Le procureur a requis hier 2 ans dont 6 mois ferme contre Mouhamed Samb alias Ameth Thiou et Amady Badiane, les deux danseurs de Wally Seck, qui étaient jugés pour outrage public à la pudeur et acte impudique. Voici ce disent les procès-verbaux de la brigade des mœurs.
Le 23 juin 2021, le procureur a demandé au chef de la brigade des mœurs d’ouvrir une enquête relativement à des faits susceptibles d’être qualifiés d’outrage public à la pudeur et d’acte impudique commis par deux individus de sexe masculin qui se sont embrassés de bouche-à-bouche devant le public du Grand Théâtre « Doudou Ndiaye Coumba Rose », le 12 juin 2021, lors du concert organisé par le chanteur Wally Seck et dont la vidéo est largement relayée par les réseaux sociaux.
Après extraction de la vidéo incriminée, un transport a été effectué aux domiciles des nommés Mouhamed Samb alias « Ameth Thiou » et Amary Badiane pour les inviter à se présenter à la brigade des mœurs en vue de leurs auditions sur les faits incriminés.
Sur place, notification de leur droit à un conseil et de leur placement en position de garde à vue leur a été faite.
Ahmeth Thiou a été entendu sur procès-verbal régulier en présence de son avocat maître Tafsir Abdoul Sy. Il a déclaré qu’il est artiste, danseur et chanteur pour le compte de Wally Seck. Il a fait savoir qu’il a débuté sa carrière de danseur avec le groupe « Thiou » en compagnie d’Amady Badiane et de Pape Ndiaye Thiou dans l’orchestre de Fallou Dieng et plus tard avec Youssou Ndour, Titi, Kiné Lam, Fatou Guéweul, Aliou Mbaye Nder entre autres. En 2003, de retour d’une tournée avec Youssou Ndour, Pape Ndiaye a quitté le groupe pour rejoindre le Super étoile tandis qu’Amady Badiane et lui ont été recrutés par feu Thione Seck avant qu’ils retournent chez Wally Seck sur demande de son père. D’autre part, il a précisé avoir commencé le métier de danseur depuis les années 90 en participant à des évènements socioculturels communément appelés « Simb».
En ce qui concerne son compagnonnage avec Wally Seck, il a informé que ce dernier n’avait pas d’orchestre mais c’est à la suite du retrait de son père dans la scène musicale qu’il a hérité du « Ram Dan » avant de préciser qu’il n’a pas signé de contrat avec Wally mais il est rémunéré à chaque prestation.
Amady Badiane convoque… Siriki et Souké.
Relativement à la soirée du 12 juin 2021 au Grand Théâtre objet de sa convocation, il a confirmé avoir pris part à cette manifestation en compagnie de son collègue danseur Amady Badiane avant de préciser qu’ils ne se sont pas embrassés mais qu’il s’agissait plutôt d’une comédie musicale en imitation au duo burkinabé Siriki/Souké réalisée avec plusieurs artistes comme Youssou Ndour (Bercy 2008), Oumar Pène, Thione Seck et même devant le Président Wade au Palais de la République à l’occasion d’une cérémonie d’arbre de noël.
Mais, force est de constater que ceci est une pure contre vérité. En effet, l’embrassade entre deux personnes de même sexe n’a jamais été vu au Palais de la République encore moins devant le Président de la République. En outre, le mis en cause a renseigné que son geste qualifié d’impudique et contraire aux bonnes meurs n’avait rien de grave et c’était juste pour mettre un peu d’ambiance pour les spectateurs avant d’avouer qu’ils l’ont réalisé à plusieurs reprises sur des scènes de spectacles. Face à l’indignation totale, il a soutenu n’avoir jamais pensé que son acte allait déboucher sur autant de calomnie et de ragouts de la part d’individus se réclamant activistes qui se sont permis d’aller même jusqu’à leur traiter d’homosexuels ou d’avoir signé des pactes avec la communauté Lgbt (lesbiennes, Gays, Bisexuelles et transgenres).
