De Labé en Guinée à Abidjan en Côte d’Ivoire, la patiente atteinte de maladie à virus Ebola a parcouru 1 500 km à bord de plusieurs véhicules de transport collectif. Les détails du trajet diffèrent cependant encore selon les sources.
8 août : départ de Labé
La jeune femme quitte la localité de Labé, dans le Nord de la Guinée (Moyenne Guinée), le 8 août à 19h, à bord d’un minibus transportant 25 passagers, rapporte le Dr Mamadou Hady Diallo, directeur préfectoral de la santé de Labé. Le responsable sanitaire a pu interroger le chauffeur – revenu mardi 17 août à Labé pour y effectuer sa quarantaine -, ainsi que le convoyeur, propriétaire du minibus, et le syndicat des transporteurs.
9 août : haltes à Kissidougou, Macenta et Nzérékoré
Selon le Dr Diallo, les passagers passent la nuit à bord du minibus. Ils font un arrêt repas à Kissidougou le 9 août, puis une pause à Macenta, avant d’arriver à Nzérékoré dans le Sud-Est du pays vers 22h.
Le témoignage de la patiente guinéenne diverge sur le premier de ces points. Elle a confié au porte-parole du comité de veille, le professeur Eholie – qui la soigne à l’hôpital d’Abidjan – qu’elle a dormi dans une mosquée à Marela dans la nuit du 8 au 9 août, pour en repartir à 6h à bord du minibus.
Toujours selon le professeur Eholie, la voyageuse guinéenne ressent les premiers symptômes – vomissements et douleurs diffuses – à son arrivée à Nzérékoré. Le scientifique ajoute que, pour cette raison, elle ne se rappelle pas à quelle heure elle est repartie de cette ville de Guinée forestière qui jouxte la frontière ivoirienne.
10 août : changement de véhicule à Waninou et trajet vers Abidjan
Le chauffeur achète alors du paracétamol pour lui en donner, précisent les autorités sanitaires de Labé, puis les mêmes 25 passagers repartent de Nzérékoré le 10 août à 1h du matin. Le trajet reprend, toujours selon les autorités guinéennes, à bord d’un autre minibus, appartenant au même convoyeur mais conduit par un nouveau chauffeur, pour traverser la frontière. Ce changement de véhicule n’est pas confirmé par d’autres sources. Direction Waninou en Côte d’Ivoire.
À Waninou, les passagers de Guinée sont pris en charge par un nouveau véhicule, un autocar, précise le professeur Eholie. Le car ivoirien transporte désormais 70 personnes, et réalise au moins une étape à Man, où les symptômes de la jeune femme s’aggravent : vomissements, fièvre et céphalées. 37 passagers descendent en cours de route entre Waninou et Abidjan et se dispersent ensuite dans tout le pays.
12 août : arrivée à Abidjan et hospitalisation de la patiente
Les 33 autres passagers, dont la Guinéenne, poursuivent jusqu’au terminus, la gare routière d’Adjamé à Abidjan.
C’est là que le mari de la voyageuse guinéenne vient la chercher. Il appelle le transporteur guinéen lorsqu’elle est diagnostiquée malade du virus Ebola. Le chauffeur du premier minibus rentre à vide pour faire sa quarantaine au point de départ, à Labé, selon les autorités sanitaires de cette préfecture.
Quant au chauffeur du deuxième minibus, parti de Nzérékoré, il a lui aussi rejoint Labé pour être mis en quarantaine, selon les mêmes sources.
Recherche des cas contacts compliquée
Le comité de veille de l’hôpital d’Abidjan entame de son côté la recherche des 70 passagers pour les isoler et les faire vacciner. Ils étaient identifiés par leur nom et leur téléphone auprès du transporteur mais la moitié d’entre eux s’étant dispersée sur tout le territoire ivoirien, il est plus difficile de retrouver leur trace.
En comptant les personnels soignants, 2000 vaccinations sont prévues en Côte d’Ivoire et la Guinée lui a envoyé des doses.
Manque de nourriture et de soignants à Labé
En Guinée, 58 cas contacts ont été identifiés, dont les membres de la famille de la voyageuse. À Labé ils sont maintenus en quarantaine à domicile. Cette stratégie de confinement avait déjà été adoptée lors de la précédente épidémie guinéenne d’Ebola, explique le directeur préfectoral de la Santé, Mamadou Hady Diallo. Pour leur fournir de la nourriture, les autorités locales, les commerçants et les ONG se mobilisent, précise le Dr Diallo, en attendant que le Programme alimentaire mondial (PAM), alerté, soit prêt à intervenir.
La préfecture de Labé a demandé un renfort en personnel médical pour assurer le suivi de ces cas contacts, poursuit-il, car les centres de santé sont déjà très occupés par les cas de Covid-19.
En Côte d’ivoire, les autorités ont annoncé la mis en place d’un numéro vert, le 143
AvecRFI