Les départs de pirogue du Sénégal vers les Canaries sont désormais quotidiens. Plus de 70 embarcations ont accosté depuis le début de l’été. La route des Canaries existe depuis les années 90 et à nouveau très populaire depuis 2019. Mais peu d’Africains qui la prennent connaissent la réalité une fois sur place. Les associations africaines basées sur ces îles espagnoles tirent la sonnette d’alarme.
Une fois débarqués aux Canaries, les candidats à la migration subissent une enquête de police pour savoir de quel pays ils viennent. Certains sont refoulés. Les mineurs, sous protection internationale, sont placés dans des centres spéciaux. Mame Cheikh Mbaye est à la tête de la Fédération des associations africaines des Canaries. Il y vit depuis 15 ans. « Pour les adultes, la façon la plus rapide d’avoir l’asile, c’est la protection internationale. Mais la protection internationale, il te faut des bases solides pour la demander, parce qu’il y en a qui disent qu’ils sont en danger alors qu’il n’y a pas de fondement. »
L’asile devient donc le sésame pour rester en Europe. Mais pour beaucoup de ces migrants africains, la vie est difficile sur les îles des Canaries : faute de documents, ils ne peuvent pas travailler et beaucoup n’ont pas d’hébergement. « Il y a beaucoup, beaucoup de jeunes dans la rue. Ils n’ont même pas où dormir. Ils vivent dans des conditions tellement difficiles, tellement dures. Ils peuvent rester là-bas des années sans document, et sans document, tu ne peux pas travailler légalement. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que pour sortir, c’est plus difficile encore puisque tu n’as pas les documents pour prendre un avion », témoigne encore Cheikh Mbaye.
Ces trois derniers mois, plus de 3000 personnes sont arrivées depuis les côtes africaines aux Canaries.