Le chancelier conservateur Sebastian Kurz a appelé à de nouvelles élections législatives, un an et demi après celles qui ont porté au pouvoir les conservateurs et l’extrême droite. « J’ai proposé au président de la République que de nouvelles élections soient organisées, et cela le plus tôt possible », a-t-il déclaré lors d’une allocution devant la presse, quelques heures après la démission du vice-chancelier Heinz-Christian Strache, chef du FPÖ.
MM. Strache et Kurz avaient formé en décembre 2017 un gouvernement de coalition, pour un mandat de cinq ans, comprenant six ministres d’extrême droite à des postes stratégiques, dont ceux de l’Intérieur et des Affaires étrangères. Mais une vidéo tournée en caméra cachée il y a deux ans et publiée vendredi soir par les médias allemands Süddeutsche Zeitung et Der Spiegel a fait imploser cette alliance. On y voit Heinz-Christian Strache promettre à une prétendue nièce d’oligarque russe l’attribution de marchés publics en échange de son soutien, notamment financier, au FPÖ.
« Assez est assez », a déclaré Sebastian Kurz à propos de ce scandale et de l’attitude de son partenaire d’extrême droite qui « porte atteinte à la politique du changement (…) et à l’image » de l’Autriche. Le chancelier a estimé qu’il existait des présomptions « lourdes » « d’abus de pouvoir » contre Heinz-Christian Strache au regard des révélations de presse.
Les Autrichiens devraient donc bientôt retourner aux urnes. L’annonce devrait satisfaire l’opposition qui réclamaient de nouvelles élections législatives. Des milliers d’Autrichiens ont d’ailleurs manifesté devant la chancellerie ce samedi après-midi, rapporte notre correspondante à Vienne, Isaure Hiace.
Les cartes sont désormais redistribuées. Mais le FPÖ sort déjà très affaibli de ce scandale, à seulement une semaine des élections européennes. Hein-Christian Strache s’est d’ailleurs défendu en dénonçant une attaque préméditée qui avait pour but, selon lui, de faire exploser le gouvernement juste avant le scrutin européen.