Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre valait hier 43,47 dollars alors qu’il avait du mal durant la semaine écoulée à atteindre la barre de 40 dollars. Le White Texas Intermediate affichait une percée jusqu’à 41,1 dollars hier, alors qu’il titubait aux environs de 37 dollars durant la semaine. Les deux cours ont gagné 10% cette semaine pour retrouver des niveaux comparables au début du mois de septembre. Nul doute, la réunion de l’OPEP+ a rassuré quelque peu un marché pétrolier plongé dans l’incertitude après les annonces de baisse de la demande et de persistance de la pandémie du nouveau coronavirus.
Cette confiance retrouvée intervient après la mise au point assénée par le ministre saoudien de l’Energie Abdel Aziz ben Salmane aux mauvais élèves du cartel qui ont choisi de torpiller l’accord de réduction de la production qu’ils ont pourtant paraphé. Emirats arabes unis, Irak et Nigeria sont les trois principaux accusés qui ont préféré faire des gains sur le dos de l’accord. L’intervention du ministre saoudien lors de la réunion par visioconférence a été des plus fermes pour montrer sa détermination à soutenir l’accord de réduction qui reste la seule arme capable de soutenir les prix en ces temps de crise et de reprise incertaine de l’économie.
Ben Salmane a fustigé et même sévèrement averti les membres qui ont triché sur leurs quotas et qui tentent de s’en tirer en pompant plus de brut, à l’image des EAU qui, selon des données de l’AIE livrées en début de semaine, n’ont carrément pas du tout respecté leur quota le mois dernier, et l’Irak continuait même en septembre à exporter plus que la quantité convenue par l’accord.
«La surproduction cumulée à atteint 2,38 millions de barils par jour de mai à août», rapporte Stephen Brennock de PVM. Condamnant énergiquement ces agissements qui «entachent la réputation et la crédibilité» de l’OPEP et ses alliés, le ministre saoudien a insisté ainsi que d’autres membres de l’organisation, dont la Russie et l’Algérie, sur la nécessité d’une conformité à 100% des membres de l’OPEP+.
Il a également averti les vendeurs à découvert de ne pas contester sa détermination et laisse entendre qu’il pourrait y avoir un changement dans la politique de production avant la prochaine réunion ministérielle du groupe en décembre. Ben Salmane a recommandé à ses pairs de l’OPEP+ de «se tenir disposés à prendre d’autres mesures nécessaires en cas de besoin au-delà des 7,7 millions de barils/jour de coupe suite aux incertitudes liées à la pandémie mondiale de la Covid-19». «L’avertissement sévère de l’Arabie Saoudite a renforcé la confiance des investisseurs après que la baisse inattendue des stocks américains ait conduit à une hausse des prix cette semaine…
Mais cela peut être temporaire car nous avons besoin d’un signal fort et cohérent indiquant qu’une véritable reprise de la demande est en train de se produire», déclare à Bloomberg, Will Sungchil Yun, analyste principal chez VI Investment. Selon Goldman Sachs Group, les stocks mondiaux de pétrole devraient diminuer ce mois-ci et le marché devrait connaître un déficit de 3 millions de barils par jour au quatrième trimestre de l’année. Mais la demande mondiale ne devrait se redresser qu’à partir du deuxième trimestre de l’année prochaine, estime le ministre de l’Energie russe, Alexandre Novak.
Ce dernier a appelé les pays membres de l’accord Opep+ à «respecter le taux de conformité maximal afin de parvenir au rééquilibrage du marché et de s’assurer que la reprise des cours se poursuit». Un taux qui, pour rappel, a été évalué à 102% par le comité. Pour sa part, le ministre saoudien a tenu à préciser aux pays tricheurs que «la conformité pleine et entière n’est pas un acte de charité, elle fait partie intégrante de notre effort collectif».
Le ministre de l’Energie algérien, Abdelmadjid Attar, a, de son côté, adopté un ton plus rassurant en affirmant que «les perspectives d’évolution des prochains mois laissent entrevoir la possibilité d’un retour prompt à l’équilibre et la stabilité du marché pétrolier». Attar affirme que malgré la résurgence de la pandémie, ses effets seront moindres par rapport au printemps dernier, comptant ainsi sur une reprise de l’activité économique.
Selon le secrétariat de l’OPEP, le PIB mondial devrait se contracter de 4,1% en 2020 et la demande pétrolière mondiale baisser de 9,6 millions de brails par jour, tandis que l’offre de pétrole des pays non-OPEP baisserait de 2,68 mbj. L’amélioration poindra en 2021 en raison d’une amélioration de la situation sanitaire mondiale avec une croissance du PIB mondial devant rebondir à +4,7%, alors que la demande mondiale augmentera de 6,62 mbj.
Rappelons que les pays de l’OPEP+ avaient décidé en avril dernier de réduire leur production conjointe de 9,7 mbj pour les mois de mai et juin, puis de 7,7 mbj depuis juillet et août. Sauf autre décision en décembre prochain, l’accord prévoit des coupes de 5,8 mbj de janvier 2021 à avril 2022.
Avec El Watan