La tension politique au Sénégal et le supposé don de 12 millions à la députée Marine Le Pen, patron du Rassemblement national, intriguent deux députés français. Dans une lettre datée du 17 mars, Jean Paul Lecoq, député de Seine Marine et vice-président de la commission des affaires étrangères et André Chassaigne, député de Puy-de-Dôme, président du groupe de gauche démocratique et républicaine ont écrit au ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères pour dire que « Paris doit impérativement vérifier que le Président Macky Sall ne s’ingère pas dans la politique française en finançant un parti politique français ». Les parlementaires français trouvent aussi que « la France doit intégrer dans le dialogue qu’elle a avec le Président Macky Sall son souhait de voir le Sénégal remplir ses obligations du point de vue du droit international au titre, notamment de son adhésion aux Nations-Unies, mais également du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par le Sénégal en 1978 et de tous les engagements internationaux et nationaux afférents ».

Dans un contexte où les actions de la France sont scrutées de très
près en Afrique francophone, il apparait fondamental selon eux que « la France soit attentive au respect de l’opposition et œuvre, dans un cadre multilatéral incluant les instances africaines, à garantir des élections crédibles, c’est-à-dire sans la présence de l’actuel président Macky Sall ».  Les parlementaires rappellent à la France sa supposée ingérence déplorée par plus d’un. « Que nous le voulions ou non, force est de constater que dans cette zone d’influence, beaucoup voient la main de la France dans le soutien aux dirigeants politiques en place », disent-ils. Les députés d’ajouter ainsi que « pour beaucoup d’opposants, si Macky Sall se représente de « manière illégale », c’est qu’il aura eu l’accord de Paris ». Les parlementaires reviennent dans leur lettre sur l’argument selon lequel  beaucoup d’observateurs attentifs constatent que les règles semblent s’appliquer différemment dépendant que le pouvoir en place soit proche ou non de Paris ». Les députés français ont tenu à rappeler à ce niveau que le troisième mandat « inconstitutionnel » du président ivoirien Alassane Ouattara n’a pas été́ aussi sévèrement critiqué par Paris que le troisième mandat du président guinéen Alpha Condé, qui a pris fin avec un coup d’État en septembre 2021 organisé par un ancien légionnaire français, ce qui, pour certains, pose question. L’autre exemple qui trouble nombre d’observateurs du «deux poids deux mesures » de la diplomatie française en Afrique francophone. Les parlementaires ajoutent aussi que les complexes relations qu’entretient la France avec les Etats francophones d’Afrique doivent évoluer. Selon les parlementaires enfin, la France grandirait donc à venir en soutien à toutes les initiatives utiles et positives au bon déroulement du scrutin présidentiel à venir au Sénégal, « démontrant ainsi un tournant dans cette politique trouble de la France en Afrique ».