence est là. Ce ne sont pas des germes de violence. C’est une grande forêt d’actes et propos violents perpétrés contre l’opposition qui a poussé sous le régime de Macky Sall. De la traque sectaire des biens mal acquis aux nervis ayant régné, au Fouta, par la terreur, tels des barbares et sous le regard approbateur du Président de la République.
Le chapelet d’actes de violence égrené par le Président Ousmane Sonko (PROS) lors son point de presse de ce mercredi 24 novembre 2021, oblige à ouvrir, enfin, les yeux sur la persécution dont lui et Pastef, mais par delà tous les opposants, activistes et leaders des mouvements font l’objet depuis bientôt une décennie.
2- La démarche du CUDIS
J’ai eu l’insigne honneur de rencontrer des membres du Cadre Unitaire De l’Islam au Sénégal (CUDIS) lors des douloureux événements de février et mars 2021. J’ai gardé un contact fertile en conseils avisés de la part de certains d’entre eux. Ce sont des intellectuels avisés avec un esprit prospectif remarquable. Ils sont, à mes yeux respectables et respectueux.
Ils ont, à un moment, peut-être même à DES moments critiques, de l’histoire de notre pays, pris une initiative noble et salutaire pour un retour de la paix voulue dans le pays. Sous ce rapport, leur noble intention est à saluer.
Toutefois, force est de constater que, pour aller en croisade contre la violence dont la source principale est bien localisée, le CUDIS n’a pas besoin d’une charte mais d’assumer de pointer des responsabilités à haute et intelligible voix, toutes les fois que l’analyse factuelle des événements lui permet de fonder une neutre et intime conviction.
3- Y a-t-il un vide juridique que viendrait combler une charte de non-violence?
Il faut déjà souligner qu’aucune charte ne saurait contrevenir ni revêtir une portée supérieure aux dispositions constitutionnelles et légales en vigueur dans notre pays.
Le président de la République, en prêtant serment, a juré de respecter et de faire respecter la Constitution de notre pays.
Que des associations privées, d’obédience religieuse, artistique ou païenne aient à prendre l’initiative de chartes, déclarations, pactes ou consensus de toutes sortes pour préserver la paix ou travailler à son retour est déjà constitutif d’un échec patent dans la préservation de ce qui a constitué jusque-là notre meilleure ressource: la stabilité politique.
La Constitution du Sénégal, dispose, en son article 7, que « que la personne humaine est sacrée. Elle est inviolable. L’Etat a l’obligation de la respecter et de la protéger ».
Nonobstant cette disposition, le Président Macky Sall, lui-même, s’est présenté au Fouta à tête d’une hordre de nervis qui ont brutalisé des citoyens qui ne tenaient que des foulards rouges pour manifester pacifiquement leur colère légitime.
Durant les événements de mars, un agent des force de l’ordre, bien identifié a été filmé verrouillant tranquillement sa cible, un jeune sénégalais qui ne menaçait aucunement sa vie, avant de le tuer froidement d’une balle et de battre en retraite. Aucune enquête n’a été ouverte jusque-là, malgré l’engagement du gouvernement.
Le même article 7, en son article 4 pose le principe de de tous devant la loi. Bougazelli est libre comme l’air et Kilifeu croupit en prison.
L’article 8 de notre constitution énonce que « La République du Sénégal garantit à tous les citoyens, les libertés individuelles fondamentales, les droits économiques et sociaux ainsi que les droits collectifs. Ces droits et libertés sont notamment :
– Les libertés civiles et politiques : liberté d’opinion, liberté d’expression, liberté de la presse, liberté d’association, liberté de réunion, liberté de déplacement, liberté de manifestation. ».
Malgré tout ça et malgré le fait que le Président Macky Sall ait juré de respecter et de faire respecter ces dispositions:
– les signaux de Walf et de la SenTV ont été coupés;
– Guy Marius et Karim Xrum Xax sont régulièrement arrêtés pour de simples dépôts de déclaration de marche ;
– PROS et Barth ont été empêchés de déférer à la convocation du juge par les forces de l’ordre agissant sur commandement de leur hiérarchie ;
– beaucoup de marches pacifiques sont régulièrement interdites au motif d’un déficit d’effectifs permettant de les encadrer, alors que le dispositif policier toujours impressionnant quand il faut les réprimer.
– PROS a été mis en filature et traqué dans tous ses déplacements ;
– etc.
4- Une charte de non-violence, de portée inférieure à la Constitution apporte t-elle une plus-value légale ?
Il est clair qu’une charte pour demander à faire cesser ou à prévenir la violence dans le champ politique, n’est pas nécessaire ni indispensable pour permettre au CUDIS de jouer le rôle qu’il entend jouer.
Il faut juste situer courageusement la responsabilité des acteurs de quelque bord qu’ils se trouvent. Opposition comme pouvoir.
La violence est d’abord et avant tout constitutive d’une violation de la loi avant d’être celle d’une charte privée. Et si tant est qu’on puisse opposer à l’opposition ses engagements, la déclaration de Bignona y suffit largement, au moins pour les membres du M2D, ainsi que les statuts des différents partis qui se réfèrent tous à la Constitution.
A mon sens, le CUDIS gagnerait à ne pas souvent rater l’occasion récurrente de se prononcer et de prendre position pour rappeler à l’ordre tous les acteurs, Président de la République comme leaders de l’opposition, activistes ou mouvements citoyens. En toute équidistance.
Que Dieu sauve le Sénégal et le libère d’un Président qui se dote d’une milice aux côtés des forces de l’ordre. Amen.