Sur l’acte d’embrassade qualifié d’outrage à la pudeur et d’acte impudique par le code pénal en ses articles 318 et 319, il a avoué qu’il est conscient de la gravité des faits avant de les qualifier d’une comédie musicale.
A sa suite, son compère Amady Badiane a été entendu sur procès-verbal régulier après notification de son droit à un conseil en présence également de son conseil maître Tafsir Abdoul Sy. Dans son propos, il a déclaré qu’avec son ami Mohamed Samb alias « Ameth Thiou », ils ont intégré l’orchestre dénommé « Ram Daan » en 2003 à l’époque sous la direction de feu Thione Ballago Seck. Il a précisé que la danse demeure l’unique activité professionnelle qui le lie à Waly Seck, même s’il admet qu’ils entretiennent de très bons rapports amicaux. Relativement à leurs différentes prestations, il a souligné qu’elles ne font pas l’objet de répétition et que c’est une fois sur scène qu’il improvise une chorégraphie avec Ameth Thiou.
Admettant avoir été celui qui est identifié sur la vidéo incriminée, il a déclaré qu’il a été surpris par la tournure que cet acte qu’il qualifie d’anodin. En effet, selon lui, ce geste décrié par bon nombre de Sénégalais a été fait de manière spontanée sur scène. Poursuivant, il a ajouté que cette embrassade a été fait dans plusieurs concerts organisés par le « Ram Daan » et même une fois au Bercy 2008 organisé par le chanteur Youssou Ndour. Il a soutenu par ailleurs que lorsque leur leader Wally Seck a eu vent de l’existence de cette vidéo, il s’en est offusqué et les a même demandés de s’excuser en public. Compte tenu de son rôle central dans cette soirée qui a provoqué l’ire des populations, le leader de l’orchestre a été convoqué.
Wally dément ses danseurs qui prétendent avoir joué la même scène au Palais devant Wade.
Entendu sur procès-verbal en qualité de témoin en présence de son avocat maître Ndèye Fatou Mbaye, le sieur Wally Ibrahima Wade Seck dit Wally Seck a nié toute implication sur les faits objets de l’enquête, reprochés à ses danseurs. Il a soutenu que lorsqu’il intégrait le groupe « Ram Daan », l’orchestre de son défunt père, il avait trouvé sur place les danseurs Mouhamed Samb et Amady Badiane. Quand il a pris les rênes du groupe en 2016, il a maintenu tous ses membres.
Evoquant les faits, objets de l’enquête, Wally Seck dira qu’il n’était pas au courant puisqu’au moment des faits, il avait quitté la scène pour se changer et qu’il n’a eu vent de cette situation que le surlendemain lorsque la presse en ligne avait relayé largement les faits. Ainsi, il est allé à l’encontre de ses danseurs en soutenant qu’il ne saurait accepter un tel comportement surtout dans un contexte où beaucoup de gens malintentionnés lui prêtent des intentions de promouvoir la communauté Lgbt. Relativement aux déclarations de ses danseurs qui soutiennent qu’il était au courant et que l’acte en question n’était guère une embrassade mais plutôt une comédie musicale reprenant le duo Siriki/Souké qu’ils avaient eu l’occasion d’interpréter à plusieurs reprises sur les scènes de grands artistes et même au palais de la République devant Maître Abdoulaye Wade, le sieur Seck a pris le contrepied de ses danseurs en soutenant qu’il n’était guère au courant et même si ses danseurs ont eu à l’interpréter pour le compte d’autres grands artistes, lui ne l’admettait pas étant entendu que cet acte heurte la morale et les bonnes mœurs. Il a terminé sa déclaration en soutenant qu’il se désolait de cette situation qui lui causait particulièrement un réel tort dans la mesure où, dans la presse, il entend toutes sortes de quolibets faisant croire qu’il cautionnerait ces genres de comportement.
Avec Libération online