Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (Fmi) a conclu la première revue des accords au titre du Mécanisme élargi de crédit (Mec), de la Facilité élargie de crédit (Fec) et de la Facilité de résilience et de validité (Frd) pour le Sénégal en sa séance du 13 décembre dernier, permettant ainsi au Sénégal d’accéder à 210,36 millions de droits de tirages spéciaux (Dts), soit 166 milliards. Seulement, ce décaissement va être utilisé pour payer le service de la dette au compte de l’année 2023.
L’économie sénégalaise continue de faire face à des vents contraires quand bien même elle se remet lourdement de la crise sanitaire mondiale inégalable (Covid-19). N’empêche, le pays est encore confronté à de multiples chocs tels que l’arrêt de l’accord d’exportation de céréales entre la Russie et l’Ukraine ; l’implosion récente de restrictions sur les exportations de riz par l’Inde ; l’appréciation du dollar américain ; des resserrements des conditions financières régionales et mondiales et l’instabilité dans certains pays voisins entre autres. En fin octobre 2023, une mission du Fonds monétaire international (Fmi) dans le cadre de la première revue du nouveau programme économique et financier soutenu par le Mécanisme élargi de crédit (Mec), la Facilité élargie de crédit (Fec) et la Facilité de résilience et de durabilité (Frd) avait fait le point des finances publiques du Sénégal. Et il en ressortait des 12 jours d’entrevues (du 12 au 24 octobre 2023) avec les autorités sénégalaises qu’à la fin 2023, la dette du Sénégal ressortirait à 72,2%, incluant le sur-financement des quatre (4) premiers mois de l’année 2024. En excluant ce financement ponctuel, la dette du Sénégal reste en deçà des 70% de la norme communautaire, puisque celle-ci (dette) «ressortirait à 69,2%», avait soutenu le ministre des Finances et du budget, Mamadou Moustapha Ba.
Ce sur-financement dont le montant lié au service de la dette au compte des 4 premiers mois de l’année 2024 se chiffrait à 604,8 milliards fera dire au chef de mission du Fmi, Edward R. Gemayel qu’il n’est pas synonyme de surendettement mais simplement c’est pour prendre de l’avance sur les éventuelles tensions au plan mondial, notamment le conflit Russo-Ukrainien, celui du Moyen-Orient (Israël-Palestine) qui a fait monter le prix du baril de pétrole à la date du lundi 23 octobre courant, et la présidentielle de février 2024.
De toute évidence, l’approbation par le Conseil d’administration (Ca) du Fmi d’un décaissement d’une valeur de 279,31 millions de dollars, soit environ 166 milliards FCFA ne servira qu’à réduire les charges du service de la dette au compte de l’année finissante.
En termes clairs, ces 166 milliards de Dts vont être utilisés pour éviter que le Sénégal soit en défaut de paiement du service de sa dette durant les 4 premiers mois de l’année 2024. D’ailleurs, ce que laissait entendre M. Gamayel qui affirmait que le Fmi a pensé judicieux d’emprunter ce montant de 604,8 milliards pour se prémunir d’un éventuel durcissement des marchés.
Le ministre des Finances et du budget, le confortant disait que : «L’accès aux marchés en début de gestion est souvent difficile, compte tenu des impératifs électoraux et autres».
Le Directeur général adjoint et Directeur par intérim, Kenji Okamura saluant l’approbation des Dts par le CA relèvera: « Malgré les multiples chocs auxquels il a été confronté, le Sénégal a obtenu des résultats satisfaisants dans le cadre des accords FEC/MEC et FRD ». Toutefois, la matérialisation de certains risques initialement identifiés au cours de la demande de programme a entraîné une « révision à la baisse de la croissance économique et à la hausse de l’inflation à court terme », admet-il. Et de soutenir que la maîtrise de la vulnérabilité croissante de la dette et l’établissement d’une trajectoire descendante pour la dette publique dépendent de la mise en œuvre réussie d’une stratégie d’assainissement budgétaire visant un déficit budgétaire de 3 % du Produit intérieur brut (Pib) d’ici à 2025. Sous ce rapport, il est essentiel d’accélérer la stratégie de recettes à moyen terme pour renforcer la mobilisation des recettes, notamment par la réduction des dépenses fiscales et l’élargissement de l’assiette fiscale.
Avec Sud Quotidien