Le Liban a connu, ce samedi 14 décembre, la pire journée de violence entre des manifestants et les forces de l’ordre, et ce, depuis le début du mouvement de contestation populaire, le 17 octobre dernier, dirigé contre les dirigeants et la classe politique. Un bilan provisoire, fourni par la défense civile et la Croix-Rouge, fait état d’une centaine de personnes soignées ou hospitalisées. Les forces de sécurité affirment que vingt agents ont été blessés.
Ce 15 décembre au matin, la tension reste palpable dans le centre de Beyrouth, qui ressemble à un champ de bataille. Les rues sont jonchées de pierres, de centaines de douilles de bombes lacrymogènes, de panneaux de signalisation routière arrachés. Certaines bennes à ordures incendiées par les manifestants sont encore fumantes.
Pluie de bombes lacrymogènes
Les affrontements entre les manifestants dénonçant les dirigeants politiques, notamment le président du Parlement, Nabih Berry, et le Premier ministre sortant Saad Hariri, ont été extrêmement violents, samedi 14 décembre. La police anti-émeute a chargé, en début de soirée, des protestataires qui tentaient de forcer une avenue bloquée, menant au Parlement. Sous une pluie de bombes lacrymogènes et de coups de matraques, les manifestants ont été repoussés d’un kilomètre, avant d’être autorisés par l’armée libanaise à revenir vers le centre-ville pour protester pacifiquement.
En fin de soirée, des incidents ont de nouveau éclaté. Mêmes scènes : jets de pierres, gaz lacrymogène, canon à eau… Les affrontements ont duré jusqu’à l’aube. Les manifestants, qui venaient de différentes régions libanaises, ont été dispersés, certains ont été arrêtés. Mais ils se sont regroupés après le repli des forces de l’ordre. Plus tôt dans l’après-midi, d’autres jeunes, hostiles à la contestation, venus d’un quartier central de Beyrouth considéré comme un bastion du Hezbollah et de Nabih Berry, ont tenté d’investir des tentes de manifestants aux abords du centre-ville. Ils ont été aussi repoussés par la police.
Ces affrontements interviennent à la veille de consultations parlementaires qui ont pour but de désigner un nouveau Premier ministre. Ce poste est effectivement vacant depuis la démission de Saad Hariri, le 29 octobre. Or, Saad Hariri est, à ce stade, l’unique candidat pour se succéder à lui-même.
Une personnalité « indépendante »
Mais les manifestants ne souhaitent pas son retour. Ils exigent la nomination d’une personnalité « indépendante », qui ne fasse pas partie de la classe politique traditionnelle, qu’ils accusent de corruption. Et si Hariri est choisi, rien ne dit qu’il parviendra à former rapidement un gouvernement. Le principal parti chrétien, le Courant patriotique libre, fondé par le président de la République, Michel Aoun, a d’ores et déjà annoncé qu’il ne participerait à aucun gouvernement dirigé par Hariri.
Avec Rfi